Counting stars with you (musiques femmes), chorégraphie de Maud Le Pladec
Counting stars with you (Musiques femmes), chorégraphie de Maud Le Pladec
Les six interprètes entrent en lente procession, chœur dansant et chantant: « Je pars toujours de la musique, dit la chorégraphe». Résolument féministe, elle explore ici un matrimoine musical effacé de l’Histoire, en alternance avec des créations actuelles.
Un doux Stabat Mater , les sonorités populaires des femmes de Blera (Italie) et de Giovanna Marini, les harmonies byzantines de Kassia à Constantinople, les cantates baroques de Barbara Strozzi. Mais aussi les accents de l’activiste féministe indo-américaine Madame Gandhi, la techno d’Anna Caragnano et Donato Dozzy, ou d’ Elysia Crampton… Sans oublier la classique Clara Schumann, la performeuse Laura Steenberge ou Beautiful Chorus, MT. Sims, Planningtorock et The Knife, Chloé… Sur des arrangements de Chloé Thévenin, ce labyrinthe sonore est livré en vrac, sans chronologie ni signatures, selon la dramaturgie de Maud Le Pladec et Tom Pauwels de l’Ensemble Ictus.
Comment chanter, danser et courir, en même temps? Un autre pari de la chorégraphe qui développe un langage corporel s’articulant avec la voix, le souffle, le chant et les sons. Régis Badel, Chandra Grangean, Pere Jou, Andréa Moufounda, Aure Wachter, Solène Wachter (en alternance avec Esther Bachs, Alice Lada, Margarida Marques Ramalhete, Soa Ratsifandrihana) sont à l’écoute les uns des autres. Dans les costumes sobres à dominante noir et rouge de Christelle Kocher, ces interprètes dessinent un ensemble harmonieux, avec, pour chacun, l’occasion d’avoir son propre style et se déchaîner sur les plages musicales plus agressives.
Le spectacle procède par vagues, alternant parties chorales fluides et «battles» de danse urbaine, jusqu’au climax final sur les percussions furieuses de Lucie Antunes. Les interprètes obéissent ici à une partition immuable, tout en laissant libre cours à leur énergie.On retrouve ici la structure en crescendo de Static Shot créé au Ballet de Lorraine (voir Le Théâtre du blog) et qui sera présenté cet été au Musée du Louvre dans le cadre de l’Été à Paris.
Créée en juillet 2021 au festival Montpellier Danse, cette pièce est un manifeste féministe pour Maud Le Pladec, directrice du Centre chorégraphique d’Orléans qui milite contre l’effacement des musiciennes, de l’Histoire, mais aussi contre l’absence criante de femmes à la tête des C.C.N. Selon une étude publiée récemment par leur Association, cette année elles ne sont trois sur dix-neuf! Il y avait parité il y a quinze ans (voir Le Théâtre du blog). A Orléans, Maud Le Pladec essaye d’inverser la tendance en soutenant en priorité des artistes comme Nina Santes.
Mireille Davidovici
Spectacle vu le 14 avril, Le Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, Paris ( IV ème) T. : 01 83 81 93 30.
Le 23 mai, Les Quinconces, L’Espal, Le Mans (Sarthe).