Mon frère c’est Dieu sur Terre de Thomas Fersen, mise en scène par Jessica Dalle et Benjamin Lazar

Mon frère c’est Dieu sur Terre de Thomas Fersen, mise en scène par Jessica Dalle et Benjamin Lazar

Seul en scène, le chanteur et compositeur nous offre une belle surprise, avec un spectacle tiré de son premier roman Dieu sur Terre. Selon lui: «Une sorte de journal intime de mon personnage de chanson.» Léger, poétique et plein d’humour. Il nous prend par la main et nous emmène dans son histoire personnelle, réelle où inventée, qui tourne autour d’une figure importante de sa vie: son grand frère, son père, sa mère et sa sœur qu’il peints dans ce monologue en vers. « Entre contes et fables, farces et poèmes qui ont nourri mes spectacles ces dernières années. »

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

L’écrin de ce magnifique théâtre à l’italienne convient parfaitement à ce genre de chansons intimes. Au violon, Cécile Bourcier à l’accordéon, Maryll Abbas à la guitare sèche, Pierre Sangrã (en alternance avec Pavel Guerchovitch) accompagnent avec joie Thomas Fersen et certains de ses textes prennent une belle dimension théâtrale. Comme ici, avec Monsieur : «Les passants sur son chemin soulèvent leur galure./Le chien lui lèche les mains, sa présence rassure./Voyez cet enfant qui beugle, par lui secouru./Et comme il aide l’aveugle à traverser la rue./Dans la paix de son jardin, il cultive ses roses, / Monsieur est un assassin quand il est morose./Il étrangle son semblable dans le Bois de Meudon./Quand il est inconsolable, quand il a le bourdon./A la barbe des voisins qui le trouvent sympathique./Monsieur est un assassin, je suis son domestique.» En cette période pas facile, nous redécouvrons un auteur de textes poétiques comme le XX ème siècle a pu en générer… C’était bien aussi, avant !

 Jean Couturier.

Le spectacle a été joué du 23 février au 4 mars au Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, 2-4 square de l’Opéra-Louis Jouvet, Paris (IX ème). T. : 01 53 05 19 19.


Archive pour mars, 2023

Soif, d’après le roman d’Amélie Nothomb, adaptation et mise en scène de Catherine d’At

©xL’écrivaine bien connue imagine ici les pensées que rumine Jésus seul en prison, après que les Romains l’aient condamné à être crucifié, donc humilié avec deux criminels. Et la metteuse en scène avoue avoir eu un coup de cœur pour ce texte et envie de l’adapter au théâtre.
Après un séjour en prison, le fils de Dieu a été flagellé et on lui a enfoncé sur la tête un couronne d’épines qui va lui déchirer le visage et il devra ensuite marcher jusqu’au mont Golgotha en portant une croix plus grande que lui sur laquelle il sera crucifié. Aidé par Simon de Cyrène qui vient à son secours sans rien demander et par Véronique qui lui donna son voile pour essuyer son front. Jésus le lui rendit avec l’image de son visage qui s’y était miraculeusement imprimée. Bref, un récit biblique qui a inspiré bien des peintres et sculpteurs, notamment Jean Fouquet.
Et le Christ – il n’a que cela à faire!- nous offre des méditations sur l’amour, toujours suspect, de soi-même et sur le genre humain. Et blabalabla, Jésus parle bavarde jusqu’à plus… soif.  Et tiens, justement, ce Christ nous raconte qu’il a très soif et qu’il est bien content qu’un gentil soldat romain ait reçu l’autorisation de son chef de lui passer sur la bouche, une éponge pleine d’eau vinaigrée brandie au bout d’une lance. Ses dernières paroles sont à la fois teintées de philosophie et d’humour: un exemple à suivre, semble nous dire ce Christ revu et corrigé par Amélie Nothomb qui a dû être bien contente de voir mise en scène cette fable écrite dans un style provocateur un peu facile.
Les Chrétiens n’y trouveront sûrement pas leur compte et les autres, pas sûr non plus. « La rédemption des péchés passés mais encore des péchés à venir se demande le Christ.. Il est dans la nature d’avoir des conséquences. J’ai l’affection pour l’homme que je suis.. Et en parlant de Marie-Madeleine : je suis tombé amoureux dès que je la vis. Mais aussi : « Si tu es fils de Dieu, alors demande à ton père de tirer de là, dit un des crucifiés. Amélie Nothomb s’amuse, n’y va pas avec le dos de la cuiller et surfe sans arrêt entre le premier et le second degré.
Parfois même, le Christ se met à parler sérieusement et alors, bien entendu, ce méli-mélo philosophique sonne faux : «En vérité je vous le dis : quand vous ressentez quand vous crevez de soif, cultivez-le. Ce n’en est pas la métaphore. Quand on cesse d’avoir faim, cela s’appelle la satiété. Quand on cesse d’être fatigué, cela s’appelle repos. Quand on cesse de souffrir, cela s’appelle réconfort. Cesser d’avoir soif, cela ne s’appelle pas. » 

Bref, cette sorte de parodie-pochade, ne laissera pas un grand souvenir dans la littérature même si Catherine d’At pense qu’Amélie Nothomb nous donne un « texte vivant, incarné joyeux ». Et elle est tombée, dit-elle, sous le charme de sa plume. Mais Jésus-Christ qui raconte ici, entre autres, le célèbre miracle des noces de Cana, en a fait moins, deux mille ans après sa naissance, puisque ce petit livre de cent cinquante pages sélectionné pour le prix Goncourt 2019, ne l’a finalement pas obtenu !

