Pasqual Romano

Pasqual Romano

Dans sa famille d’origine napolitaine, la magie était toujours présente et il a ensuite découvert Gérard Majax, Garcimore, Kassagi… des maîtres pour lui. Kassagi pour son art de la manipulation, Garcimore pour son côté comique et désinvolte, Majax pour sa psychologie et ses manipulations. Après s’être essayé dans les repas de famille et chez des amis, il a commencé à faire des spectacles à quinze ans dans le Dunkerquois. Puis le bouche à oreille a fonctionné et tout s’est enchaîné. Il a vite compris que son public favori était les enfants et a alors proposé son spectacle en milieu scolaire et dans les manifestations pour jeunes. « Mais dit-il aussi, les adultes sont de grands enfants et s’amusent aussi beaucoup !

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Pasqual Romano a écrit une quarantaine de livres , essentiellement pour « apprendre la magie, et édités dans plusieurs langues… Curieusement, il n’a jamais eu de mentor mais à la vitrine d’un libraire, il a vu La Prestidigitation publié aux éditions Marabout. Il l’a acheté et ses parents l’ont encouragé à le lire. « Et voilà ,dit-il, le virus, s’est installé et incroyable : quinze ans plus tard, cette maison a pris contact avec moi pour que je publie des livres ! Ensuite Jean-Pierre Hornecker, directeur de Magix, m’a fait confiance et m’a encouragé à écrire. Après ça, j’ai été sollicité par Solar, Hachette, Marabout , Chantecler, etc. pour écrire des livres pour enfants.
J’ai aussi établi le grand catalogue des tours Méphisto pour Dirk Degraeve qui a apporté dynamisme et modernité à la magie. Ferriot Cric m’a demandé de créer de nombreux coffrets. J’ai en aussi fait pour Mattel (800.000 coffrets vendus), Schmidt, Habourdin, J’ai traduit plusieurs coffrets pour Hanky Panky et ai créé plusieurs DVD pour Micro-application, Hachette, Emme. En fait, j’adore inventer, créer, expliquer et partager. Mes livres sont traduits et vendus en Espagne, en République tchèque, Croatie, Bulgarie, Pays-Bas, Belgique, Maroc, Canada, Italie,Allemagne… J’ai même réalisé
La France en question, un jeu qui n’a rien de magique mais avec deux-mille questions-réponses, un incontournable des jeux de société. J’ai aussi créé divers tours pour professionnels comme Prénonimo et Clohimaria mais ils ne sont plus sur le marché.
Et je trouve que c’est très gratifiant de voir un enfant présenter un tour qu’il a appris dans un de mes livres ou coffrets, j’adore voir ses yeux qui brillent de fierté. Mais il faut toujours penser qu’on s’adresse à des profanes : cela doit donc être vite réalisable, ludique et compréhensible par tous les lecteurs…

Ce magicien a écrit d’abord 10 doigts suffisent, puis Espaces Dynamiques en 1982, Tours et gags avec une quêteuse et Dico Jeux en 1984, avec jeux, tours de magie et gags. Cela l’a suivi tout au long sa carrière, notamment avec Jeux improvisés à table. « Jeux, farces, magie, dit-il, c’est la joie, la détente, le rire et le partage, et donner à tous la possibilité de s’exprimer. Chaque livre correspond à une période de ma vie mais je suis très heureux du dernier : Mon grand livre de magie sorti en l’an passé chez Fleurus. Et je sais que j’écrirai encore… Pasqual Romano est aussi producteur de spectacles en France, au Luxembourg, en Suisse, Belgique et Italie. « Mais dit-il, cela me prend beaucoup de temps (voir trop !). J’ai également participé deux fois au festival du rire à Conflans-Sainte-Honorine ( Yvelines)… la magie, c’est aussi faire rire ! Mon plus beau souvenir : présenter des tours au Lancellotti Castel, dans le village où mon père est né. Ce fut très émouvant et impressionnant. Une consécration… » 

Il a conçu Incroyable, un spectacle pour enfants : « Tout est incroyable en magie… tout est mystérieux, épatant ! Ils doivent être émerveillés et heureux en sortant du spectacle. Je les fais participer et ils pensent donc réaliser eux-mêmes les tours de magie et restent ébahis devant leur réussite. Le rythme est comme une partition avec sonatines, allegrettos…Mon public ? Aussi des débutants ou des amateurs qui ne se prennent pas aux sérieux et qui veulent amuser les autres avec des tours simples mais souvent spectaculaires. C’est un complément à ce que j’avais fait avant, je m’amuse beaucoup avec ma femme Catherine mais ce travail exigeant demande beaucoup de temps. »

