The Evasons de Jeff et Tessa Evason
The Evasons de Jeff et Tessa Evason
Lui a commencé jeune au Canada, en voyant des magiciens à la télévision. Magic Tom était populaire à Montréal avec une émission de télévision quotidienne pour les enfants. Et il se souvient très bien avoir vu Ed Sullivan produire des colombes dans des ballons. Quand il avait quatorze ans, son grand-père l’a emmené sur un bateau de croisière où il vu Bernard Reid, de Nouvelle-Zélande. Ils sont devenus amis et le sont restés jusqu’à son décès en 2021… Il lui avait donné un exemplaire de The Amateur Magician’s Handbook. Tessa, elle, a grandi sur l’île antillaise de Sainte-Lucie où il y avait et il y a une station de télévision et parfois des gens rapportaient des États-Unis des cassettes vidéo d’émissions. Parfois, cette station diffusait ces émissions en direct ! Et elle se souvient avoir vu et adoré Mark et Nani Wilson..
Jeff a lu et relu The Amateur Magician’s Handbook mais c’était un peu difficile pour lui à l’époque. Lors d’un voyage à Toronto, son père l’a emmené à The Arcade magic and novelty shop. Sophie Smith dirigeait cette boutique et refusait de vendre un tour ou un livre à quelqu’un, si elle sentait qu’il n’était pas prêt. Jeff a ainsi voulu acheter des anneaux chinois mais elle ne voulait pas les lui vendre ! Tessa est partie en 83 au Canada pour faire des études et a travaillé à temps partiel comme mannequin. A Toronto, elle a rencontré Jeff par l’intermédiaire de Lisa, une amie créatrice de mode. Il travaillait avec elle sur un défilé et voulait utiliser un mannequin comme assistante dans son numéro de magie et dès qu’elle en a entendu parler, elle a su que c’était pour elle! Et ensuite ils ont collaboré ensemble sans arrêt.
«Quand nous avons commencé à travailler ensemble, dit Jeff, nous faisions des spectacles de magie. Notre premier contrat : une saison estivale dans un grand complexe familial situé dans la magnifique région des lacs, juste au nord de Toronto. Et cette même année, on nous a proposé de jouer une saison sur un bateau de croisière dans les Caraïbes. Les choses sont allées très vite et on travaillait beaucoup. Nous avons construit un spectacle complet de magie avec colombes, grandes illusions et autres numéros, avec lequel nous avons été en tournée au Canada quelques années. Puis nous avons évolué vers le mentalisme. Nous en avons donc progressivement fait, puis monté un spectacle complet de mentalisme, pour des événements spéciaux. Facile à mettre en place, à jouer et à remballer par rapport aux grandes illusions, et qui a suscité des réactions formidables du public.
Bernard Reid a été la premier maître de Jeff qui, plus tard, a été présenté à Fernandez, un magicien cubain vivant et jouant au Canada qui l’a engagé comme assistant pour quelques tournées, et plus tard dans les boîtes de nuit autour de Toronto. «Une opportunité incroyable d’apprendre avec un vrai pro, dit-il, et j’ai ensuite collaboré un certain temps avec Dennis Loomis, un autre magicien itinérant aux États-Unis. Tessa et moi ayons travaillé ensemble quelques années, nous avons rencontré les mentalistes Tom et Liz Tucker. Ils nous ont beaucoup inspiré et ont été de bons tuteurs dans l’art de « la seconde vue ».