Et ce spectacle ne comptera pas dans l’histoire du théâtre contemporain… Avec une mise en scène dont la direction d’acteurs reste approximative. Et Catherine d’At aurait pu nous épargner un petit mélange de musique classique et contemporaine, inodore et sans saveur. Et un micro H.F. qui, une fois de plus, ne sert strictement à rien, surtout dans une salle aussi petite. Comme ces visages du Christ représentés par de nombreux peintres (le dernier tableau est d’une rare laideur) qui se baladent par deux fois sur l’écran. Cela fait quand même bien des erreurs…
Nous avons échappé -au moins pour un soir- aux fumigènes mais pas à la vidéo. Mais avec cette fois, une création toute à fait intéressante: projetée sur le mur du fond, une ville représentée par des cubes et parallélépipèdes, une première fois vue à hauteur d’homme, puis de la colline du Golgotha. Et il y a, aussi un mur d’énormes pierres, celui de la prison où est enfermé Jésus. Mention spéciale donc à Sébastien Mizermont.
Et à Julien Bleitrach: diction et gestuelle exemplaires, jeu sensible et tout en nuances. Sans jamais en faire trop, une heure durant, il mouille vraiment son T-shirt et arrive à faire passer la drôlerie de ce texte et, du coup, nous oublions son côté souvent facile et racoleur dans la lignée de l’Antigone de Jean Anouilh. Cet acteur, maintenant expérimenté, devrait faire un tabac au prochain festival d’Avignon. Amélie Nothomb qui, depuis Hygiène de l’assassin, il y a déjà trente ans, publie un roman par an et a son public mais plutôt, comme ici ce soir-là, aux cheveux grisonnants ou blancs. Mais, comme disent les libraires, ses romans, c’est vendeur.
Alors à voir? Oui, si vous êtes un lecteur fanatique des écrits de madame Nothomb qui fait tout pour attirer la lumière sur elle et qui a dû apprécier que cette
Soif ait les honneurs de la scène. Et oui, si vous voulez découvrir un jeune acteur capable de vous emmener dans l’adaptation de ce petit délire… qui nous a laissé sur notre faim.
On pense à ce que l’artiste et écrivain iconoclaste Roland Topor dont cette salle porte le nom et qui travailla avec Jean-Michel Ribes pour
Palace et pour Jérôme Savary (Les Derniers jours de solitude de Robinson CrusoéLes Aventures de ZartanDe Moïse à Mao) aurait pu écrire sur un pareil thème.. Pour le reste, autant emporte le vent du Golgotha…

 Philippe du Vignal

 Jusqu’au 26 mars, Théâtre du Rond-Point , 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VII ème). T. : 01 44 95 98 21.
Théâtre de la Luna, festival d’Avignon, en juillet prochain.

La Langue des cygnes, mise en scène de Laurie Cannac, chorégraphie d’Andy Scott Ngoua


La Langue des cygnes, mise en scène de Laurie Cannac, chorégraphie d’Andy Scott Ngoua


Un spectacle i
nspiré du Vilain petit canard  sans doute le plus autobiographique des contes d’Andersen (1805-1875) ; il y raconte son enfance à Odense, les années d’études, l’intimité dans la famille Collin et une poule incarne madame Drewsen, la fille aînée. Ici, c’est un sorte de savante composition de théâtre d’ombres, images vidéo, hip hop, danse contemporaine occidentale et africaine, musique d’Adri Sergent à la guitare électrique et de Kôba Building, mais aussi et surtout de marionnettes comme on voit rarement.
Laurie Cannac avec sa compagnie Graine de vie à Besançon, s’appuie sur la langue des signes, qu’elle utilise comme une expression artistique avec l’actrice sourde Karine Feuillebois bilingue-français et langue des signes française. Depuis 1997, elle a été la conceptrice, la constructrice et l’interprète de L’Homme de la manche,  Petits rêves faits main (2004), Faim de loup (2009). Pui elle a fait une relecture du Petit Chaperon Rouge, mise en scène d’Ilka Schönbein. Et elle a créé Queue de Poissonne (2013), Blanche Ébène (2017), inspiré de Blanche Neige et JeveuxJeveuxJeveux ! (2021) d’après des contes de Grimm.

