En pleine France de Marion Aubert, mise en scène de Kheireddine Lardjam

En pleine France de Marion Aubert, mise en scène de Kheireddine Lardjam 

En toile de fond, un épisode de l’Histoire de France et de la colonisation. En 1958, un fait historique: en pleine guerre d’Algérie, onze joueurs de foot «musulmans d’Algérie» ont quitté leurs clubs de foot et vont former l’équipe du F.L.N. et lutter pour l’indépendance de leur pays. Une remarquable prise de conscience politique. En perspective, un match qui aura lieu en 2022 au stade de France et auquel vont assister les enfants et petits-enfants des onze joueurs de la première équipe de foot en Algérie.

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Cela se passe d’abord dans les sous-sols d’un musée où sont rangés pour être examinés des crânes des victimes des conquêtes coloniales. Puis dans une cuisine, une chambre, etc. dans une scénographie à rideaux coulissants. La commande de cette pièce a été faite par le metteur en scène Kheireddine Lardjam à Marion Aubert pour le soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Elle crée ici une sorte de double d’elle-même, avec une dramaturge (Marion Casabianca) qui veut écrire une pièce sur les relations entre Français et Algériens mais en France. Cette autrice, en couple avec un Français d’origine algérienne (Azeddine Bénamara) va écrire avec lui. Il souhaite évoquer le départ de l’équipe nationale de ces onze footballeurs. Donc si on a bien compris, nous allons assister à la création d’En pleine France.(du théâtre dans le théâtre, une grande nouveauté! que Marion Aubert aurait pu nous épargner…)

Vont intervenir ici, deux couples et d’autres personnages dont un grand-père, retraité de foot, un petit garçon… Dans une suite de longs monologues peu convaincants mais bien interprétés notamment par l’excellente Linda Chaïb et par Mohamed Rouabhi en joueur de l’équipe du FLN mais aussi par Marie-Cécile Ouakil, Marion Casabianca, Azeddine Bénamara, Élya Birman, Issam Rachyq-Ahrad, Pauline Vallé, Noé Lardjam.
Ces personnages, nés de parents algériens, apportent leur témoignage : ils ont toujours vécu en France et sont parfaitement intégrés. Ici vite dessinés des scènes très courtes comme souvent dans un film, écrites par Marion Aubert. Oui, mais voilà, la dramaturgie est aussi faiblarde que l’écriture des monologues et de quelques dialogues, et pas loin souvent d’un bavardage inconsistant. Comme cela dure deux heures quinze, on décroche vite !

Bon c’est parfois drôle, comme à la fin dans un car avec Linda Chaïb mais rien à faire, le compte n’y est pas et, malgré la solidité de l’interprétation et une bonne direction d’acteurs, cette pièce manque d’un vrai fil rouge et part un peu dans tous les sens. Et on voit mal comment elle pourrait être améliorée… Pourtant, le thème est riche : «La réflexion française contemporaine, dit avec raison le metteur en scène, ne sait plus comment parler de l’Autre, encore moins à l’Autre. Elle préfère, dans la bonne généalogie coloniale, parler à la place de l’autre, avec les résultats catastrophiques que l’on sait, comme lors du débat surréaliste sur les bienfaits de la colonisation ou lors des émeutes dans les banlieues.
J’ajouterai que notre spectacle travaille à déconstruire la prose coloniale, c’est-à-dire le montage mental, les représentations et formes symboliques ayant servi d’infrastructure au projet impérial. » (…) « Si cette équipe composée de binationaux (franco-algériens), dont l’entraîneur Djamel Belmadi, suscite un tel engouement, une telle fierté des deux côtés de la Méditerranée, c’est sans doute aussi parce qu’elle nous rappelle, à nous Français, à nous Algériens, à nous Franco-Algériens, et à tous ceux qui ont plusieurs nationalités, que la diversité n’est pas une tare, mais une richesse collective. »Bref, dans cette note d’intention, tout est dit, mais encore faudrait-il que l’écriture soit efficace! Ce qui, malheureusement, n’est pas le cas. Dommage…

 Philippe du Vignal

Le spectacle a été joué du 15 au 19 mars, au Théâtre des Quartiers d’Ivry-Centre dramatique National du Val-de-Marne.

 

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