La Viet nam magic company de Nguyễn Vũ Thế Trường
La Viet nam magic company de Nguyễn Vũ Thế Trưo’ng
Il s’est intéressé à la magie à cinq ans. Influencé par les tours que lui montraient les enfants du quartier et par des films hong-kongais. Il a alors commencé à apprendre des tours simples, à partir de livres de magie pour enfants et les montrait aux jeunes. Au début des années 2000, cet art n’était pas très populaire au Vietnam. Et se procurer tours et accessoires de bonne qualité n’était pas facile et il se servait des objets du quotidien : élastiques, jeux de cartes chinois, etc.
«Au lycée, un ami a utilisé le jeu Svengali devant moi. J’étais vraiment impressionné : pour la première fois, je voyais des tours aussi incroyables exister vraiment et non à la télévision. Cet ami m’a alors mis au défi de découvrir le secret d’un tour. Et sans l’aide de Google et YouTube (qui n’étaient pas très connus chez nous à cette époque), je l’ai découvert. Mon ami m’a emmené dans la seule boutique de magie d’Hanoï et j’ai vraiment vu des merveilles. Après ça, j’ai commencé à apprendre, en y achetant des tours et accessoires et le propriétaire m’aidait à les faire. Mon ami et moi apprenions ensemble, que ce soit sur Internet, à la télévision ou dans cette boutique. Puis, nous avons rencontré un groupe de jeunes passionnés et ensemble nous avons monté un club d’apprentissage.
À dix-huit ans, j’ai commencé à travailler comme vendeur et démonstrateur dans cette boutique et j’ai alors eu accès à une grande variété d’accessoires et tutoriels. Mais dommage cette boutique a fermé. J’ai ensuite travaillé pour une autre de 2014 à 18. Je suis aussi connu par de nombreux magiciens, comme principal vendeur dans l’un des très rares magasins au Vietnam. En parallèle, de nombreux clients m’ont embauché pour présenter des spectacles ou enseigner la magie. »
À vingt-trois ans, il avait travaillé assez longtemps dans ce domaine et a compris que, dans son pays, cet art n’obtenait pas la reconnaissance qu’elle méritait : goût du public, manque de créativité des artistes et d’éthique professionnelle dans la communauté magique à cette époque. Il a alors quitteé son travail à la boutique et a passé un an à réfléchir au développement de la magie dans son pays.
Ensuite Nguyễn Vũ Thế Trường a essayé de trouver des opportunités ailleurs en essayant d’appliquer les compétences de cette discipline et cela l’a beaucoup aidé. Il y a trois ans, un célèbre magicien vietnamien l’a invité à rejoindre sa compagnie, mais après trois mois, il découvert que ce n’était pas l’endroit idéal pour développer la magie car cet homme faisait aussi des affaires dans de nombreux autres domaines.
Il est alors parti et a créé sa propre entreprise. Il a travaillé de nombreuses années, faisant et enseignant la magie de rue, de scène et de grandes illusions,. Mais il a vite compris que sa mission était d’inspirer les autres et d’organiser des réunions communautaires. Et il a fondé un club en 2014, ce qui marqué le début du développement de cet art au Vietnam.
« Aujourd’hui, la vingtaine de jeunes magiciens connaissent ou participent à nos activités. Truong Cong Tuan, très influent sur les réseaux sociaux, a déjà remporté le premier prix d’un concours que nous avons organisé en 2012, alors qu’il avait dix-neuf ans. J’ai été directeur exécutif chez Vietnam Magic Company, pour aider les magiciens à créer des spectacles et j’enseigne actuellement à l’école bilingue internationale Hanoï Academy.
Avant les années 2000, être magicien n’était pas commode et seul un très petit nombre travaillait dans les fédérations de cirque dirigées par l’État. Le lent développement d’Internet au Vietnam a rendu très difficile l’accès à la culture magique et sa seule approche passait par certains livres pour enfants mais de très mauvaise qualité. À partir de 2008, elle a commencé à se développer ici avec l’apparition de clubs, boutiques et par avoir un accès privilégié à la magie dans le monde via Internet. « Mais, dit-il, nous sommes très en retard. A cause de l’absence de culture du divertissement et d’un manque de créativité chez les artistes qui dépendent d’accessoires chinois bon marché. Notre profession ne reçoit pas assez de considération et nous n’avons pas de revenu stable. Et de nombreux artistes talentueux doivent abandonner leur carrière. »
La Vietnam Magic Company a été créée en 2021, avec la volonté d’ aider à construire des numéros et faire en sorte que la société connaisse mieux la magie. Il faut aussi convaincre les artistes d’abandonner les performances stéréotypées et d’imiter presque à 100% le répertoire mondial. « Nous les aidons, dit Nguyễn Vũ Thế Trường , à créer leur spectacle et à s’adapter à la majorité des publics. Nous faisons de notre mieux pour créer du travail, des revenus et la reconnaissance que ces artistes méritent. À ce jour, nous sommes la première et la seule entreprise professionnelle au Vietnam. J’ai très vite réalisé que la magie peut aussi devenir un outil avec un ensemble de compétences pour n’importe quel autre travail. Donc il faut former et soutenir des professionnels et nous organisons aussi des cours pour enfants et amateurs, pour qu’ils aient la magie comme passe-temps et qu’il l’ancrent dans la société vietnamienne.