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«Rejeté par sa communauté parce qu’il sort du lot, un enfant affronte des épreuves qui mettent sa vie en péril. Peu à peu, il déniche en lui la force de résister au malheur pour s’envoler vers son destin. (…) «L’idée: partir de la langue des signes pour construire un langage visuel original incluant le jeu, la danse et la marionnette. Au début du spectacle, les signes de la mère interagissent avec le corps du danseur. Ses mains parlantes sur-dimensionnées par la projection, représentant la toute puissance maternelle sur l’enfant, tantôt jouent avec lui, tantôt se jouent de lui, aimantes, puis façonnantes, et enfin violentes quand, sous la pression sociale, elle rejette son propre enfant. » (…)
C’est quand ce dernier fugue qu’un dialogue subtil s’établit entre l’image lointaine de la mère et son fils, exprimé par le dialogue entre graphisme de la langue maternelle et mouvements du danseur. Puis lorsque le petit canard se retrouve tout à fait esseulé, c’est lui qui reprend sa langue, dans une danse-signe expressive pour tout le public, sourd ou entendant. Tout au long du spectacle, la marionnette tantôt marionnettisera les signes, tantôt s’en inspirera, tantôt leur substituera son propre langage visuel.
La nage, quant à elle, matière où le caneton excelle est représentée par la danse, car c’est cette passion en lui qui le fera renaître cygne.» Il ne s’agit pas de traduire un texte écrit en langue des signes, mais d’élaborer une écriture visuelle, en collaboration étroite avec Karine Feuillebois et l’adaptateur Igor Casas. (…) Si lors de la fuite du caneton, l’image réduite et fantomatique de la mère raconte son point de vue en langue des signes, le texte oral est pris en charge par une voix d’homme à la première personne qui évolue graduellement du phrasé du conte à celui du slam, puis à celui du rap. (…) Tout en apportant une touche actuelle, il permet à la fois de dire le parcours intérieur du personnage en complément de l’histoire portée simultanément par la danse, les marionnettes et la langue des signes. »

C’est du moins ce que dit la note d’intention et si, comme nous, vous n’avez pas bien compris, pas grave… Et sur le plateau, les choses sont aussi moins nettes surtout au début, bref, ce mélange entre musique, danse, projections, marionnettes… manque de lisibilité. Andy Scott Ngoua, danseur et chorégraphe gabonais, accompagné par Ari Sergent à la guitare, avec des mélodies à la fois traditionnelles et actuelles, a pourtant une belle présence. Et les marionnettes que manipule Laurie Cannac avec virtuosité,ont une beauté exceptionnelle et sont de véritables sculptures. Et elle crée des images souvent proches de la magie.
Tout se passe ici comme dans un rêve ou un cauchemar ( à vous de choisir) et, encore une fois, même si le scénario n’est pas exemplaire, il suffit de se laisser entraîner par la vie de ce poème visuel, fait aussi de rumeurs de la campagne : aboiements de chiens dans le lointain, chants d’oiseaux et de poules…)
Laurie Cannac donne avec son corps tout entier, existence à ses marionnettes…Deux d’entre elles -fantastiques- l’une avec sa tête, et l’autre avec ses pieds. Et leurs têtes une peu inquiétantes font penser à celles, fascinantes, qu’avait créées le célèbre marionnettiste américain Robert Anton dans les années soixante-dix et comme ici, les histoires qu’il contait seul avec de minuscules poupées, se passaient du langage oral…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 22 mars, Le Mouffetard-Théâtre des arts de la marionnette, 73 rue Mouffetard, Paris (V ème). T. : 01 84 79 44 44.

Danse macabre, spectacle musical de Vladislav Troitskyi avec les Dakh Daughters et Tetiana Troitska

Danse macabre, spectacle musical de Vladislav Troitskyi avec les Dakh Daughters et Tetiana Troitska

En soutien à leur pays, le Théâtre du Soleil accueille les Dakh Daughters, chanteuses et comédiennes ukrainiennes réfugiées en France (voir Le Théâtre du Blog) à la suite de la tentative d’invasion par l’armée de Vladimir Poutine.

©Oleksandr.Kosmach

© Oleksandr Kosmach


Danse macabre a été créée dans l’urgence et conçue comme un acte de résistance, «pour faire front et continuer à parler ici de ce qui se passe là-bas».
Comment faire front lorsque la guerre surgit ?
À travers leurs témoignages et ceux de femmes ordinaires, six comédiennes et chanteuses ukrainiennes nous livrent des histoires poignantes.
Elles racontent la douleur intime de vivre le conflit au quotidien, la façon dont il a transformé leur rapport à la vie et à leur famille.

En mêlant à ces récits, leurs chansons et leur musique, les Dakh Daughters et Vlad Troitskyi exposent cette actualité dans ce spectacle qui veut être aussi une ode à l’amour et à la paix.

Ph. du V.

