Louise, elle est folle de Leslie Kaplan, mise en scène d’Esther Wahl
Louise, elle est folle de Leslie Kaplan, mise en scène d’Esther Wahl
Qu’est-ce qui ne va pas chez l’autre? Lui, s’enferme dans des comportements où, en aucun cas, ne se reconnaîtraient les deux interlocutrices qui habitent le plateau : accumuler les achats compulsifs, voyager sans voir le pays que l’on est censé visiter parler par clichés, vouloir gagner à tout prix.
Exemple : relever le pari de manger des cafards qui prendront une certaine importance au fil de la pièce. Donc, elles s’acharnent : Louise, « elle est folle ». Le mot lâché, la folie gagne tout le plateau (petit, mais bien occupé), les mots et les corps pris dans un engrenage imprévisible.
Un parti pris affirmé : cette folie règne sur un cabaret spectaculaire que l’équipe voudrait « solaire »), avec les costumes élaborés de Salomé Romano et les maquillage à l’avenant de Louna Doussaint. Un diable noir (qui pourrait bien se révéler un cafard géant), une silhouette hyper-féminisée dans une crinoline dorée et des seins pointus façon Madonna via Gaultier, un travesti danseur-acrobate s’attaquent à une modeste “Louise“ qui prend son temps avant d’apparaître. Le parti-pris est-il juste? À voir… La réalisation, très soignée, fait appel à la performance, à la musique, à la danse et à une esthétique drag queen mais évite toute forme de naturalisme…
Le texte s’est un peu beaucoup perdu en route. Tant pis, dira-t-on, même si on regrette la comédie du langage espérée. Subsistent la drôlerie, la «méchanceté générale, quand ça va mal dans la société » et un engagement physique sans faille des interprètes. Un beau travail de cette jeune équipe qui occupe avec aisance le petit plateau des Déchargeurs. Pour la dramaturgie, au public de se débrouiller…
Christine Friedel
Jusqu’au 22 avril, Théâtre des Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, Paris (Ier). T. :01 42 36 00 50.