Et nous souhaitons aussi devenir un fournisseur d’accessoires, en signant des contrats avec nos principaux collègues dans le monde. Mais à l’heure actuelle, cela ne s’est pas encore réalisé. Le vol des droits d’auteur, la contrebande d’accessoires et le téléchargement illégal de vidéos au Vietnam sont toujours d’énormes problèmes quand on veut développer un système transparent et une économie saine. »
Nguyễn Vũ Thế Trường a été influencé par David Copperfield qui a inspiré plusieurs générations et son répertoire comme ses mise en scène ont marqué le monde de façon admirable. Et il pense que beaucoup d’autres, au Vietnam ou dans le monde, sont très impatients de réaliser les mêmes tours que lui. «Une autre personne qui m’a inspiré est « le magicien des magiciens » Daryl Easton. En plus de sa façon de jouer, délicate et impressionnante, il avait une compréhension très profonde de cet art et une manière à lui de le transmettre. Ses tutoriels sont tous fondés sur une analyse approfondie et des explications précises. Il savait comment attiser la passion d’apprendre la magie aux autres. »
Nguyễn Vũ Thế Trường trouve que le style le plus attrayant est celui adapté à la culture de chaque région et quand on utilise des objets de la vie quotidienne. Et il préfère les bonnes surprises et l’humour, plutôt que les performances où on crée une tension et un mystère. D’une famille militaire et sportive, il avoue ne pas trop savoir d’où viennent ses influences artistiques. «Je pense, dit-il, que je poursuivais simplement les rêves d’un enfant et adulte, j’étais passionné par la recherche, l’apprentissage, l’impression des autres et l’inspiration. »
Quel conseil à un débutant ? «Vous pouvez faire ce que vous aimez et le maîtriser, mais vous devez faire passer les attentes du public en premier. Il ne se souciera jamais que vous ayez dépensé dix ans ou dix jours, dix millions ou dix dollars. Et il ne vous aimera, que si votre spectacle l’impressionne. Concentrez-vous donc sur la façon dont vous présentez un numéro, plutôt que sur sa réalisation. »
« En plus, dit-il, je suis aussi chef d’entreprise mais le contexte mondial n’est vraiment pas simple. Après la crise du covid 19, il y a maintenant une crise économique et la guerre en Ukraine. Et toute l’industrie du divertissement et de la magie en particulier, sont affectées. A cause des réseaux sociaux et télécommunications, nous avons plus tendance à apprécier l’art sur les écrans.
Mais c’est un grand défi pour nous : les gens ne passent plus de temps à aller voir des spectacles. Et quand les effets vidéo ressemblent de plus en plus à la réalité, les illusions créées par la magie n’auront plus autant la même valeur qu’autrefois. La technologie a changé la façon dont les gens interagissent les uns avec les autres .
Notre art doit aller dans la bonne direction pour être largement connu et reconnu. En dix ans, nous avons vu beaucoup de tours sur des applications mobiles et arriver la magie numérique et les hologrammes, l’interaction avec des écrans LED… La magie devra continuer à évoluer et s’adapter plus vite..
Pour un petit pays comme le nôtre en développement après une guerre, les gens, dit-il ont besoin d’accéder aux arts et divertissements. Mais s’ils n’apprécient pas les disciplines artistiques, votre spectacle, aussi unique soit-il, n’aura pas de valeur pour lui. Et de nombreux jeunes magiciens abandonnent. Il faut donc être bien conscient de la culture de son public, avant de décider ce qu’il doit, ou peut faire. Au Vietnam, quand vous disiez à quelqu’un que vous vouliez lui montrer un tour, sa première réaction était de serrer son portefeuille et de rester loin de vous, même dans un endroit public. Je dois remercier les applications TikTok et YouTube: elles ont aidé de plus en plus de gens à connaître et à être curieux de la magie. »
Nguyễn Vũ Thế Trường étudie aussi les modèles commerciaux et financiers: c’est aussi un homme d’affaires… Il apprend le fonctionnement des réseaux sociaux pour les exploiter dans sa profession. Il participe aussi à des programmes de formation et pendant son temps libre, il aime jouer au billard…
Sébastien Bazou
Interview réalisé à Dijon le 30 mars.
https://hocvienaothuat.vn/ao-thuat-gia-the-truong/