Du 24mars au 2 avril, Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, 2 route du Champ de manœuvre, bois de Vincennes. Métro: Château de Vincennes + navette gratuite. T. : 01 43 74 24 08.(tous les jours de 11 h à 18 h)

Barbara par Roland Romanelli

Barbara par Roland Romanelli

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Monique Serf, dite Barbara (1930-1997) reste vingt-cinq ans après sa mort, l’auteure-compositrice et interprète majeure du XX ème siècle avec ses chansons devenues classiques. Poésie des textes, harmonie des musiques, voix inimitable, interprétation et diction hors-pair: on ne se lasse jamais de l’écouter. Barbara commença par chanter celles des autres et c’est Jacques Brel qui la poussa à écrire ses chansons. 

Reste à savoir comment célébrer l’art de cette grande dame avec un spectacle à sa hauteur. Roland Romanelli, interprète et compositeur, tout en noir les cheveux longs aussi blancs que sa grande barbe, raconte généreusement avec émotion, tendresse et humour quelques moments de leur vie amoureuse mais aussi artistique: il l’a accompagnée au piano et aussi composé plusieurs de ses chansons. Et il accompagne son épouse Rebecca Mai au piano et aussi à l’accordéon, avec Jean-Philippe Audin au violoncelle, elle n’en est est pas à son coup d’essai (elle avait interprété Barbara et l’homme en habit rouge à la Philharmonie de Paris en 2017). Et le spectacle est parfaitement rodé.

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Sur cette petite scène, aucun décor sinon un écran de roses et avec, au début, la photo de Roland Romanelli et Rebecca Mai ( passons sur ce malheureux effet pléonastique!). Mais aussi et heureusement de magnifiques clichés de Barbara qui nous la font revivre, notamment l’un d’eux où on la voit au bord de la Seine. Rebecca Mai sait faire et enchaîne une vingtaine de ses magnifiques chansons comme L’Aigle noir, Nantes, Göttingen, Ma plus belle histoire d’amour, Une petite cantate… et la dernière Dis quand reviendras-tu? est interprétée avec un chœur de dix femmes dans le public.

Mais le spectacle, loin de Et moi aussi je suis Barbara, récemment évoqué par Pierre Notte (voir Le Théâtre du Blog) souffre d’une mise en scène approximative, malgré les lumières de Jacques Rouveyrollis et d’un mauvais système sonore. Et le micro H.F. que porte la chanteuse sur une joue (ce qui est toujours laid et qui se voit, surtout dans cette petite salle) ne semble pas être d’une qualité extraordinaire. Est-ce un des fameux DPA Thomann utilisés, entre autres, par Bob Wilson, avec un son naturel et une grande plage dynamique avant écrêtage ? Pas sûr…
En tout cas, la voix de la chanteuse a ici des côtés souvent nasillards et très métalliques, ce qu’elle n’a pas, bien entendu. Cela va un peu mieux, quand elle chante avec un micro sur pied mais la balance entre la musique très forte du piano à queue et le chant ne reste quand même pas terrible. Et les multiples nuances que Barbara, très exigeante sur l’accompagnement, savait introduire dans ses chansons, passent ici à la trappe. Un spectacle finalement décevant malgré la beauté des paroles et de la musique. Dommage…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 19 mars, Théâtre de Passy, 95 rue de Passy, Paris (XVI ème). T. : 01 82 28 56 40.

 

J’aurais mieux fait d’utiliser une hache texte et mis en scène du collectif Mind the Gap

J’aurais mieux fait d’utiliser une hache, texte et mise en scène du collectif Mind the Gap`

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© Marie Charbonnier

Thomas Cabel, Julia de Reyke, Solenn Louër, Anthony Lozano et Coline Pilet, pour la plupart issus du Conservatoire à rayonnement départemental d’Orléans, ont créé ce collectif en 2014. Ils évoquent ici avec humour leur fascination pour la littérature et le cinéma gore ou les faits divers sanglants. 

Première séquence: les acteurs se déploient dans la pénombre, parmi un capharnaüm d’accessoires de bruitage et de micros et, éclairés par des loupiotes, nous emmènent par leur création sonore, en pleine nature. Eclairés par des loupiotes, ils nous emmènent, par les sons qu’ils créent avec des outils de fortune, en pleine nature parmi une escouade de scouts: chants d’oiseaux, bruissement des feuillages dans le vent, installation des tentes, allumage d’un feu, repas, bruits et chuchotements. Ils nous racontent leur soirée, puis, à la nuit tombée, leur effroi, quand l’un des leurs disparaît… Cette fiction sonore pleine d’inventions et de drôlerie est inspirée d’un fait-divers dans un camp scout en 1976 aux Etats-Unis et introduit la figure de «l’homme à la hache»… 

La deuxième partie, tout aussi parodique, simule le tournage d’un «slasher movie», autrement dit, un film avec meurtres d’un tueur en série, parfois défiguré ou masqué qui opère souvent la nuit avec une arme blanche… La séquence, répétée avec variantes et décalages, s’inspire de Scream de Wes Craven (1997), un film-culte avec des trouvailles et à l’origine d’un renouveau du genre. Ici, dans sa cuisine, la nuit, une jeune femme prépare un plat de carottes et cherche son chat nommé Carotte! Le téléphone sonne: un inconnu la harcèle et la menace, puis viendra l’assassiner. Avec force hémoglobine et accessoires, les acteurs s’affairent autour de la maison. Par un heureux retournement, la victime, après plusieurs prises, deviendra « le bourreau à la hache »… 

