7. 7 7 7

7. 7 7 7…avec un peu de retard

 

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En grec, ἑπτὰ, en basque : zazpi, en japonais: なな (aligato), le chiffre 7 nombre dit premier, est souvent considéré comme magique, voire sacré surtout en Occident. Avec les six jours où dans La Genèse, Dieu a façonné le monde et un de repos, septième aussi le mois d’équinoxe dans l’hémisphère nord. Et le nombre de péchés capitaux mais aussi celui traditionnel des astres. Et le nombre de notes : do, ré, mi, fa, sol, la, si. Mais encore les sept merveilles du monde dans l’Antiquité. 

Et le septentrion : Nord, le nom de la  Petite Ourse  appelée par les Romains septem triones (sept bœufs). Et n’en jetez plus, il y a aussi côté jeu, celui des sept familles, la somme des faces opposées d’un et le chiffre  le plus probable quand on joue avec deux dés.
Côté septième art, tout le monde connait  
Sept ans de malheur (1921) de et avec Max Linder, Blanche Neige  et les sept nains  (1937), La Maison des spept péchés (1954) d’Akira Kurosawa, Sept ans de réflexion (1955) de Billy Wilder et bien entendu Le Septième Sceau (1956) d’Ingmar Bergman... Mais pour le théâtre? Seul le conteur Pépito Matéo a créé une suite de sept monologues avec sept personnages dans sept situations étranges, et en référence aux sept péchés capitaux.

Tout cela pour en arriver à 7.777, le nombre d’articles publiés dans Le Théâtre du Blog depuis dix ans. Et l’occasion de remercier d’abord chaleureusement Claudine Chaigneau qui a assuré depuis le début la gestion technique et la mise en page. Sans elle, rien n’aurait été vraiment possible.
Et tous nos lecteurs qui, jour après jour, et toute l’année, se tiennent quotidiennement au courant de l’actualité du théâtre, de la danse, du cirque, de la magie… et aussi des livres et revues. Comme tous les magazines,
Le Théâtre du Blog a connu quelques mois difficiles avec la pandémie de covid mais sans qu’il y ait bizarrement une véritable influence sur la fréquentation. Malgré la fermeture des salles et lieux de spectacle. Et tous nos collaborateurs  se sont efforcés de ne pas laisser la page blanche et ont continué à envoyer des papiers.

Programmer un magazine de façon régulière n’est pas toujours chose facile et nous tenons à remercier les attachées et attachés de presse des petits et grands théâtres, des festivals en France comme à l’étranger et les professionnels qui nous ont été fidèles et nous ont toujours aidé.
Et un grand merci également tous ceux qui ont écrit et/ou continuent à écrire, de façon régulière ou non des articles, en particulier, nos correspondants à l’étranger. En toute indépendance, ce qui devient rare dans la presse ! « Les critiques ne sont jamais assez sévères et le théâtre, disait Louis Jouvet, c’est un domaine où les êtres et les choses touchent enfin à la liberté. »
Presque un siècle, ces mots sonnent encore plus juste en France mais aussi chez nos proches voisins…

Philippe du Vignal


Archive pour 24 mai, 2023

Adieu Jean Hurstel

Adieu Jean Hurstel

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Ces dernières années auront été rudes: Robert Abirached, Peter Brook, Georges Banu, Lucien Attoun et avant-hier Jean Hurstel… les valeurs théâtrales du XX ème siècle disparaissent…
Cet Alsacien de quatre-vingt quatre ans fut en 59 un des élèves de l’
Ecole  du Centre Dramatique de l’Est devenu Théâtre National de Strasbourg.
Jean Hurstel, militant communiste, codirigea le Centre d’Action Culturelle de Montbéliard, puis celui de Saint-Avold, le Théâtre des Lisières à Strasbourg et l’association Banlieues d’Europe.
De 1991 à 2003, il dirige le Centre européen de la jeune création à Strasbourg, puis crée en 1990 le réseau Banlieues d’Europe, aujourd’hui disparu. Il était aussi devenu président des Halles de Schaerbeek à Bruxelles en 2006.

Fondateur du théâtre universitaire de Strasbourg, il avait aussi fait des études de philo. Dans les quartiers ouvriers de Peugeot et dans le bassin houiller lorrain, il avait une passion : faire bouger les lignes du théâtre…
Il portait très haut l’utopie d’un théâtre du lien et de la critique sociale. Il théorisa ses idées notamment dans Une Utopie culturelle où il constatait que l’édifice,
cinquante après la création du ministère dirigé par André Malraux s’essoufflait, alors que jamais la Culture n’avait joué un rôle aussi important. Avec des friches industrielles se métamorphosant en territoires d’art et des banlieues où naissaient d’autres ferments de culture en France mais aussi dans toute l’Europe. L’esentiel étant pour lui de s’intéresser d’abord aux public concernés

Jean Hurstel dirigea aussi entre autres,un ouvrage collectif qui fait encore référence : La Place et le rôle de la fête dans l’espace public: nouvelles fêtes urbaines et nouvelles convivialités en Europe. Adieu Jean, et merci pour ce que tu auras apporté à la vie du théâtre contemporain.

Jacques Livchine
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odirecteur avec Hervée de Lafond du Théâtre de l’Unité à Audincourt (Doubs).

Room, conception, musique originale et mise en scène de James Thierrée


Room, conception, musique originale et mise en scène de James Thierrée

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Ce créateur a la même passion pour les objets que son père, auteur et metteur en scène du fabuleux Cirque imaginaire (voir Le Théâtre du Blog).
Ici montés sur des châssis sur roulettes, de hauts pans de murs d’un salon avec miroir au mercure et cheminée et qui a dû autrefois être celui d’une belle demeure.Magistralement patinés et mis en circulation par toute une équipe de techniciens à qui le spectacle doit beaucoup.

