La Truelle,texte et mise en scène de Fabrice Melquiot
La Truelle,texte et mise en scène de Fabrice Melquiot
Un solo où François Nadin raconte à la fois l’histoire familiale (un peu compliquée) de Fabrice Melquiot et un sorte de documentaire sur les réseaux de la mafia en Italie : Camorra à Naples, Cosa nostra en Sicile ou ndraghetta calabraise.
Toutes maintenant connues par des dizaines de films dont Cosa nostra, Le Parrain, Le Maître de la Camorra, etc. Mais aussi par les compte-rendus des grands procès de ceux et celles, parfois même hauts fonctionnaires d’Etat à la tête d’une puissante économie criminelle en Italie. Grâce au racket systématique et très organisé des commerces et des entreprises de construction, mais aussi de plus en plus au trafic de drogue, des clans comme ceux des trop fameux Corleonesi possèdent environ 400 milliards d’euros, selon une enquête en 2020 de la direction nationale anti-Mafia.
Fabrice Melquiot est né à Modane d’une mère calabraise, a souvent fait des voyages depuis qu’il était tout petit pour aller en vacances dans sa famille maternelle où il a vite senti l’importance de la mafia jusque dans la vie quotidienne, comme ce petit super-marché dont la construction est restée inachevée… A la suite de l’assassinat de son futur directeur.
En fond de plateau (assez encombré!) deux tableaux noirs, l’un pour recevoir les images de visages de criminels et de leurs victimes transmises par un rétroprojecteur, et un autre pour écrire à la craie la généalogie de la famille de l’auteur. Et devant, sur une table, un réchaud, un flacon de sauce tomate, en dessous des bidons d’eau et huile d’olive, pour cuire des pâtes aux anchois. Et un bureau, avec une petite machine à écrire. Et accrochée, une grande carte de l’Italie.
En une heure et quelque, François Nadin d’abord en caleçon, chaussettes, marcel et tablier blancs, puis en robe noire de grand-mère, puis en costume gris et chaussures noires de mafioso. Mais erreur de mise en scène: ces changements de costume sont pléonastiques.
L’acteur lui aussi d’origine italienne va nous raconter l’histoire de la famille de l’auteur dont un arrière-grand père émigré aux Etats-Unis, à la vie mystérieuse et qui revenait régulièrement en Italie. Mais François Nadin détaille aussi le passé ancien comme récent de cette organisation criminelle aux ramifications un peu partout en Europe (France, Suisse, Angleterre mais aussi Canada. Mais nous aurions aimé en savoir plus sur les agissements actuels de la mafia…
Un spectacle parfaitement rodé et qui a déjà été souvent joué. François Nadin a une gestuelle et une diction irréprochables. Mais Fabrice Melquiot aurait dû épurer sa mise en scène et nous épargner les déplacements et gesticulations permanentes de son acteur. Et nous nous perdons un peu dans ce récit avec anecdotes relatives à sa famille et démonstration historico-socio-politique assez bavarde sur la très malfaisante mafia.
Ce spectacle d’une heure dix manque d’unité et part un peu dans tous les sens, sauf à la fin où le texte est plus virulent et les images de ce supermarché qui n’a jamais vu le jour à cause des menaces de la mafia, sont de toute beauté. Et François Nadin nous explique enfin ce titre mystérieux: celui qui se servira de la truelle posée sur le toit du supermarché verra ses jours comptés… Glaçant!
Philippe du Vignal
Jusqu’au 2 avril, Manufacture des Oeillets, Théâtre des Quartiers, Ivry-sur-Seine (Val-de- Marne). T. : 0.1 43 90 11 11
Théâtres en Dracénie, Draguignan (Var) du 11 au 15 avril.