Danse dans les nymphéas par le Ballet de Lorraine
Danse dans les nymphéas par le Ballet de Lorraine
Le ballet lorrain a été invité avec deux courtes pièces. Un lundi par mois, le Musée de l’Orangerie à Paris programme des chorégraphies contemporaines (répertoire et création), devant Les Nymphéas de Claude Monet: ces huit fresques aquatiques trouvent ainsi dans le mouvement des corps un nouvel éclairage. Avec des artistes comme François Chaignaud, Carolyn Carlson, Noé Soulier, Fabian Barba, ou des compagnies comme le Ballet de Lorraine, le C.N.D.C. d’Angers ou la compagnie Trisha Brown.
Twelve Ton Rose, chorégraphie de Trisha Brown, musique d’Anton Webern
Réalisée en 1996 à l’Arsenal de Metz, ce ballet a été recréé l’an passé par la Trisha Brown Dance Company avec le Centre Chorégraphique National- -Ballet de Lorraine. Second opus du « cycle musical » de la chorégraphe américaine, il se réfère, par son titre, à « twelve ton rows » (dodécaphonisme), une forme de composition musicale empruntée par Anton Webern à Arnold Schönberg. expérimentales, dit Kathleen Fisher, répétitrice de la compagnie Trisha Brown. »
Sur les Cinq mouvements pour quatuor à cordes, op. 5 et sur les Quatre pièces pour violon et piano, op. 7 et le Quatuor à cordes, op. 28, dans les sobres costumes noir et rouge de Burt Barr, six danseuses et six danseurs combinent une phrase unique conçue pour cette pièce, avec des mouvements puisés dans le vaste vocabulaire de Trisha Brown.
Les positions géométriques des bras et les jeux précis de pieds et doigts, contrastent avec les arabesques glissées, les cabrioles, la décontraction mesurée de ces improvisations structurées. Soit vingt-huit minutes denses, avec ensembles, duos et solos d’une belle fluidité.
Dans ce même esprit, la chorégraphie enjambe les phrases musicales du quatuor à cordes ou du duo piano/violon en un mouvement perpétuel. Elle est comme libérée de la partition mais en résonance avec elle. Les interprètes habitent avec talent cette danse abstraite et ludique à la fois et la proximité des corps permet de distinguer la personnalité de chaque interprète.
Access to pleasure, chorégraphie et interprétation: Petter Jacobsson et Thomas Caley
Sur Put the blame on Mame, la fameuse chanson de Rita Hayworth dans Gilda (1946), puis sur des airs de jazz et dans le style music-hall de l’époque, ces complices dansent, en miroir l’un avec l’autre. Une rencontre ironique entre la voix féminine d’un sexe-symbole d’hier, et les corps masculins d’aujourd’hui. Décalage : «Cette imitation d’un classique de la danse est une sorte de reprise, une version très personnelle où on peut interroger les notions de beauté, âge, et genre », disent les auteurs de ce duo vaudevillesque. Une performance de dix minutes en forme de clin d’œil au glamour et aux clichés genrés.
Mireille Davidovici
Spectacle vu le 20 mai au Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris (Ier).
Danse dans les Nymphéas le 19 juin: Sept vies de Nach et Ruth Rosenthal.
Le Ballet de Lorraine ouvrira le festival Paris l’été au Musée du Louvre, dans la cour Lefuel , le 10 et 11 juillet avec Static Shot de Maud Le Pladec, (voir Le Théâtre du blog). T. : 01 44 94 98 00.