Taha Mansour

Taha Mansour

Magcien reconnu (voir Le Théâtre du Blog), il est entré dans la magie par hasard, à quatorze ans quand il était allé au supermarché pour acheter un casse-tête et est tombé sur 25 tours de cartes de Cartamundi. Il ne pensait pas que cela allait le captiver autant mais, quand il a fait ses premiers tours devant sa famille, il vu les étoiles dans ses yeux! «Je voulais absolument, dit-il, plus creuser cette merveilleuse émotion et, deux ans après, j’ai découvert le mentalisme qui me permettait d’avoir une connexion plus forte avec mes spectateurs, donc je m’y suis mis.

Ses parents ne l’encourageaient pas beaucoup et ne l’encouragent toujours pas… Seul moyen d’apprendre: des coffrets et livres trouvés à la Fnac comme ceux de Bernard Bilis. Mais il a vraiment progressé avec des vidéos sur YouTube où des magiciens expliquent des tours qu’ils font dans la rue, à des mariages, etc. Très inspirant pour lui: il a commencé à regarder des vidéos d’Ellusionist et sur d’autres sites pour essayer de comprendre les tours et les refaire! Pour le mentalisme, il a travaillé plutôt avec des livres comme Les treize étapes de Corinda ou encore les Subtilités Psychologiques de Banachek.

c x Monsieur le photographe

©Monsieur le photographe

Il pense qu’il a développé son style et a créé des effets, quand découragé par ses parents, il avait tellement peu d’argent qu’il était obligé d’innover, de sortir la moindre goutte d’eau des livres lus et des vidéos pour essayer de remonter les tours et inventer ses propres «routines ». Et il a fait  des rencontres qui l’ont aidé à en arriver là.
Elève à l’Ecole Centrale à Paris, il a rencontré un professeur, Ludovic-Alexandre Vidalqui pour  la comédie musicale, a été nominé deux fois aux Molière. « Il a adoré mon style et m’a encouragé à lancer mon spectacle sur Paris. Nicolas Brudenn, le programmateur du Théo Théâtre m’a accueilli, alors que je n’étais pas connu mais a cru en mon spectacle et je leur en suis reconnaissant. Enfin mon attachée de presse Dominique Lhotte et mon coproducteur et bon ami David Coudyser qui m’accompagnent dans cette belle aventure, m’encouragent aussi et font un travail exceptionnel. Et je vois la vie comme un enchaînement d’effets-papillons ; ces petits efforts constants et ces rencontres ont fait qui je suis aujourd’hui. «

« Ma formation en prépa, dit-il, m’a mis dans un état d’esprit particulier. J’ai eu des moments difficiles où je devais gérer mes études, mon boulot, l’administration des spectacles, mes représentations à Paris… Parfois, je n’en pouvais plus et voulais que cela cesse. Mais très vite, je me rappelais que je m’étais lancé dans cette voie, pour émerveiller le public et lui faire vivre un moment qui, j’espère, l’aidera et le marquera pendant longtemps. Et cette idée-là m’a toujours redonné de la force et du courage. »

Taha Mansour travaille sur le mentalisme à 100%, surtout psychologique et minimaliste. Avec juste des bouts de papier, il veut créer une connexion forte et intense avec le public.
« Je sais que c’est là que je suis bon. Mon endroit d’intervention favori est la scène. Je fais aussi du close-up ou des spectacles vendus à des entreprises, mais rien n’est comparable à la sensation de créer un objet complet artistique avec musique, lumière, mise en scène. »

Un magicien, Asi Wind, l’a beaucoup inspiré pour son travail et le lien qu’il arrive à créer avec le public comme Peter Turner, devenu aujourd’hui un ami. «  Il a une aura autour de lui et obtient une confiance qui me laisse sans voix et qui lui permet de réaliser de véritables miracles à deux doigts de nous. Et très peu de moments se comparent à ce que j’ai pu ressentir avec Les Limbes d’Étienne Saglio. « Un de mes spectacles préférés, toutes catégories confondues. Je n’ai jamais ressenti un tel émerveillement, mon cerveau de magicien s’est lui-même arrêté et j’ai senti un enfant de cinq ans assis à ma place ! Une claque absolue! Mention spéciale au Syndrome de Cassandre de Yann Frisch, le tout premier vrai spectacle de magie que j’ai vu. Il m’a poussé à sortir des terrains classiques et à essayer de développer un vrai univers. Merci Yann Frisch pour tout cela ! »

