J’aurais mieux fait d’utiliser une hache, texte et mise en scène du collectif Mind the Gap`
© Marie Charbonnier
Thomas Cabel, Julia de Reyke, Solenn Louër, Anthony Lozano et Coline Pilet, pour la plupart issus du Conservatoire à rayonnement départemental d’Orléans, ont créé ce collectif en 2014. Ils évoquent ici avec humour leur fascination pour la littérature et le cinéma gore ou les faits divers sanglants.
Première séquence: les acteurs se déploient dans la pénombre, parmi un capharnaüm d’accessoires de bruitage et de micros et, éclairés par des loupiotes, nous emmènent par leur création sonore, en pleine nature. Eclairés par des loupiotes, ils nous emmènent, par les sons qu’ils créent avec des outils de fortune, en pleine nature parmi une escouade de scouts: chants d’oiseaux, bruissement des feuillages dans le vent, installation des tentes, allumage d’un feu, repas, bruits et chuchotements. Ils nous racontent leur soirée, puis, à la nuit tombée, leur effroi, quand l’un des leurs disparaît… Cette fiction sonore pleine d’inventions et de drôlerie est inspirée d’un fait-divers dans un camp scout en 1976 aux Etats-Unis et introduit la figure de «l’homme à la hache»…
La deuxième partie, tout aussi parodique, simule le tournage d’un «slasher movie», autrement dit, un film avec meurtres d’un tueur en série, parfois défiguré ou masqué qui opère souvent la nuit avec une arme blanche… La séquence, répétée avec variantes et décalages, s’inspire de Scream de Wes Craven (1997), un film-culte avec des trouvailles et à l’origine d’un renouveau du genre. Ici, dans sa cuisine, la nuit, une jeune femme prépare un plat de carottes et cherche son chat nommé Carotte! Le téléphone sonne: un inconnu la harcèle et la menace, puis viendra l’assassiner. Avec force hémoglobine et accessoires, les acteurs s’affairent autour de la maison. Par un heureux retournement, la victime, après plusieurs prises, deviendra « le bourreau à la hache »…
«En nous inspirant du Grand Guignol et en souhaitant rendre hommage au cinéma d’horreur, dit ce collectif, nous avons voulu, à notre tour, nous essayer à un théâtre de genre.» En fait, avec cette comédie déjantée, ils mettent à jour et à distance les mécanismes de fabrication de la violence, sans vraiment répondre à la question: comment se fait-il que tant de gens se rendent dans des salles obscures pour regarder des films d’horreur ou gore? De la création sonore, à la création d’images filmiques, les artistes veulent nous montrer les trucages et ressorts de la fiction d’horreur. Et si les deux parties, construites autour d’univers fictionnels distincts ont du mal à se raccorder, l’ensemble reste dynamique, inventif et divertissant.
Après un premier spectacle Tonnerre dans un ciel sans nuage (2015) et Le Mariage de Witold Gombrowicz (2017), la saison prochaine cette jeune compagnie orléanaise fera une tournée avec J’aurais mieux fait d’utiliser une hache.
Mireille Davidovici
Jusqu’au 18 mars, Le Monfort-Paris, parc Georges Brassens, 106 rue Brancion, Paris (XV ème). T. : 01 56 08 33 88.