«En nous inspirant du Grand Guignol et en souhaitant rendre hommage au cinéma d’horreur, dit ce collectif, nous avons voulu, à notre tour, nous essayer à un théâtre de genre.» En fait, avec cette comédie déjantée, ils mettent à jour et à distance les mécanismes de fabrication de la violence, sans vraiment répondre à la question: comment se fait-il que tant de gens se rendent dans des salles obscures pour regarder des films d’horreur ou gore? De la création sonore, à la création d’images filmiques, les artistes veulent nous montrer  les trucages et ressorts de la fiction d’horreur. Et si les deux parties, construites autour d’univers fictionnels distincts ont du mal à se raccorder,  l’ensemble reste dynamique, inventif et divertissant. 

Après un premier spectacle Tonnerre dans un ciel sans nuage (2015) et Le Mariage de Witold Gombrowicz (2017), la saison prochaine cette jeune compagnie orléanaise fera une tournée avec J’aurais mieux fait d’utiliser une hache.

Mireille Davidovici

Jusqu’au 18 mars, Le Monfort-Paris, parc Georges Brassens, 106 rue Brancion, Paris (XV ème). T. : 01 56 08 33 88.

 

Behind The Light, chorégraphie et interprétation de Christiana Morganti

Behind the Light, chorégraphie et interprétation de Christiana Morganti

Moving with Pina (2019), un solo de cette artiste avait été beaucoup apprécié (voir Le Théâtre du Blog). Et elle reçut le Prix de la meilleure interprète du Syndicat de la critique. Nous la retrouvons après une pandémie durant laquelle elle a subi bien des malheurs : perte des parents, départ de son conjoint et impossibilité de créer un spectacle avec cinq interprètes d’horizons et de nationalités différents.

©Ilania Constanzo

©Ilaria Constanzo

«Je voulais partir de quelque chose de très personnel, dit-elle, mais je traversais alors une période très sombre où j’essuyais des coups du sort les uns après les autres. J’ai finalement décidé de raconter exactement ce que je vivais ». Et avec un humour qui atténue la violence des faits, elle nous raconte comment réduire les coûts d’une création: un solo bien sûr avec quelques accessoires si possible gonflables pour le transport, des effets techniques limités, etc.
Elle nous raconte son extrême difficulté à s’extraire de l’héritage de Pina Bausch dont elle a été une interprète mythique.
Comment en effet devenir chorégraphe quand chaque geste, même le plus minimaliste comme la rotation d’un doigt, chaque mouvement, en particulier l’ondulation des bras, chaque musique, ethnique, jazz, sacrée… rappellent un glorieux passé : «Quand on commence à créer ses pièces et à enseigner, on se rend compte de tout ce que Pina a apporté, comme son attention au moindre détail et sa relation avec le public. »
Ce public orphelin qui gardait en mémoire les heures intenses vécues au Théâtre de la Ville et  qui était venu la voir en 2019 pour retrouver ses émotions… Ici, pendant une heure dix, malgré des moments parlés touchants, son expression physique est parfois peu lisible. Un solo qui nous fait ressentir la difficulté pour des intrerprètes à s’affranchir de ce qui aura été une des plus grandes aventures artistiques du XX ème siècle.

Jean Couturier

Jusqu’au 11 mars, Théâtre de la Ville-Les Abbesses, 31 rue de Abbesses, Paris (XVIII ème). T. : 01 42 74 22 77.

ADN de Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine, mise en scène de Marie Mahé

ADN de Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine, mise en scène de Marie Mahé

Pièce ADN9

© D. R.

Le théâtre de Dennis Kelly violent, précis, efficaces,  littéralement  «au rasoir» de Débris (sa première pièce en 2003) Occupe-toi du bébéOrphelins, Amour et argent, ADN, Après la fin, Garçons et filles, Oussama, ce héros,  a été souvent joué en France (voir Le Théâtre du Blog). Avec  ADN  son écriture  s’avère une fois de plus en prise avec notre actualité.
Créée à Londres en 2009, cette œuvre résonne de façon particulière aujourd’hui après les nombreux cas de harcèlement qui ont conduit des jeunes au suicide, dernièrement Luca, au tout début 2023, en Lorraine… La pièce met en scène
 un groupe d’adolescents qui ont fait d’un de leur camarade, un souffre-douleur. En trois chapitres: L’Annonce, La Trahison, Le Miracle  l’auteur britannique brosse un tableau cruel de notre humanité.