Attiré par le mentalisme « pour avoir une véritable connexion avec le public et surtout pour une prise de risque constante », il n’a jamais oublié son premier amour pour les cartes : «Ces bouts de cartons à priori simples, dit-il, qui, en de bonnes mains, sont de redoutables outils! Le travail sur scène de la « magie nouvelle » m’intéresse beaucoup, et même si je n’accroche pas à tous les spectacles, je n’hésite pas à aller les voir : toujours fascinant de découvrir ceux qui osent explorer de nouveaux champs! »

Il chante depuis ses six ans puis dans des concerts, comédies musicales et chorales semi-professionnelles. Et dans ses spectacles, il lui faut absolument créer un univers musical original et Taha Mansour a travaillé avec un ami compositeur pour trouver un ensemble sonore qui emmènerait le public dans un univers à part !
«Je fais aussi beaucoup d’improvisation, dit-il, pour arriver à créer une dimension théâtrale et un travail de lumière symbolique et métaphorique, crucial pour moi. James Thierrée m’a beaucoup influencé. Son univers visuel est juste inexplicable, je vous recommande d’aller voir tout ce que ce génie produit. Et mention spéciale à Dan Brown, pour sa réflexion sur la symbolique et les casse-têtes et Christopher Nolan qui a réalisé certains de mes films préférés et qui prouve que tous les réalisateurs ne sont pas des flemmards qui vont juste produire des œuvres à l’arrache. »

Et la magie actuelle ? «Devenue trop commerciale aujourd’hui et c’est vraiment dommage. Les effets qui se vendent le mieux sont tous soi-disant super simples, grosses réactions! Dommage : cela ne développe pas de véritable proposition artistique. Mais on voit de jeunes artistes oser et tester de nouvelles choses et j’espère que cela continuera. Nous avons, nous les mentalistes et magiciens, un pouvoir non négligeable et une véritable influence sur le public. L’émerveillement et le mystère sont des outils d’influence très puissants. Et quand nous parlons d’un domaine, mieux vaut en connaître un minimum, et ne pas juste raconter quelque chose de joli et se focaliser sur des tours.
Vous pourriez me dire que ce n’est que pour le divertissement, etc., mais en réalité, quand un magicien sur scène a dit que les personnes clignant deux fois des yeux sont des menteurs et que c’est comme ça qu’il a su qu’une personne mentait et qu’elle avait une bille noire dans sa main, au moins une partie du public repart avec un apprentissage d’autorité.
Nous semblons experts de nos sujets car nous « prouvons » ce que nous racontons par la pratique. Mais le spectateur qui a retenu cette « leçon », la prochaine fois qu’il verra un de ses amis cligner deux fois des yeux, l’accusera d’avoir menti.
Cela peut donc créer de mauvaises habitudes : soit nous assumons la fiction de ce que nous racontons, soit nous avons un minimum d’éthique et nous cherchons quelques éléments sur les thèmes que nous abordons. Mon objectif : que les gens repartent en ayant grandi, et non après avoir appris de fausses connaissances qui vont nuire à leur travail. Je vous invite à en discuter avec les étudiants lors de mes formations qui m’ont sorti des conneries, apprises d’un magicien ou d’un mentaliste. »

Taha Mansour trouve que les pays n’abordent pas son art de la même manière. Notamment les anglophones et nous, les Français. Il a remarqué que chez nous, les spectateurs sont plus dans le challenge et le questionnement, avant d’être dans le côté :« je profite et je me laisse prendre par l’expérience ». Et selon lui, un public anglophone qui va avoir des réactions plus euphoriques et plus chargées d’ émotion, est en confiance avec le magicien /mentaliste. »
Le public français lui, va être plus sceptique et dans le challenge, jusqu’à preuve du contraire. Tout cela fondé sur mon expérience et vous pouvez avoir eu une expérience différente. Mais quand un Français réagit fortement, vous pouvez être sûr qu’il est dans l’émerveillement et l’incompréhension mais un anglophone réagit lui plus par convention sociale… Il y a de quoi réfléchir ! »

Le chant, la comédie musicale et l’improvisation permettent à Taha Mansour de garder une pratique artistique variée. Il adore aussi les «escape games» auxquels il joue régulièrement avec des amis. Et aussi le cinéma et le théâtre…


Sébastien Bazou

Interview réalisée le 3 mai.

https://www.tahamansour.com/

 

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