N’habite pas à l’adresse indiquée d’Anne-Clotilde Rampon et Idir Chender, mise en scène d’Idir Chender

N’habite pas à l’adresse indiquée d’Anne-Clotilde Rampon et Idir Chender, mise en scène d’Idir Chender

Dans leur studio, un jeune couple, Marie et Adam  passent beaucoup de temps à être ensemble sur un petit canapé mais la moindre chose dégénère vite en querelle. Sur l’air bien connu de: jamais avec toi mais jamais sans toi. Un paquet à la bonne adresse sans être à leur nom  mais à celui de Schaeffer, arrive dans leur boîte aux lettres où il est maintenant curieusement inscrit. (On ne voit pas bien comment il peut passer dans cette boîte mais bon!) Visiblement, une erreur de livraison. Mais alors, arrivera aussi bizarrement une bonne vingtaine d’autres paquets qui vont occuper l’espace d’Adam et Marie.  La meilleure  séquence de cette pièce et qui fonctionne bien.

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«Quand le repli sur soi devient la norme, que reste-t-il de nos humanités? En mêlant questionnements existentiels et situations de comédie,disent ses auteurs ,nous avons eu envie d’écrire une pièce jouissive à interpréter pour des acteurs, un numéro de duettistes qui demande de l’énergie et du rythme. Comme les héros d’Hanokh Levin dans Une laborieuse entreprise, mais avec vingt ans de moins et un Alzheimer précoce, Adam et Marie sont confrontés à leurs peurs, leurs défauts, bref, à leur humanité.»

Les auteurs ont été influencés par les univers fermés d’Eugène Ionesco: Les Chaises et Amédée ou comment s’en débarrasser. Mais aussi par Harold Pinter dont Le Monte-Plats a été récemment monté sur cette même petite scène. Ou, comme ils le disent, par Hanock Levin avec Une laborieuse entreprise. Mathilde Weil et Idir Chender sont sympathiques, ont une diction irréprochable, de l’énergie à revendre et une belle présence: les profs des Conservatoires dont Nada Strancar, ont fait leur boulot.
Oui, mais voilà, la direction d’acteurs n’est pas au rendez-vous: Idir Chender crie trop souvent et inutilement, la mise en scène manque de rythme et il y a des longueurs… En fait, la dramaturgie qui fait allusion à des univers parallèles, et au métavers désignant des espaces numériques rendus plus vivants par l’utilisation de la réalité virtuelle ou augmentée, est un peu légère.
Le texte appartient plus à ce qu’on appelait autrefois un lever de rideau, c’est à dire une piécette…
N’habite pas à l’adresse indiquée a du mal à démarrer avec ces petites querelles entre amoureux qui font long feu. Cela commence en fait, quand les paquets  arrivent Et ce qui pourrait être un très bon sketch comique, ne tient pas tout à fait la route sur une heure et il faudrait absolument resserrer le texte. Donc à suivre, mais pas facile de faire progresser un spectacle quand il est joué un jour par semaine…Les temps sont difficiles pour les jeunes auteurs et metteurs en scène…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 10 juin, le samedi à 19h, Théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne, Paris (XI ème). T. : 01 40 09 70 40


Archive pour 24 avril, 2023

Au Bord de Claudine Galea, interprétation et mise en scène de Marine Gesbert

Au Bord de Claudine Galea, interprétation et mise en scène de Marine Gesbert, regard artistique de Christophe Patty

Cette pièce avait été lue à La Mousson d’été, dirigée par David Lescot avec Nathalie Richard en 2011, et a depuis souvent été  mise en scène; comme, sur le même thème, le monologue de George Brant, Clouée au sol, magistralement joué par Pauline Bayle (voir Le Théâtre du Blog).
Claudine Galea a écrit ce texte, à partir de la célèbre photo qu’on a vue en 2004 dans le Washington Post. Lyndie England, une soldate américaine tient en laisse un prisonnier nu allongé par terre, dans une prison à Abou Ghraib pendant la seconde guerre d’Irak
: «J’ai reçu l’instruction de personnes gradées de me mettre debout là, tenir cette laisse, regarder l’appareil photo ».
Elle fut condamnée à trois ans de prison. Un exemple entre autres, des nombreux viols, sévices, humiliations sexuelles, tortures à l’électricité, etc. subies par les détenus… Bravo l’armée américaine et George Bush!
L’image a beaucoup touché Claudine Galea qui a essayé en vain d’écrire un texte puis elle a lu
En laisse de Dominique Fourcade qui traite de ce même scandale et, en 2005, elle a repris un travail d’écriture. «Ce n’est pas, dit-elle, une pièce de théâtre au sens habituel du terme, encore qu’aujourd’hui le théâtre soit « off limits » pour reprendre le titre d’une magnifique pièce d’Arthur Adamov. Mais c’est un texte pour la scène, c’est un texte à porter en public. »
Claudine Galéa reste obsédée par l’image de cette jeune soldate et voit aussi se réveiller chez elle
des blessures intimes et la relation compliquée qu’elle a eu avec sa mère qui l’a brutalisée et humiliée.
«Je suis cette laisse,
dit-elle. (…) « Je suis cette femme qui regarde cette femme qui tient en laisse un corps. Un corps nu. (je crois que le corps est nu).
Je suis cette femme dans la contemplation de cette femme qui tient en laisse un homme nu. (je crois que c’est un homme) Je ne regarde pas l’homme. Je ne regarde pas la victime.Le mec traîné au sol. C’est elle que je regarde. Je la regarde elle son corps lisse imberbe ses cheveux courts son treillis ses bottes. On dirait un garçon mais je sais je le sais depuis mon ventre que c’est une fille. J’écris au bord. Je n’y arrive pas. Je reste au bord. Je reste à côté de la fille. Je suis la fille. A côté de la fille il y a l’homme. Je ne suis pas l’homme. Je suis debout tout contre la fille. Je m’attache à la fille. Je suis cette laisse en vérité. Je suis cette fille que la fille tient au bout de sa laisse. »

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Dans une seconde partie, l’autrice évoque une récente rupture douloureuse avec une fille qu’elle a profondément aimée. Mais elle nous parle aussi de sexe et de sa passion pour le corps féminin.
Avec une série d’anaphores: «Je pense que… elle nous ouvre à un texte libre et poétique, intime, érotique e
t parfois très cru; l’autrice confesse dans une rêve éveillé ou sous une sorte d’hypnose, des fantasmes érotiques et obsessions…

Comme l’écrivait notre amie Christine Friedel dans Le Théâtre du Blog : «C’est impressionnant, souvent très beau, parfois ardu. (…) C’est de la pensée, de la poésie en actes. C’est une écriture qui déplie sans cesse les recoins de l’image, des sens, des passions, de la pensée même sur ces images, sentiments et sensations. »
Pour rejoindre l’intime, s’éloigne de plus en plus le motif premier: cette terrible image grise et un peu floue qui sur l’écran,continuera à flotter en permanence derrière Marine Gesbert. Cette jeune actrice s’est dirigée elle-même et interprète de façon remarquable ce texte difficile mais la scénographie bi-frontale qu’elle a conçue, n’est pas adaptée à cette pièce intimiste! Elle se déplace trop souvent d’un endroit à un autre, et cela nuit à son jeu…
Malgré cette réserve, allez voir Marine Gesbert que nous avions déjà repérée quand elle était au Conservatoire National. Rigueur du jeu, gestuelle et diction impeccables, intelligence du texte et sensibilité: cette jeune actrice est tout à fait intéressante et ira loin…

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 22 avril, au Théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne, Paris (XI ème). T. : 01 40 09 70 40.

 

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