Première grande percée de Tessa et Jeff : grâce à Gary Ouellet, producteur d’émissions télévisées de magie qui les appelle de façon inattendue pour les inviter au The World’s Greatest Magic. En 1999, ils participent au World Magic Seminarà Las Vegas. Siegfried et Roy étaient assis au premier rang. Lui a brandi une carte d’identité. Tessa avait les yeux bandés sur scène mais a décrit cette carte puis l’a remercié en l’appelant par son premier prénom, puis le second et son nom de famille. Réaction de Roy inestimable: Tessa et Jeff ont reçu le prix Sarmotti grâce à ce numéro. Et de nombreux agents comme actuellement, Bill Herz, des directeurs et producteurs… les ont aidé et continuent à le faire. « Bill, disent-ils, est notre ami et notre partenaire commercial. Lui et sa femme Gwenn, une équipe de rêve ! » Ils travaillent surtout sur scène, lors d’événements d’entreprise et d’université aux États-Unis et aussi sur quelques bateaux de croisière. Et parfois, dans les foires et festivals, et à la mi-temps des matchs de NBA devant dix-huit mille personnes : «Nous ne faisons que du mentalisme concentré sur notre numéro de seconde vue. Mais aussi de la magie « spirite », avec notre propre version de la Spirit Photography qui suscite une réaction incroyable. Presque tout ce que nous faisons dans notre spectacle est personnel et original et nous évitons les mêmes effets que les autres mentalistes. Nous avons été influencés comme nous l’avons dit, par Bernard Reid, Fernandez et The Tuckers mais aussi par des artistes comme The Zancigs, Dunninger, Reveen, Paul Daniels, Kreskin, Uri Geller et Derren Brown. Nous avons beaucoup de gratitude envers les spirites, médiums, magnétiseurs et voyants du XIXème siècle. Ils étaient les premiers praticiens et enseignants de ce que nous appelons aujourd’hui le mentalisme. »
A un débutant, ils conseillent de trouver du matériel original et d’étudier des livres et autres documents où disent-ils, il y a dedans tellement de joyaux de magie! Comme les ouvrages de Tarbell, Annemann, Baker, Anderson et Bascom Jones. «Nous croyons beaucoup au mentorat. Via les médias sociaux, il n’a jamais été aussi facile de prendre contact avec d’autres artistes et créateurs dont on admire le travail. Les grands noms de la magie et du mentalisme sont tous accessibles. Dites-leur que vous êtes fan de leur travail, soyez authentiques et sincères. Il y a de fortes chances que vous établissiez un contact. Vous pourrez même avoir la chance de vous faire un nouvel ami, voire un mentor. Apprenez quelques tours, devenez compétent et jouez en direct aussi souvent que possible. Connaissez votre public et écoutez-le. Enregistrez-vous sur vidéo : c’est un excellent outil d’apprentissage. Soyez réaliste et honnête quant à vos capacités. Ne prétendez pas être un maître magicien (ou mentaliste), alors que vous ne l’êtes probablement pas. Les gens sont très indulgents et vous soutiendront mais si vous ne faites pas semblant d’être quelqu’un que vous n’êtes pas. Ne vous présentez pas comme des professionnels de haut niveau, alors que vous avez très peu d’expérience. Il n’y a aucun mal à être amateur : nous avons tous commencé par-là, mais si vous montez sur une scène sans être prêt, vous nuirez à votre réputation et à la magie… Surtout, amusez-vous. Il y a tellement de façons de s’impliquer dans notre monde. Où que vous alliez, quoi que vous fassiez, profitez de votre expérience. C’est un passe-temps fantastique, un travail à temps partiel incroyable et certains d’entre nous font de la magie, une carrière à plein temps. Vous avez déjà la joie qu’elle peut apporter ! Nous pensons qu’il est important d’être authentique et de se connecter avec le public, de ne pas avoir un numéro trop scénarisé. Il pourrait avoir l’impression de regarder une pièce de théâtre, plutôt qu’une démonstration de télépathie. Ceci est valable pour les escapologistes. Nous sommes plus à l’aise pour interpréter une meilleure version de nous-mêmes et mieux vaut éviter de jouer un personnage qui ne nous correspond pas. Un exercice d’équilibriste…
La magie est partout et ne concerne plus que les professionnels. Beaucoup de gens en connaissent quelques principes et heureusement, plus les profanes acquièrent de connaissances, plus elle est populaire ! Mais exposer la magie et le mentalisme à des fins personnelles sera toujours une erreur. »
Et la culture dans tout cela ? Selon eux, elle aide à distinguer un artiste d’un autre mais elle doit plaire à tout le monde, en particulier à ceux qui sont directement concernés par les numéros. Mais si un spectacle embrasse une culture, il aura plus d’effet sur le public.
Sébastien Bazou