Cela commence par un dialogue hésitant.  » Cathy : C’est la merde. John : Non, non, c’est pas la merde, Cathy, c’est pas la merde. Cathy : On est dans la merde. John : Non Cathy, on est pas…C’est pas…On n’est pas… Rien n’est… Cathy : Si c’est… »John (Tigran Mekhitarian, en alternance avec Achille Reggiani), Cathy (Marie Mahé) et Léa (Luce Busato) sont sidérés et ne trouvent pas les mots pour commenter un accident où ils ont laissé pour mort, Adam, leur tête de Turc : «Je veux dire, on rigolait juste, hein? On était tous, vous savez…Vous connaissez Adam, vous savez comment il est, donc on était là, enfin tu sais, à se moquer, enfin. » Ils voulaient juste le bousculer, pas le tuer…

Sur le plateau nu, les acteurs, sac à dos et en survêtement, se déplacent autour d’un banc. Quelque part entre banlieue et forêt. En fond de scène, une toile d’Ymanol Perset reproduit en gros plan,les doigts de Dieu et d’Adam tendus l’un vers l’autre dansLa Création d’Adam, l’une des neuf  fresques inspirées du livre de la Genèse que Michel-Ange a peintes sur le plafond de la chapelle Sixtine en 1511. Mais des doigts tout rouges 

comme les mains de John, Cathy et Léa. Désemparés, les trois  jeunes gens vont s’en remettre à Phil (Maxime Boutéraon), le caïd du lycée. Pour résoudre le problème, élabore un plan machiavélique qui se refermera sur eux comme un piège… Mâle dominant, il s’en lave les mains qu’il n’a pas grimées en rouge comme ses camarades: «C’est moi qui commande, dit-il. Tout le monde est plus heureux comme ça. Quel est le plus important; une seule personne, ou bien tout le monde? »

 Dennis Kelly pose un regard d’anthropologue sur cette tribu d’adolescents. «Il paraît que les bonobos sont nos cousins les plus proches, dit Léa, qui s’avère la plus lucide de la bande. «Les bonobos sont l’inverse des chimpanzés. Quand un bonobo se blesse la main, mais chez les chimpanzés probablement, on le chasse ou on lui arrache sa main, chez les bonobos, au contraire, ils viennent s’occuper de lui et ils ont l’air tout tristes qu’un des leur a mal. De l’empathie. C’est ça qu’ils ressentent, les bonobos. » Une infime différence d’ADN, selon elle, entre ces espèces. Et c’est justement une recherche d’ADN sur un homme accusé par les lycéens du meurtre d’Adam qui va faire basculer la pièce et qui lui a donné son titre.

«J’essaye de donner à voir ce que je ressens de ce monde, dit Marie Mahé. Si l’individu ne veut être ni un perroquet ni un singe, il lui faut savoir comment les hommes vivent et se comportent en commun.» Nous sommes invités à suivre les comportements opportunistes mais si humains de ces jeunes gens. Leur panique, leurs stratagèmes, leur lâcheté, leur solidarité et leur cruauté.
Marie Mahé a réduit le nombre d’acteurs de onze à quatre (de plus John et Adam sont joués par le même comédien) et a modifié la fin de la pièce, en la rendant plus ouverte et moins noire. Efficace et précise, la mise en scène demande aux acteurs un jeu à flux tendu qui confine parfois à la surenchère et au paroxysme. Ils ont tendance à crier et sur-jouer mais restent crédibles et donnent du punch à une œuvre que nous aurons toujours plaisir à lire ou entendre.

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 19 mars, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de Manœuvre. Métro : Château de Vincennes + navette gratuite. T. : 01 43 28 36 36.
La pièce est publiée par L’Arche éditeur.

 

Nous survivrons d’après L’Homme des bois d’Anton Tchekhov, traduction d’André Marcowicz et Françoise Morvan, mise en scène de Nathalie Béasse

 

Nous survivrons, d’après L’Homme des bois d’Anton Tchekhov, traduction d’André Marcowicz et  Françoise Morvan, mise en scène de Nathalie Béasse

