Un Sentiment de vie de Claudine Galea, mise en scène de Jean-Michel Rabeux

Un Sentiment de vie de Claudine Galea, mise en scène de Jean-Michel Rabeux

Reprise de la dernière pièce qui avait déjà été jouée au Théâtre de la Bastille (voir Le Théâtre du Blog) Claude Degliame joue une autrice. Bien après la mort de son père, elle lui dit combien elle l’aimait. «Mais cette pièce raconte d’abord la relation entre deux générations, dit Jean-Michel Rabeux. Et, comme dans tant de familles, on parle de politique pour taire son affection. Le père est un militaire des guerres coloniales, pied-noir, réac, comme on dit. Mais ce père doux et pudique est terriblement vivant, drôle et joyeux.»

Et en filigrane, il y a l’ombre des événements d’Algérie, pour ne pas dire une guerre qui aura marqué plusieurs générations à la fois dans ce pays et dans la France profonde. Ici, avec parfois un père et une mère qui était pour l’indépendance. «On dit peu l’amour ressenti envers son père ou sa mère. Un amour inconditionnel quand il existe. Un amour affectif et physique. » 

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Mais il y a aussi des allers et retours entre Lenz et Büchner sur le plateau, un fauteuil Voltaire noir où est assise Claude Degliame. A ses côtés, un homme en costume noir, chaussures à talon style XVIII ème, bas blancs et tricorne, immobile face public appuyé sur une canne droite et un rideau de fils qui servira d’écran où on le voit aussi parcourant une forêt enneigée: une présence étonnante, celle de l’acteur et musicien Nicolas Martel qui chante, siffle des airs ou joue quelques notes à la guitare.
Et ensuite une incursion dans 
 My Way qui se réfère a la chanson de Frank Sinatra qu’écoutent dans la voiture, la fille et son père qu’elle emmène à l’hôpital. Vers la fin, Claudine Galea parle aussi la mort d’artistes peintres mais aussi d’écrivains et dramaturges qui l’ont touchée: «Virginia Woolf remplit ses poches de pierres et entre dans la rivière l’Ouse, ou Sarah Kane se pend avec ses lacets dans la salle de bains à l’hôpital London’s King College. »
Le texte de Claudine Galea part dans tous les sens et c’est formidable : vie et  mort omniprésentes, images de neige revenant en boucles obsédantes comme le passé et le présent, la folie de Lenz et la sagesse. Elle a rencontré l’auteur allemand Falk Richter qu’elle évoque ici, et elle va comme lui, écrire sur ses parents dans My secret Garden, trois mots répétés comme pour mieux exorciser un récit parfois douloureux.
L
e metteur en scène maîtrise parfaitement cette écriture si particulière à laquelle, malgré quelques longueurs, on ne peut rester indifférent. Et il y a la remarquable interprétation de Claude Degliame, à la voix et à la diction si particulière. Un petit (soixante minutes) mais grand spectacle et tout à fait réussi. Jean-Michel Rabeux dit qu’il va arrêter la mise en scène. Si c’est vrai, dommage! Mais il aura au moins quitté son métier avec panache…

 Philippe du Vignal

Le LoKal, 3, rue Gabriel Péri,  Saint-Denis ( Seine-Saint Denis).

 

 

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