MADAM, conception et mise en scène d’Hélène Soulié

MADAM, conception et mise en scène d’Hélène Soulié

MADAM, conception et mise en scène d’Hélène Soulié dans actualites madam3marie-clauzade

MADAM#3©Marie Clauzade

Ce Manuel d’Auto-Défense À Méditer (MADAM) en six épisodes d’une heure chacun, porte sur les questions agitant les milieux féministes. Influencée par Les Guérillères de Monique Wittig, la metteuse en scène explore les savoirs et paroles dominantes et fixe des stratégies pour déjouer les injonctions de la société patriarcale, blanche, post-coloniale où l’hétérosexualité est la norme.
Un voyage de quatre ans à la rencontre de femmes de tous milieux et professions, identifiées comme «pionnières» ou «trouble-fête». Des écrivaines comme Marine Bachelot Nguyen, Marie Dilasser, Mariette Navarro, Solenn Denis, Claudine Galea, Magali Mougel. Six solos réalisés par Hélène Soulié ont été confiés chacun à une actrice. Ils ont aussi été mis en lumière par des chercheuses en sciences, sociologie, études de genre, philosophie qui ont été invitées sur le plateau dont Maboula Soumahoro, Rachele Borghi, Eliane Viennot et Delphine Gardey.

Ces pièces peuvent être jouées séparément ou à la suite. Certaines plus théâtrales, d’autres plus pédagogiques mais toutes pouvant ouvrir des débats. Et quelques-unes abouties théâtralement avec une mention spéciale à MADAM#5 Ça ne passe pas (Quelque chose qui vaut mieux que soi ) de Claudine Galea dont la mise en scène se démarque des autres modules (voir Le Théâtre du Blog) .

MADAM# 1 Et-ce que tu crois que je doive m’excuser quand il y a des attentats? de Marine Bachelot Nguyen

Une pièce qui donne un ton polémique à la série avec la question du foulard des musulmanes. Arborant un seyant hijab rouge, Lenka Luptakova donne voix aux femmes d’une association rennaise et évoque l’absurdité des lois l’interdisant et elle revendique la liberté de le porter ou pas. A sa suite, la chercheuse en « French diaspora studies», Maboula Soumahoro dénonce= « une entrave à la liberté de culte et une ségrégation d’Etat.(…) Le racisme efface l’humanité. ». Et avec sa couleur de peau, elle est bien placée pour le savoir.

MADAM#2 Faire le mur ou comment faire le mur sans passer la nuit au poste ? de Marie Dilasser

Un portrait tonique d’un couple de graffeuses. Christine Braconnier s’empare de ces deux personnages queer, intrépides, défiant la loi, la nuit et le vertige pour aller bomber, peindre et coller…. La ville est à elles : elles placardent des foufounes sur les murs et les trains: «Elles ont des oreilles, les murs ont des foufounes. »
A partir de ce monologue drôle et efficace, la géographe, activiste et militante queer, Rachele Borghi parle d’ “empuissancement“ : «Je ne veux pas le pouvoir, je veux de la puissance pour changer le monde. Et de la tendresse radicale que j’ai apprise dans le post-porn,un mouvement politique artistique qui travaille sur le changement de l’imaginaire sur la sexualité.Et il est important de faire exploser les normes à travers le corps. Comme le font les graffeuses.»

MADAM#6 Et j’ai suivi le vent… de Magali Mougel

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MADAM#6 © Marie Clauzade

Il était une bergère : non celle de la chanson mais une jeune femme d’aujourd’hui « Les filles n’ont rien à faire dans le collines », dit-on. Elles sont «des putes des fougères ». Marion Coutarel incarne une jeune citadine ensauvagée, en dialogue avec les arbres et les brebis, chiens, aigles et loups… Un texte joliment bucolique, inspiré de Sorcières La Puissance invaincue des femmes de Mona Chollet. La metteuse en scène invite à la table de la bergère sous forme de vidéos, Marguerite Duras et Agnès Varda, pour un festin cannibale…
Hélène Soulié, formée à l’E.N.S.A. de Montpellier, a implanté sa compagnie EXIT, dans la région. Entre fiction et documentaire, MADAM s’inscrit dans une démarche avec, pour slogan, celui des féministes des années soixante-dix: «Une seule solution :autre chose!» Cette membre active du mouvement H.F. qui prône l’égalité professionnelle dans les arts et la Culture (voir Le Théâtre du blog), poursuit son engagement militant dans plusieurs mouvements, au carrefour de ces luttes.