Au départ, une pièce du grand dramaturge qui a été la matrice dix ans auparavant du fameux Oncle Vania avec des personnages proches. A l’arrivée, un spectacle-performance, au titre inspiré d’une réplique de cette pièce: «Nous allons vivre, oncle Vania, toi et moi.  »
L’ensemble tient surtout d’une performance artistique dans la lignée du dadaïsme conjuguée avec de courts extraits du texte original, dits, plutôt que joués, par une actrice et deux acteurs.
La performance artistique, qu’on le veuille ou non, est entrée depuis longtemps dans l’histoire de l’art contemporain avec des règles quasi immuables depuis quelque soixante ans: durée courte, aucune parenté avec la performance socio-économique aux notions de record et d’efficacité. Aucune véritable commercialisation ni codes scéniques habituels, petit lieu (souvent une galerie, une ancienne usine, un appartement vide, un sous-sol ou un parking comme récemment au T2G à Gennevilliers, avec des participants et un public en nombre limité, introduction fréquente d’une marche sur place et/ou de quelques pas de danse souvent répétitifs et face public, sous l’influence de chorégraphes comme Simone Forti, Trisha Brown, Yvonne Rainer, Steve Paxton, Lucinda Childs, musique enregistrée ou sur scène avec dans les années soixante les compositeurs John Cage, La Monte Young…  nombreux silences, peinture de fresque ou sous forme de jets, pas de lumière électrique ou des plus limitées… signification immédiate de l’action scénique à la suite de « l’action-painting » de Jacskon Pollock dans les premiers happenings d’Allan Kaprow qui se revendiquait « peintre d’actions », importance d’un champ visuel neutre mais avec séries d’objets identiques ou non, matières organiques : eau, sang, terre ou plutôt terreau, ou boue dès 56 avec Shozo Shimamoto, (Marcher là-dessus, s’il vous plait), du célèbre mouvement Gutaï japonais. Il y a une tendance actuelle où il s’agit de transmettre un texte limité et le plus souvent non théâtral, voire sans  absent.  Comme déjà en 1975 avec La Construction d’un fauteuil Louis XV par deux ouvriers tapissiers du Polonais Wieslaw Hudon sous l’influence entre autres de Grotowski. Une action de type scénique qui a à voir avec les arts plastiques, comme celles des New Yorkais du Wooster Group qui ont travaillé aussi de façon expérimentale sur Tchekhov, et en France, de Grand Magasin.

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Ici, un plateau au sol gris avec, au fond, un mur de papier blanc et côté jardin, une quinzaine de seaux en plastique noir alignés. Côté cour, une grande bâche recouvrant quelque chose, une belle table -plateau en bois et pieds inox comme ceux autour de cinq chaises-coque. Y sont attachées cinq baudruches: quatre blanches et une verte… Une jeune femme, assise dans le public, allume les cinq bougies d’un gâteau qu’elle posera sur la table  et elle les éteindra aussitôt. Et elle versera l’eau d’une carafe dans cinq verres (sans doute les cinq personnages évoqués?) puis coupera avec de petits ciseaux, les fils des baudruches qui s’en iront dans les cintres. Comprenne qui pourra… Mehmet Bozkurt, lui est né de parents kurdes en Turquie, Julie Grelet, à Abidjan de parents ivoiriens et Sorina Fabo, en France de parents guinéens. Ces jeunes acteurs qui ont apporté un trophée de cerf et un oiseau empaillé, se présentent et disent quels personnages ils vont figurer dans cette ébauche écrite dix ans avant Oncle Vania mais rarement montée, sinon par Roger Planchon avec, entre autres, Jean-Paul Darroussin, Laurence Causse… Mais bon,  ces jeunes interprètes  disent à peu près tous les rôles de leur sexe. Il y a ici Voïnitski, un velléitaire qui finira par se suicider, sa nièce la belle Sonia (qui dans Oncle Vania ne l’est pas vraiment…), Serebriakov, son beau-frère, un vieux professeur malade  et sa jeune épouse Elena qui fascine les hommes, Khrouchtchov, le médecin de campagne que l’on appelle le Génie de la forêt… « Il n’y a pas besoin de sujet, écrivait le grand dramaturge, la vie ne connaît pas de sujets, dans la vie tout est mélangé, le profond et l’insignifiant, le sublime et le ridicule. » « Dans tout ce qu’a écrit Tchekhov, avait dit le metteur en scène russe d’origine arménienne Georges Pitoëff (1884- 1939) qui le fit découvrir en France il y a un siècle déjà avec La Mouette, Oncle Vania puis Les Trois sœurs, vous ne trouverez pas un seul héros. Pas de héros. Tout Tchekhov est là. Il nous montre la vie telle qu’elle est. Il nous parle de ces hommes, de ces femmes que nous voyons partout et toujours. (…) Ce sont ces êtres-là que Tchekhov a choisis pour nous les montrer, pour nous dire que ces inconnus de la grande vie qu’il a profondément aimés sont dignes d’être vus de plus près, que c’est peut-être, précisément, dans leurs âmes que nous trouverons la «vraie » beauté, le« véritable amour ».

 Oui, mais après que faire avec cet Homme des Bois? Ici, dans une sorte de montage habilement tricoté,  Ils prennent des voiles en plastique que de gros ventilateurs gonflent puis s’en couvrent la tête. Avant d’enfiler les uns sur les autres des pulls, robes, vestes entassés sous la grande bâche… On pense bien sûr à Christian Boltanski et à ses accumulations de vêtements. Puis, ils les enlèvent. Et ils déplaceront la table plusieurs fois mais sans véritable raison. A un moment, les jeunes acteurs courent sur place face public, de longues minutes. Enfin, vieux stéréotype des performances, éclate une bagarre entre les deux jeunes acteurs avec de la tourbe qui couvrira le centre de la scène. Avant que tous les trois, ils alignent des seaux de peinture, gris bleu, vert tendre et vert foncé et se mettent à faire une sorte de mauvaise fresque sur la partie gauche du mur de papier. Tout cela est malheureusement, sous un vernis de modernité,  d’un redoutable conformisme…

