Paradoxe(s): portrait d’acteur, Eric Génovèse
Paradoxe(s) : portrait d’acteur, Eric Génovèse
Dans cet entretien animé par Vincent Josse, l’acteur nous parle de sa carrière qui l’a conduit à la Comédie-Française, il y a presque trente ans. A travers quelques photos personnelles projetées, il remonte le fil du temps. A Nice où il vit, il perd son père à six ans et se sent rejeté pendant sa scolarité. Mais il rencontre une dame qui le persuade de suivre un cours pour amateurs et le théâtre devient son objectif : «Cela m’a sauvé : quand je suis arrivé dans ce cours, on m’a regardé et écouté : on n’existe que par le désir des autres. »
Avec le soutien de sa mère, il « monte » à Paris et fréquente les cours Simon et Florent. Après un premier échec au Conservatoire national supérieur, il y est admis et aura Pierre Vial et Madeleine Marion comme professeurs. Il y rencontre Stanislas Nordey de la même promotion que lui. Le directeur du Cons, Jean-Pierre Miquel, devenu administrateur de la Comédie-Française, l’engage alors en 93, à quelques mois d’intervalle d’Éric Ruf!
Ce pensionnaire trouve une famille avec ses bons et mauvais côtés, et un esprit de troupe qui rassure l’artiste hypersensible qu’il est. Nommé sociétaire en 98, il est entouré par ses collègues qu’il cite avec une réelle émotion, en particulier Tania Torrens. Il évoque aussi les disparus : Denise Gence, Jean-Luc Boutté et la fragile Dominique Constanza dont il occupe aujourd’hui la loge.
Orphelin de père et de mère, il garde précieusement dans sa loge, des objets symboliques : les alliances accolées de ses parents. Lui qui semble entouré de fantômes bienveillants, trouve son bonheur dans l’esprit de troupe, surtout en répétition : « J’aime être un acteur au travail et regarder les acteurs travailler. » Il aime apprendre avec des metteur en scène différents: Marcel Bozonnet, Clément Hervieu-Léger, Brigitte Jaques-Wajeman, Thomas Ostermeier ou Ivo van Hove et dit très justement : « On ne discute pas une interprétation, c’est le travail du metteur en scène. »
Ce soir-là, nous avons rencontré ce soir-là une belle personne.
Jean Couturier
Spectacle vu le 13 février, Studio-Théâtre de la Comédie-Française, Galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris (Ier). T. : 01 44 58 98 54.