La metteuse en scène propose au musée Fabre à Montpellier Les Fabuleuses, un cycle de conférences pour repenser notre rapport à l’art, au regard de la création intellectuelle féministe. Son prochain spectacle Peau d’âne-La Fête est finie de Marie Dilasser. Une artiste à suivre.

Mireille Davidovici

Spectacle vu au Théâtre Molière-Scène Nationale Archipel de Thau, avenue Victor Hugo, Sète (Hérault). T. : 04 67 74 02 02.

 Madam L’Intégrale sera publiée en juin aux éditions Deuxième époque.


Archive pour 21 avril, 2023

MADAM#5 Ça ne passe pas (Quelque chose qui vaut mieux que soi )de Claudine Galea, mise en scène d’Hélène Soulié

MADAM#5

MADAM#5 - visuel 3 1

© Marie Clauzade

Ça ne passe pas (Quelque chose qui vaut mieux que soi) de Claudine Galea, mise en scène d’Hélène Soulié

 Dans le cadre de son Manuel d’Auto-Défense À Méditer (M.A.D.A.M.), autour des questions agitant les milieux féministes, la metteuse en scène est allée à la rencontre de celles qu’elle nomme les «guérillères» en référence au titre d’un roman de Monique Wittig : «Pendant quatre ans, j’ai collecté des récits, témoignages, parcours de vie et paysages sonores, j’ai interviewé des pionnières ou « trouble-fête » mais aussi des chercheuses. J’ai invité des auteures et des actrices.»
Pour construire cet épisode n° 5, Hélène Soulié est allée à la rencontre de femmes-marins portant secours aux migrants en détresse. Elle en a confié l’écriture à Claudine Galea qui a enquêté auprès de ces navigatrices à bord du bateau de sauvetage Louise Michel.

En fond de scène est projetée l’mage d’une plage de sable, paradis des vacanciers. Lenka Luptáková dit toute l’indignation de l’autrice devant la Méditerranée de son enfance, devenue un cimetière : les bateaux de ceux qui fuient leurs pays sombrent toujours! Claudine Galea lance l’alerte. Par la voix d’une navigatrice, elle nous questionne: comment acceptons-nous de voir perdurer une telle inhumanité quand, face à l’urgence de sauver des vies, ne répond pas l’obligation d’appliquer le droit maritime fondamental?

Apparaissent à l’écran Claire et Marie Faggianelli filmées par Hélène Soulié: leurs récits de sauvetage en mer croisent le manifeste poignant de Claudine Galéa évoquant aussi les capitaines allemandes du Sea Watch 3, Pia Klemp et Carola Rackete, accusées par l’Italie, de crime de guerre et risquant vingt ans de prison pour avoir recueilli des migrants en détresse.
On entend énoncer, pas à pas, une opération, réalisée par ces héroïnes de l’ombre. Chaque jour, elles récupèrent des hommes, femmes et bébés, souvent entre la vie et la mort, défiant les gardes-côtes libyens chargés d’arrêter les migrants. «Le faire, dit l’une d’elles, c’est normal.»

Pour Claudine Galea, «La Méditerranée est un MUR !» Et elle ne se baignera plus dans ces eaux où, petite fille, elle a appris à nager. Cinquante-cinq minutes de vérités brutales dans une langue claire. La mise en scène fluide et imagée nous transmet l’émotion de l’auteure, grâce à une direction d’actrice sans effets ni pathos. Entre fiction et documentaire, Ça ne passe pas nous offre un moment poignant de théâtre. Et de littérature.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 15 avril, au Théâtre Molière-Scène Nationale Archipel de Thau, avenue Victor Hugo, Sète (Hérault) T. : 04 67 74 02 02.

Ça ne passe pas de Claudine Galea est publié aux éditions Espaces 34.

 

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