Résistance(s), texte et mise en scène de Jean-Bernard Philippot
Résistance(s), texte et mise en scène de Jean-Bernard Philippot
Un spectacle joué en français, mais aussi un seul jour en allemand par des acteurs bilingues: Clément Bernard, Agathe Heidelberger, Alex Gangl, Marie Recours, Anna Maceda, Marcel Korenhof, Lili Markov, Charles Morillon et Raphaël Plockyn.
Une jeune Picarde, Doucette, fille de cheminot, cache une amie juive et fait véridique-une jeune Allemande, Sophie Scholl, jeune militante avec son frère Hans, du mouvement La Rose Blanche qui va distribuer des tracts entre Stuttgart et Munich, contre le régime nazi.
Ces jeunes femmes ont choisi avec courage leur destin: rejoindre la Résistance dans leur pays, malgré un antisémitisme galopant, de nombreuses arrestations, puis des déportations.
Les interrogatoires vont se succéder et elle devront se justifier devant les autorités allemandes. Mais Doucette, en particulier, a du mal à les persuader que son combat à elle, est parfaitement juste. Toutes les deux savent bien qu’elle mettent leur vie en danger pour rester au service d’un idéal démocratique. Et vers la fin, il y a un rappel des camps avec des prisonniers vêtus des trop célèbres veste et pantalons rayés.
Et cela donne quoi? Le texte est souvent un peu laborieux: on ne fait jamais du vrai théâtre avec de bons sentiments. Seuls quelques dialogues arrivent à émerger comme celui où un officier allemand interroge Doucette. Et la scénographie n’est pas du bois dont on fait les flûtes :avec une barrière rouge et blanche pléonastique, des jets de fumigènes, de grands châssis en toile triangles blancs qui réunis, formeront à la fin l’étoile de David… Les acteurs font leur boulot mais cela irait mieux si sur ce grand plateau, la musique jouée en direct et presque en permanence au synthé, à l’accordéon et à la guitare, ne couvrait leurs voix. Il y a une belle fin avec Liberté le célèbre poème de Paul Eluard.
Un spectacle honnête mais qui demanderait à être encore travaillé. Il a au moins le mérite de faire un travail de mémoire sur une triste période de l’Histoire de France et d’Allemagne, et peut-être donnera-t-il des envies de la recréer au théâtre à de jeunes metteurs en scène…
Après tout, cette histoire n’est pas si loin et nous a marqué: pouvoir absolu de la Kommandantur, soldats allemands dans les rues, descente aux abris pendant les bombardements, fusées V 2 dans le ciel, marché noir et tickets de rationnement et, à la Libération, son du gros bourdon de Notre-Dame de Paris en août 44, défilé sur les Champs-Elysées avec de Gaulle. Mais aussi un souvenir épouvantable: camions où debout, étaient exposées aux sifflets et crachats, les femmes amoureuses ou supposées telles qui avaient été tondues, puis retour des prisonniers… Dans une France pauvre aux nombreux logements détruits, et encore traumatisée, qui avait du mal à repartir.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 28 mai, les jeudi, vendredi à 19h et les samedi et dimanche à 14 h 30: en français.Et les samedi à 19 h, en allemand.
Théâtre de l’Épée de Bois, route du Champ de Manœuvre, Cartoucherie de Vincennes. T. : 01 48 08 39 74.
Métro : Château de Vincennes. Attention: pas de navette mais bus 112.
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