Restent très bien dites, les phrases prophétiques d’Anton Tchekhov écrites il y a déjà plus d’un siècle : par la voix de Khrouchtchov: «Toutes les forêts craquent sous la hache, des milliards d’arbres sont tués, on change en désert les habitations des animaux et des oiseaux, les rivières baissent et tarissent, des paysages merveilleux disparaissent sans retour, tout ça parce que l’homme, dans sa paresse, n’a pas le bon sens de se baisser pour prendre son combustible dans la terre. Il faut être un barbare sans conscience pour brûler dans son poêle toute cette beauté, pour détruire ce que nous ne pouvons pas créer. »

Qu’a voulu faire Nathalie Béasse ? Monter comme des bribes de texte dans une forme courte mais en créant en même temps, une performance d’art plastique. «On est, dit-elle sur une sorte de mémoire du texte, ce qui ressort de ma lecture de L’Homme des bois, quels fragments, je garde et ce que j’en fais. Quand on efface presque tout, qu’est-ce qu’on a envie de dire sur tout cela :comment il faut sauver cette nature, sauver les relations, et être dans une écoute globale de notre monde… Le projet était d’avoir une forme courte et itinérante. »

Mais cette traversée de L’homme des bois par cette metteuse en scène formée à l’École des Beaux-Arts puis au Conservatoire à rayonnement régional d’Angers. Puis Nathalie Béasse s’est nourrie des apports du performing-art à la Haute École d’arts plastiques de Braunschweig en Allemagne, où enseigna la célèbre artiste et performeuse Marina Abramović dont on sent ici l’influence. C’est un travail bien fait avec de jeunes acteurs solides mais… qui ne fonctionne pas vraiment ! Ceux qui vont contre le vent ( 2022) (voir Le Théâtre du Blog) participait déjà d’un catalogue d’effets vus dans les happenings; avec, entre autres poncifs: espace vide avec lumière intense, bataille à coup de jets d’eau, giclées de peinture rouge sur un costume ou une surface blanche, introduction ex-abrupto de phrases dites ou lues. «Nous revivrons, dit Nathalie Béasse, propose une partition libre autour de ce texte, où l’important se joue entre les lignes, dans la poésie des corps et des silences.» On veut bien mais mais alors, pourquoi ne pas nous avoir proposé soit une vraie mise en scène ou une simple lecture, au lieu de procéder à un collage laborieux avec des éléments d’art plastique imposants. Cet ensemble à des fins sémiologiques avec comparaisons visuelles, fréquentes ellipses, répétitions, accumulations… ne fait pas très bon ménage avec l’expression théâtrale. Le groupe Mu dans les années quatre-vingt avait déjà bien montré que les images avec des couleurs, des formes, une texture étaient des signes pleins, et non la seule expression de signes figuratifs. Alors, comment arriver à les concilier avec ces bribes de texte? A l’impossible, nul n’est tenu, disaient nos grands-mères et cette « représentation » même si elle dure une heure quinze seulement, ne nous a pas convaincu et nous sommes resté sur notre faim. A vous de voir… si cela vaut le voyage chez madame Béasse.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 31 mars, Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris (XI ème). T. : 01 43 57 42 14.

Femme, Vie, Liberté: en soutien au peuple iranien

Femme, Vie, Liberté: en soutien au peuple iranien

 

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Depuis cinq mois, des mots synonymes de lutte et d’espoir pour ceux qui se battent pour leur liberté et pour leurs droits, au prix de leur vie et de celle de leurs proches. Masha Amini, une très jeune Kurde a été tuée par la police des mœurs le 16 septembre 2022 et un mouvement de protestation s’est alors emparé de toutes les villes.
Nombre de femmes descendues dans la rue, soutenues par les hommes, ont crié leur colère  contre le régime et à la loi instaurée depuis la révolution islamique de 1979. Réclamant plus de libertés, la fin du port du voile obligatoire et des changements profonds. Le régime répond par la violence, la répression, la torture et inflige aux personnes arrêtées de lourdes peines, voire parfois une condamnation à mort.

Depuis le début des émeutes, les galeries, centres d’art, fondations et théâtres sont à l’arrêt, refusant de normaliser la situation. En écho, les artistes iraniens et internationaux, entre autres, des graphistes, soutiennent ce mouvement révolutionnaire par la création d’images, affiches, vidéos d’animation ou pochoirs. En puisant dans la culture iconographique iranienne et le langage visuel international (comme les images de luttes à Cuba, ou mai 68 en France), ces artistes mêlent calligraphie perse, graphisme et codes visuels contemporains pour porter en images sur les réseaux sociaux, la voix de tous ceux qui, là-bas, risquent leur vie au quotidien.1.000 affiches seront distribuées gratuitement.

Philippe du Vignal

À partir du 8 mars, hall du Musée d’Art Moderne, avenue du Président Wilson, Paris (XVI ème).

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