Onironauta, chorégraphie de Tânia Carvalho

Onironauta, chorégraphie de Tânia Carvalho

 © Rui Palma

© Rui Palma

 Les cheveux tombant sur d’une robe du soir rouge et blanc, un.e pianiste joue de dos. Image insolite sur ce plateau nu, plongé dans la pénombre. Un concert interrompu par l’entrée de Tânia Carvalho: en tenue similaire, elle s’installe à un second piano, face à la belle inconnue: Andriucha, un barbu travesti, comme on le découvrira au cours de la pièce. Dans cette ambiance crépusculaire, surgissent sept interprètes aux allures et costumes androgynes: hommes en jupe et femmes à moustaches…

La chorégraphe portugaise nous entraîne au pays des rêveurs éveillés et ses onironautes règleront leurs mouvements sur les compositions tantôt langoureuses, tantôt débridées de Frédéric Chopin et de Tânia Carvalho. Les interprètes aux physiques contrastés et aux styles hétéroclites forment une tribu disparate, comme tombée de la lune: ils s’accordent et se désaccordant, mêlent figures classiques et expressionnistes. Les mouvements d’ensemble, souvent fluides, se brisent tout à coup en danse de Saint-Guy, sous les saccades des pianos. Quand la musique s’arrête, les danseurs s’immobilisent ou utilisent ces moments de liberté pour des échauffements individuels…

Séquence après séquence, on s’enfonce dans un univers déglingué et discrépant mais toujours bien structuré. La chorégraphie alterne ambiances lunaires et échappées comiques, comme la scène où chacun cherche à enfiler son costume sans y parvenir… ou s’essaye à des arabesques compliquées… Des images d’une grande beauté qui seront ensuite détruites par des éléments kitsch. Un mélange étonnant et détonnant.

Tânia Carvalho a aussi réalisé plusieurs spectacles en dehors du Portugal où elle vit, notamment à Lyon,  Xylographie pour le Ballet de l’Opéra en 2016 et One of Four Periods in time  et à Marseille pour le Ballet national (La) Horde en 2021. Egalement pianiste et chanteuse, elle développe des projets musicaux.Ici, nous avons apprécié la puissance vocale de ses interventions chantées.

Appuyés par les pianistes, les onironautes entrent avec bonne humeur dans la danse, entre cauchemars et fantasmagories burlesques. On se laisse porter, à travers la trame complexe des séquences, par l’énergie de cette rêverie tonique.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 18 Février, dans le cadre de Faits d’Hiver 2023 au festival Everybody, Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, Paris (III ème). T. : 01 83 81 93 30.


Archive pour 20 février, 2023

Onironauta, chorégraphie de Tânia Carvalho

Onironauta, chorégraphie de Tânia Carvalho

 © Rui Palma

© Rui Palma

 Les cheveux tombant sur d’une robe du soir rouge et blanc, un.e pianiste joue de dos. Image insolite sur ce plateau nu, plongé dans la pénombre. Un concert interrompu par l’entrée de Tânia Carvalho: en tenue similaire, elle s’installe à un second piano, face à la belle inconnue: Andriucha, un barbu travesti, comme on le découvrira au cours de la pièce. Dans cette ambiance crépusculaire, surgissent sept interprètes aux allures et costumes androgynes: hommes en jupe et femmes à moustaches…

La chorégraphe portugaise nous entraîne au pays des rêveurs éveillés et ses onironautes règleront leurs mouvements sur les compositions tantôt langoureuses, tantôt débridées de Frédéric Chopin et de Tânia Carvalho. Les interprètes aux physiques contrastés et aux styles hétéroclites forment une tribu disparate, comme tombée de la lune: ils s’accordent et se désaccordant, mêlent figures classiques et expressionnistes. Les mouvements d’ensemble, souvent fluides, se brisent tout à coup en danse de Saint-Guy, sous les saccades des pianos. Quand la musique s’arrête, les danseurs s’immobilisent ou utilisent ces moments de liberté pour des échauffements individuels…

Séquence après séquence, on s’enfonce dans un univers déglingué et discrépant mais toujours bien structuré. La chorégraphie alterne ambiances lunaires et échappées comiques, comme la scène où chacun cherche à enfiler son costume sans y parvenir… ou s’essaye à des arabesques compliquées… Des images d’une grande beauté qui seront ensuite détruites par des éléments kitsch. Un mélange étonnant et détonnant.

Tânia Carvalho a aussi réalisé plusieurs spectacles en dehors du Portugal où elle vit, notamment à Lyon,  Xylographie pour le Ballet de l’Opéra en 2016 et One of Four Periods in time  et à Marseille pour le Ballet national (La) Horde en 2021. Egalement pianiste et chanteuse, elle développe des projets musicaux.Ici, nous avons apprécié la puissance vocale de ses interventions chantées.

Appuyés par les pianistes, les onironautes entrent avec bonne humeur dans la danse, entre cauchemars et fantasmagories burlesques. On se laisse porter, à travers la trame complexe des séquences, par l’énergie de cette rêverie tonique.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 18 Février, dans le cadre de Faits d’Hiver 2023 au festival Everybody, Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, Paris (III ème). T. : 01 83 81 93 30.

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