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Acrobate virtuose, musicien et acteur, James Thierrée a créé de remarquables spectacles -tous au Théâtre de la Ville- dont sa célèbre Symphonie du hanneton, à vingt-quatre  ans. Il en a maintenant le double;  ses cheveux sont gris, toujours aussi frisés et en bataille.
Mais il a toujours aussi cette gestuelle fabuleuse.
Room est surtout orienté vers la musique mais aussi la corps et il chante le plus souvent en s’accompagnant au synthé, avec dix jeunes et moins jeunes interprètes et chanteurs jouant chacun de plusieurs instruments: Anne-Lise Binard: alto, violoncelle, Mathias Durand: voix, guitares, basses, piano, tempura… Hélène Escriva: euphonium, trompette basse…Steeve Eton : saxophone, voix, clarinette, clarinette basse, flûtes, percussions… Maxime Fleau: clarinette, batterie et percussions, contre-ténor…Il y aussi Ching-Ying Chien et Nora Horvath, danseuses. Et Samuel Dutertre : jeu et danse.« J’ai toujours eu conscience, dit-il, que la musique portait mes spectacles. Mais toujours sur bandes-son enregistrées. Cette fois, j’ai voulu qu’elle soit au cœur du spectacle. »
Ces bons musiciens-chanteurs sont moins convaincants quand ils doivent jouer des dialogues assez pauvrets. Et entre ces châssis que l’on change de place sans arrêt, les chansons en anglais et des moments acrobatiques de James Thierrée, le spectacle part un peu dans tous les sens et souffre d’un réel manque d’unité. Et cet « action painting comme il dit un peu abusivement, créé à partir d’un butin amassé: décor, accessoires, chorégraphies, musiques, personnages idées jetées sur le papier, ne fonctionne pas vraiment …

Un architecte et créateur (James Thierrée lui-même) semble dessiner des plans avec un assistant mais dit-il « dans Room, la chambre ne sait pas qui elle est , elle se cherche d’une certaine manière. Ses murs fuient tout le temps. »
A un moment, comme dans un élan du cœur, le personnage que joue James Thierrée se pose la question : «Où est la dramaturgie? »Mais son auteur, lui, aurait dû se la poser avant! C’est bien là où  Room spectacle fait surtout problème. Ici, nous sommes dans une sorte de théâtre dans le théâtre, un thème pas vraiment original… remontant au XVI ème siècle. Et les gags, souvent un peu lourdingues, ne font pas vraiment rire et sont dignes d’une mauvaise comédie musicale.
Ainsi tout d’un coup, la salle est entièrement plongée plusieurs minutes dans le noir. James Thierrée répète jusqu’à plus soif à l’éclairagiste: «Rallume la lumière. Non. Pourquoi/ Parce que/ Je te dis de rallumer la lumière : Non /Pourquoi /Parce que. Et il finit par faire allumer une barre fluo blanc au dessus du synthé, laquelle clignote sans arrêt… Comment croire une seconde à de tels procédés usés jusqu’à la corde ? Et James Thierrée aurait pu nous épargner des fumigènes qui n’ont rien à faire là comme des lumières stroboscopiques : deux stéréotypes qui sévissent actuellement.Il y a pourtant de magnifiques images: on le voit assis contre le mur seul, désespéré dans ce grand salon abandonné, aux murs gris et, à un moment juste éclairé par deux petites ampoules.
Ou ces pans de murs et ce plafond en toile qui semblent avoir une vie autonome mais que James Thierrée n’en finit pas de faire circuler. alors que ses personnages sont, eux, assez statiques. La mise en place est très précise mais les images souvent répétitives (la répétition dans un théâtre surtout presque muet est tout un art, et là on est loin du compte). Comme il y a plusieurs fausses fins exaspérantes, le spectacle repart mais bancal… Et ce Room se termine, plus qu’il ne finit.

James Thierrée a une gestuelle et une maîtrise de l’espace toujours aussi impeccables mais il a bien du mal à gérer le temps scénique et cabotine un peu, comme pour essayer de remplir un scénario assez vide de sens. Ces  deux heures se laissent voir (il se passe toujours quelque chose sur le plateau) mais restent bien longuettes. Et -il ne le fera sans doute pas- ce Room aux qualités visuelles indéniables et et techniquement parfait, gagnerait beaucoup si son auteur voulait bien éliminer des gags encombrants et vus un peu partout. Vers la fin, ce Room piétine et il faudrait qu’il fasse aussi des coupes sérieuses pour gagner au minimum quelque trente minutes.
James Thierrée n’est pas n’importe qui et il a souvent prouvé qu’il pouvait inventer un nouveau langage scénique avec pas, ou très peu d’oralité, et avec comme ici, des chansons et des parties chorégraphiées. Mais ici, il a raté son coup et Room, malgré des moyens techniques importants, est  prétentieux et très décevant. Le public était visiblement partagé: certains spectateurs applaudissaient de bon cœur (quelques-uns même debout), les autres, pas dupes, très mollement, voire pas du tout.
Alors à vous de voir: les places correctes sont chères: 30 à 45 €… Donc, oui, si vous êtes des inconditionnels de James Thierrée mais sinon cela ne vaut pas le coup…

 Philippe du Vignal

 Jusqu’au I er juin, Théâtre du Châtelet (Théâtre de la Ville hors-les murs), 1 place du Châtelet, Paris (Ier). T. : 01 40 28 28 40.

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