Yé ! (l’eau), par le Circus Baobab, mise en scène de Yan Ecauvre

 Yé ! (l’eau), par le Circus Baobab, mise en scène de Yan Ecauvre

Une compagnie créée en 1998 à Conakry. Avec, à l’origine, un film de Laurent Chevallier. Une rencontre inédite entre la culture guinéenne et les techniques éprouvées du cirque occidental, avec en particulier l’aide de Pierrot Bidon qui a codirigé le fameux Archaos en 1987 avec Guy Carrara, un cirque très novateur, labellisé en 2012 Pôle national Cirque par le ministère de la Culture.
Aujourd’hui, Circus Baobab a déjà une longue histoire et il est venu dès 2001 en Europe puis s’est dispersé huit ans plus tard; aujourd’hui, il renait grâce à Kerfalla Bakala Camara, un de ses anciens acrobates qui en est le nouveau directeur. Circus Baobab  a aussi un but social. Sous la conduite des plus anciens, ces jeunes acrobates se sont entraînés au début, sur les plages de Conakry, et ensuite un peu partout, et ont fini par intégrer cette compagnie.

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Ils sont venus plusieurs fois en Europe et en France. Le spectacle, parfaitement rodé, est d’une grande précision et en même temps, ce qui n’est pas incompatible, d’une rare poésie.
En avant et en arrière d’un plateau rembourré (cela vaut mieux!), des centaines de bouteilles en plastiques écrasées et une seule à moitié pleine au milieu. Pour signifier l’importance de ce bien si convoité aujourd’hui en Afrique et particulièrement en Guinée: l’eau indispensable au quotidien et le plastique sous toutes ses formes polyester comme polystyrène, etc. qui a envahi ce continent il y a quelque soixante ans. Utile mais  peu recyclable et devenu un fléau omniprésent dans les rues, le ciel, la brousse…
Un thème prétexte à un ensemble de chants, danses et acrobaties exceptionnelles où il y a une grande solidarité entre ces treize acrobates de dix-huit à trente deux ans, dont Amara Camara, un contorsionniste tout à fait étonnant.

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En une heure, c’est un festival de portés, corps-à corps, roulés boulés, pyramides humaines avec, en haut, deux jeunes femmes: Aïcha Keïta et M’mahawa Sylla, propulsées en l’air par leurs camarades avec une précision remarquable, avant de faire quelques sauts périlleux impressionnants et de retomber au sol. Le tout dans un enchaînement permanent et sans aucune pause.
Il y a aussi
Fodé Kaba Sylla qui se lance parfois dans de remarquables breakdance... Coté bémols: il faudrait revoir la fin qui flotte un peu, des fumigènes qui n’ont  rien à faire là et un éclairage (passager) de lumière stroboscopique blanche face public qui fait mal aux yeux.  Mais sinon, quel régal!
La Guinée peut être fière d’avoir un tel Baobab Circus et dans une Scala pleine, le public enthousiaste dont beaucoup d’enfants a très longuement applaudi ces artistes virtuoses qui appartiendront vite à la légende circassienne. Actuellement, il y a peu de spectacles de haut niveau comme celui-ci. Il  y a prolongations,  ne le ratez donc surtout pas.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 10 juin, La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T. : 01 40 03 44 30.

 

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