Pasqual Romano dit avoir été inspiré par Paul Daniels et Pavel qu’il a eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises. « Je suis aussi un fan absolu des Italiens Raul Cremona et Mago Forest. Je peux les voir et les revoir mille fois, je me régale ; ils sont si bons et si rigolos ! Bien entendu, il faut comprendre l’italien! Il y a une nouvelle génération absolument incroyable avec Shin Lim, mais j’ai un respect pour Gaëtan Bloom, Sylvain Mirouf… Mais je ne connais pas personnellement ces magiciens humbles, sympathiques et surtout créatifs ! Mon parrain en magie fut Yogano (Pierre Moré) que j’ai eu la chance de voir travailler sur ses créations, (la chaise à lévitation, le tabouret…) Un vrai génie qui maîtrisait la mécanique comme personne. Je n’habitais pas très loin de chez lui et j’allais régulièrement le voir. Il m’a aidé quand j’étais jeune après un grave accident : il m’a prêté toute ses livres de magie pour apprendre des tours. Merci Pierre ! Hélas, tu nous as quitté il n’y a pas très longtemps. »

«A part cela, je suis passionné d’astronomie: cela me fait rêver. J’adore Jules Verne, Hergé, Geluck ! En musique, je suis un fan absolu des Carpenters et Rita Lee. Côté projets, je veux continuer sur YouTube avec d’autres idées, publier aussi un nouveau livre, mais là, top secret ! On m’a aussi demandé de faire un coffret de magie pour une nouvelle société mais je vais voir. » 

Sébastien Bazou

Interview réalisée à Dijon, le 12 février.

http://www.pasqualromano.fr/ et https://www.youtube.com/@PasqualRomano

 


Archive pour 17 février, 2023

Sqürl, films de Man Ray, musique de Jim Jarmush et Carter Logan

Sqürl, films de Man Ray, musique de Jim Jarmush et Carter Logan

«Nous ne faisons qu’accompagner les films de Man Ray», dit Jim Jarmush, en introduction de ce ciné-concert. Le duo de rock alternatif new-yorkais Sqürl s’est reformé et, pendant une heure trente, Jim Jarmush à la guitare et Carter Logan à la batterie, illustrent, de leur musique vibratoire aux effets électro-acoustiques, les quatre premiers films de l’artiste surréaliste. Un coup de jeune pour ce cinéma d’avant-garde… s’il en était besoin.

En 1922, Man Ray découvre le photogramme qu’il obtient à partir de rayons X.  Il le nomme : rayogramme, en référence à son nom d’artiste (en français : l’homme rayon) : «C’est une photographie obtenue par simple interposition de l’objet entre le papier sensible et la source lumineuse. Ces images sont les oxydations de résidus, fixés par la lumière et la chimie, des organismes vivants.» Lui qui rêvait d’impulser du mouvement à ses photos, trouve dans ces impressions directes d’objets sur la pellicule, un équivalent de l’écriture automatique des surréalistes. Son premier film Le Retour à la maison (1923), réalisé par impression directe sur la pellicule d’épingles punaises, ressorts, éclats de verre… Des images que l’on retrouve insérées dans  Emak Bakia (1926), plus scénarisé. La musique de Sqürl offre une dimension formelle supplémentaire, dans la succession de droites et courbes, noirs et blancs. «Dans ces films, il y a des moments narratifs, d’autres avec seulement des images. Ceci nous invite à inventer une musique à partir de la texture des images. Et à y répondre en terme de texture, dit Carter Logan». «Ce qui m’excite avec Man Ray, ajoute Jim Jarmush  c’est qu’il traite la caméra comme un jouet, la braque derrière du verre dépoli ou la déplace vers une fenêtre. Il est toujours en mouvement. (…) Il aime les spirales et capte les volumes des objets qui tournent .»

© Sarah Driver

© Sarah Driver

Le concert débute par la rêverie amoureuse de L’Etoile de Mer (1928) : dix-sept minutes pour «voir » les poèmes de Robert Desnos qui joue le deuxième homme autour de Cybèle (Kiki de Montparnasse, la compagne de Man Ray), si belle… et volage. Flous, surimpressions, solarisations créent un sentiment d’irréel au gré des pérégrinations d’un trio amoureux où apparaît de façon récurrente, une étoile de mer conservée dans du formol. Robert Desnos l’aurait trouvée chez un brocanteur, rue des Rosiers à Paris et gardée, en souvenir de sa liaison avec une star de music-hall. Elle lui aurait inspiré Qu’elle est belleLa Placede l’étoile  et Le Secret de l’étoile, poèmes disséminés sur des cartons, au long du film.

