Zypher Z par le Munstrum Théâtre, mise en scène de Louis Arene

Zypher Z  par le Munstrum Théâtre, mise en scène de Louis Arene

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© Jean-Louis Fernandez

Chaque saison, au Théâtre Public de Montreuil, Quartiers d’artistes: une carte blanche d’un mois à une équipe invitée.  Ce printemps, le Munstrum Théâtre, compagnie alsacienne dirigée par Louis Arene et Lionel Lingelser présentent plusieurs créations où musique, arts plastiques, danse, marionnette… se combinent pour des spectacles «monstres». Pour nourrir son imaginaire foisonnant, la troupe fonde sa recherche esthétique sur les masques, les costumes et nombre d’effets spéciaux… Zypher Z, co-écrit par Louis Arene, Lionel Lingelser et Kevin est sa dernière création en date.

Dans une société où les animaux ont pris le pouvoir et asservi humains et robots, Zypher, modeste employé d’un prospère institut de sondage, sous la férule d’une éléphante impétueuse, va d’humiliation en humiliation, jusqu’au jour où il donne naissance à un autre lui-même: Z. Ce double impétueux, au fil d’une série de péripéties carnavalesques retourne la situation. « Avec Zypher Z, dit Louis Arene, nous créons une dystopie rétro-futuriste qui évoque à la fois un monde passé, un monde d’après et une réalité parallèle où l’humain se trouve tout en bas de l’échelle.» Louis Arene, Sophie Botte, Delphine Cottu, Alexandre Éthève, Lionel Lingelser et Erwan Tarlet se démultiplient sous formes d’animaux, robots mais aussi de quelques humains, une espèce en voie de disparition…

Mathieu Lorry-Dupuy et Louis Arene ont imaginé une scénographie à géométrie variable : une tour de bureaux où se définissent, par déplacements d’éléments mobiles différents espaces de jeu:  toilettes, salle de réunion, toit-terrasse du soixante-dixième étage, ascenseur, sous-sols… Et grâce à des effets sophistiqués de lumières, machineries et draperies, un zoo hétéroclite se déploie sous le règne de l’éléphante à la trompe sensuelle: chatte voluptueuse, souris timides, sanglier grossier, chenille lente et solennelle, oiseau arrogant… Des robots domestiques – chacun doté d’un personnalité – les servent, obséquieux jusqu’à en perdre leurs boulons: Walter, le W.C. qui s’autonettoie ; une machine à café et un téléphone diligents, un aspirateur qui se bouche…

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©JeanLouisFernandez

Les masques de Louis Arene, Louise Digard et Carole Allemand et les costumes de Colombe Lauriot-Prévost sont vite enfilés en coulisse pour donner l’impression que les six interprètes sont une foule… Au dernier tableau, ils apparaissent dans leur nudité: six Z grouillant sous une pluie de peinture blanche se rassembleront en un être unique. Au terme d’un périple cauchemardesque dans le monde des non-humains, Zypher retrouve son intégrité et sa dignité perdues, sous l’injonction d’une voix venue d’en haut prophétisant : « Un jour un homme lira et tout recommencera (…)  Zypher, rassemble-toi, tu es multiple ».

Ce conte d’anticipation aux accents kafkaïens et grotesques est surtout prétexte à déployer une théâtralité délirante, à partir d’un travail technique et artistique méticuleux, et du jeu d’acteur. «Je vois mon travail comme un acte devant servir à réanimer le flamme de la joie », dit Louis Arene. Même s’il y quelques gags et clowneries un peu faciles et si l’on regrette certaines longueurs, Zypher Z invente un monde apocalyptique, étrange et cruel, avec un parti-pris poétique et décalé. « Un rire qui, selon le metteur en scène, tout comme la poésie et l’outrance, est pour le Munstrum la clef de la catharsis ».  Il y a ici l’essence même d’un théâtre populaire d’aujourd’hui.

Depuis 2017, Lionel Lingelser et Louis Arene sont artistes associés à la Filature de Mulhouse et, à compter de septembre 2023, aux Célestins à Lyon. Ne manquez pas leurs spectacles à Montreuil ou ailleurs.

Mireille Davidovici

Zypher Z du 4 au 12 avril, Théâtre Public de Montreuil, 10 place Jean-Jaurès, Montreuil (Seine-Saint-Denis). T. : 01 48 70 48 90.

Les Possédés d’Illfurth, du 14 au 22 avril et Clownstrum du 27 au 30, T.P.M.

Les 5 et 6 mai, Théâtre de Lorient (Morbihan) et du 19 au 21 mai, Théâtre en mai, Dijon (Côte-d’Or.


Archive pour 11 avril, 2023

Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, chorégraphie et interprétation de Sylvain Riéjou

Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, chorégraphie et interprétation de Sylvain Riéjou

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 Le titre, emprunté à une phrase d’Alfred Hitchcock, annonce la nature facétieuse de cette pièce destinée au jeune public. « C’est l’histoire d’un monsieur seul dans un théâtre qui cherche des gestes pour illustrer les paroles d’une chanson »,  dit le danseur. Par le truchement d’une voix, puis de ses doubles projetés en vidéo, il va, en quarante minutes interpréter ce qu’il appelle une chanson de gestes, en partant de clichés et en les détournant.

Une voix sévère, son alter ego directif, lui propose de danser sur l’air de Barberine (la fille d’Antonio le jardinier du comte Almaviva), dans LesNoces de Figaro . «  L’ho perduta… me meschina…/ ah, chi sa dove sarà?/ Non la trovo… E mia cugina…/ e il padron … cosa dirà? » La pauvre fille a perdu son aiguille, la cherche, ne la trouve pas et se demande ce que dira sa cousine et son patron….

Sylvain Riéjou enchaîne des mouvements évocateurs, tancé ou encouragé par son mentor. Apparaissent à l’écran, après ce double vraiment pas commode, la cousine en tenue légère, le patron… Ces figures se démultiplient et voici notre danseur débordé par ces personnages virtuels. Puis après de multiples recherches et anicroches, il danse sur la chanson.

Suite à ce divertissant solo, l’artiste propose aux enfants d’illustrer une autre chanson, décomposant les mouvements sur les paroles de Résiste de France Gall et Michel Berger dont le refrain résonne d’une manière toute particulière aujourd’hui: « Résiste /Prouve que tu existes/  Cherche ton bonheur partout, va/ Refuse ce monde égoïste/ Résiste (…) / Bats-toi, signe et persiste/ Résiste ». Les enfants se font un plaisir d’interpréter cette courte danse.

 Inventif et drôle, Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver laisse entrevoir aux jeunes quel est le travail corporel d’un danseur, et la rigueur que demande la moindre chorégraphie . Il leur expose aussi les fondamentaux du sixième art: rapport à l’espace, travail du rythme, qualité de mouvements, précision du geste, importance de l’interprétation, relation à la musique, etc. Une manière généreuse de transmettre.

 Mireille Davidovici

 Spectacle présenté dans le cadre du parcours Enfance-Jeunesse vu le 4 avril au Théâtre de la Ville, Espace Cardin, 1, avenue Gabriel, Paris ( VIII ème). T. : 01 42 74 22 77.

 

 

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