Nos Corps empoisonnés,texte et mise en scène de Marine Bachelot Nguyen

Nos Corps empoisonnés, texte et mise en scène de Marine Bachelot Nguyen

17.NCE_

©HeleneHarder

«J’ai 79 ans. On est au Tribunal d’Evry (France), le 25 janvier 2021. Mes trois avocats m’entourent, avec mes vieux et jeunes amis de combat, des maires ceints de leur écharpe bleu-blanc-rouge, et une nuée de journalistes. De l’autre côté, les quatorze avocats des multinationales: Monsanto, Dow Chemical, Hercules, Hacros Chemical, Uniroyal Holding Company, Maxus Energy, Tierra Solutions, Occidental Chemical, Thomson Hayward, Pharmacia and Upjohn, Diamond Shamrock Chemical.»

 Pas d’âge pour combattre: en un solo d’une heure trente, Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné incarne Tran To Nga, une femme qui accuse les multinationales: «Soixante-quinze millions de litres d’agent orange déversés sur les forêts, les terres et les corps, pendant la guerre du Viêt nam. » Elle a traversé l’histoire de ce pays : enfant durant la guerre d’indépendance, puis combattante pendant celle contre les Américains, elle a aussi vécu l’installation du communisme après 1975. Enfin, elle est venue en France dans les années 1990. Exposée comme des millions de ses compatriotes à ce trop célèbre agent orange, retraitée, elle prend conscience de l’origine de ses graves problèmes de santé et du décès de son premier bébé dans la forêt vietnamienne. Elle mène aujourd’hui encore un combat historique: «Je suis vivante, dit-elle. J’ai eu l’occasion de me confronter aux Américains, pendant la guerre. Et c’est cette guerre qui continue. »

La comédienne a l’âge de Tran To Nga quand elle a rejoint les maquis du F.N.L. et, depuis la salle d’audience, remonte le temps et, séquence après séquence, nous raconte son destin mouvementé. Des instants intimes succèdent à des moment plus héroïques. Marine Bachelot Nguyen s’est inspirée de l’autobiographie de Tran To Nga pour écrire cette épopée qui joue sur les âges, les époques et les décalages.Une narration elliptique articulée avec une vidéo mêlant images d’archives d’hier et d’aujourd’hui, entretiens filmées avec Tran To Nga. On passe de la forêt équatoriale touffue, à des films montrant des combattants le long de la piste Ho Chi Min, des photos de famille à une manifestation de soutien à Tran To Nga devant le tribunal.

Angelica Kiyomi Tisseyre, jeune actrice d’origine japonaise et vietnamienne, porte avec délicatesse cette histoire émouvante et stimulante, même si, parfois, des voix off viennent casser la dynamique de son récit. On ne peut qu’ adhèrer au combat de cette grand-mère courage, présente dans la salle parmi les militants du collectif Viêt nam Dioxine. Et lui dire bravo.Marine Bachelot Nguen est membre du collectif  Lumières d’Août, très actif en Bretagne et a entrepris depuis plusieurs années un travail de mémoire sur les questions féministes et postcoloniales, en particulier au Viet nam. 

Mireille Davidovici

Du 20 au 25 mars aux Plateaux Sauvages, 5 rue de la Plâtrière, Paris ( XX ème) T. 01 83 75 55 76

Le 6 avril, Festival de la Sorbonne nouvelle, Paris ( Vème). Le 11 avril, Théâtre du Champ au Roy, Guingamp (Côtes d’Armor); mi-avril,  Festival Mythos, Rennes (Ille-et-Vilaine) ; les 2 et 3 mai, Festival Eldorado, CDN de Lorient (Morbihan)

Ma Terre empoisonnée (Viêt nam-France, mes combats) de Tran To Nga est publié chez Stock (2016).


Archive pour 23 mars, 2023

Nos Corps empoisonnés,texte et mise en scène de Marine Bachelot Nguyen

Nos Corps empoisonnés, texte et mise en scène de Marine Bachelot Nguyen

17.NCE_

©HeleneHarder

«J’ai 79 ans. On est au Tribunal d’Evry (France), le 25 janvier 2021. Mes trois avocats m’entourent, avec mes vieux et jeunes amis de combat, des maires ceints de leur écharpe bleu-blanc-rouge, et une nuée de journalistes. De l’autre côté, les quatorze avocats des multinationales: Monsanto, Dow Chemical, Hercules, Hacros Chemical, Uniroyal Holding Company, Maxus Energy, Tierra Solutions, Occidental Chemical, Thomson Hayward, Pharmacia and Upjohn, Diamond Shamrock Chemical.»

 Pas d’âge pour combattre: en un solo d’une heure trente, Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné incarne Tran To Nga, une femme qui accuse les multinationales: «Soixante-quinze millions de litres d’agent orange déversés sur les forêts, les terres et les corps, pendant la guerre du Viêt nam. » Elle a traversé l’histoire de ce pays : enfant durant la guerre d’indépendance, puis combattante pendant celle contre les Américains, elle a aussi vécu l’installation du communisme après 1975. Enfin, elle est venue en France dans les années 1990. Exposée comme des millions de ses compatriotes à ce trop célèbre agent orange, retraitée, elle prend conscience de l’origine de ses graves problèmes de santé et du décès de son premier bébé dans la forêt vietnamienne. Elle mène aujourd’hui encore un combat historique: «Je suis vivante, dit-elle. J’ai eu l’occasion de me confronter aux Américains, pendant la guerre. Et c’est cette guerre qui continue. »

La comédienne a l’âge de Tran To Nga quand elle a rejoint les maquis du F.N.L. et, depuis la salle d’audience, remonte le temps et, séquence après séquence, nous raconte son destin mouvementé. Des instants intimes succèdent à des moment plus héroïques. Marine Bachelot Nguyen s’est inspirée de l’autobiographie de Tran To Nga pour écrire cette épopée qui joue sur les âges, les époques et les décalages.Une narration elliptique articulée avec une vidéo mêlant images d’archives d’hier et d’aujourd’hui, entretiens filmées avec Tran To Nga. On passe de la forêt équatoriale touffue, à des films montrant des combattants le long de la piste Ho Chi Min, des photos de famille à une manifestation de soutien à Tran To Nga devant le tribunal.

Angelica Kiyomi Tisseyre, jeune actrice d’origine japonaise et vietnamienne, porte avec délicatesse cette histoire émouvante et stimulante, même si, parfois, des voix off viennent casser la dynamique de son récit. On ne peut qu’ adhèrer au combat de cette grand-mère courage, présente dans la salle parmi les militants du collectif Viêt nam Dioxine. Et lui dire bravo.Marine Bachelot Nguen est membre du collectif  Lumières d’Août, très actif en Bretagne et a entrepris depuis plusieurs années un travail de mémoire sur les questions féministes et postcoloniales, en particulier au Viet nam. 

Mireille Davidovici

Du 20 au 25 mars aux Plateaux Sauvages, 5 rue de la Plâtrière, Paris ( XX ème) T. 01 83 75 55 76

Le 6 avril, Festival de la Sorbonne nouvelle, Paris ( Vème). Le 11 avril, Théâtre du Champ au Roy, Guingamp (Côtes d’Armor); mi-avril,  Festival Mythos, Rennes (Ille-et-Vilaine) ; les 2 et 3 mai, Festival Eldorado, CDN de Lorient (Morbihan)

Ma Terre empoisonnée (Viêt nam-France, mes combats) de Tran To Nga est publié chez Stock (2016).

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