Moins aléatoire, le scénario des Mystères du château du Dés (1929) est, à l’origine, un documentaire commandé par Charles de Noailles et qui a pour cadre, sa villa d’Hyères (Var). Man Ray met en parallèle l’architecture cubique de Robert Mallet-Stevens et le poème de Stéphane Mallarmé, Un Coup de dés jamais n’abolira le hasard, fil conducteur du film. Mais les deux mystérieux personnages, masqués de bas de soie, en partance pour le Midi, iront de surprise en surprise, au hasard de lancers de dés: joyeuses échappées de baigneuses dans la piscine, étranges gymnastes, figures fantomatiques… Jusqu’à cette fin à résonance mythologique où le couple se fige en statue, à l’instar des sculptures peuplant la villa. Les musiciens suivent les mouvements de la caméra, tantôt subjective, tantôt objective, dans des pérégrinations aléatoires illustrant le credo de Fernand Léger : «L’erreur de la peinture, c’est le sujet, l’erreur du cinéma, c’est le scénario.»

Jim Jarmusch et Carter Logan s’appuient sur des boucles de synthétiseurs, nappes et réverbérations de la guitare. La batterie se contente parfois de simples bruitages et le plus souvent suit la dynamique du montage. La partition n’est ni illustrative ni anecdotique mais enveloppe les images d’un paysage crépusculaire. Pour Jim Jarmush, cinéma et musique ont toujours été indissociables, Dès Stranger than Paradise (1984), il fait la part belle à John Lurie, star de l’underground new yorkais. Il a beaucoup travaillé avec Tom Waits et a aussi composé avec Carter Logan, les musiques d’Only Lovers Left Alive (2014) et de son dernier film, The Dead Don’t Die (2019). Ceux qui ont aimé ses œuvres, découvrent ici une autre facette de son talent et certains seront frappés par la modernité de Man Ray, mis au goût du jour par Jim Jarmush et Carter Logan.  Dommage que ce ciné-concert n’ai été programmé que deux soirs en France !

Mireille Davidovici

Ciné-concert vu le 13 février, Centre Pompidou, Place Georges Pompidou (Paris lV ème). T. : 01 44 7812 33.

Δυσαρμονίες (En cas de meurtre) de Joyce Carol Oates, traduction de Nikos Hatzopoulos, mise en scène d’Antonis Antoniou

Δυσαρμονίες (En cas de meurtre) de Joyce Carol Oates, traduction de Nikos Hatzopoulos, mise en scène d’Antonis Antoniou

Cette auteure américaine de quatre-vingt cinq ans s’est essayée à plusieurs genres: poésie, romans et nouvelles, théâtre, essais mais elle privilégie un thème, celui des passions perverses et destructrices.  Son œuvre se situe dans la tradition du roman naturaliste mais Joyce Carol Oates s’attache moins à expliquer les situations d’oppression, qu’à faire surgir de manière obsédante, le couple fantasmatique de la victime et du bourreau.

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Dans cette pièce (1990), les parents de Carl sont interviewés dans un studio de télévision pour défendre leur fils, accusé de viol et meurtre d’une jeune fille de quatorze ans. Est-il coupable ? Les preuves sont accablantes. Mais dans quelle mesure sont-ils prêts à les voir ? Et comment cette interview peut-elle éclairer cette triste affaire? Des questions qui, même si elles ont une réponse, en créent de nouvelles qui, elles, restent sans réponse. Quand la voix d’un journaliste leur pose des questions tortueuses, l’interview tourne alors pour eux au cauchemar. Combien de temps pouvons-nous vivre dans l’ignorance? Comment éviter la vérité, en créant autour de nous, celle qui nous convient? À quel point sommes-nous coupables, quand nous nous murons dans notre silence?

L’auteure critique durement le mode de vie américain et les valeurs d’une société qui s’étend au-delà des frontières d’un pays. Elle décrit en particulier la tragédie de ce couple ordinaire qui a peur du crime, de la télévision, et même de leur voisin. Malgré leur calme apparent, l’enchevêtrement de leur vie qui se dénoue lentement, va les mener à la tragédie. Cela se passe dans un studio de télévision et le metteur en scène souligne la gourmandise des médias à utiliser le drame de gens comme une marchandise pour faire gagner leur chaîne en popularité. Le père et sa femme (excellents Antonis Antoniou et Natasha Assiki), perdus dans un tourbillon d’interrogations et incapables de juger objectivement les faits, se battent pour que leur fils soit celui qu’ils croient, et non celui que la réalité les oblige à voir.
Nous entendons seulement la voix du journaliste et cette distance nous rend plus capables de juger les faits avec un esprit critique. Son discours torrentiel est celui du représentant d’une culture et d’une classe, dites supérieures. Il incarne aussi la position dominante de ceux qui travaillent dans les médias mais il a du mal à intégrer les éléments d’informations actuels sur l’homme et la femme. Après le spectacle, les acteurs discutent avec le public et nous sortons riches en émotions. Ils nous ont fait réfléchir à nouveau sur la notion de responsabilité individuelle…

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Theatriki Skini, 84 rue Naxou, Athènes, T. : 0030 2102236890

 En Cas de meurtre est publié  chez Actes Sud-Papiers (1996). De nombreux autres livres de l’écrivaine sont édités chez Stock et Biblio, Livre de poche

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