Necesito, pièce pour Grenade, chorégraphie de Dominique Bagouet, par l’ensemble du Conservatoire national supérieur de musique et de danse
Necesito, pièce pour Grenade, chorégraphie de Dominique Bagouet, par l’ensemble du Conservatoire national supérieur de musique et de danse
Créée en 91 pour le festival d’Avignon à Villeneuve-lès-Avignon (Gard), cette pièce rend des spectateurs nostalgiques mais ceux, nés après la mort du chorégraphe un an après, découvrent ce ballet avec grand plaisir.
Dominique Bagouet a laissé ses chorégraphies en héritage. Les Carnets Bagouet, rassemblés par les membres de sa compagnie, notamment Olivia Granville, permettent de reconstituer son travail et de le perpétuer. Au fil des transmissions, le conseil artistique qui gère ces carnets, surtout composé de ses anciens danseurs, a permis cette pérennisation et son œuvre est ainsi entrée au répertoire de nombreuses compagnies, en France et à l’étranger. C’est un phénomène rare de transmission, comme celui qu’avait voulu Merce Cunningham avant sa disparition. Danseurs et collaborateurs ont suivi le Cunningham Legacy Plan qu’ils avaient mis au point avec lui.
Cette pièce d’une heure vingt a des moments d’une grande beauté mais quelques-uns sont moins forts. Comme chez Pina Bausch, la bande-son est toujours d’une grande qualité, avec musiques traditionnelles: airs du Moyen-âge, rock espagnol, d’autres évoquant l’arabo-andalouse Grenade et chant d’une fontaine. Induisant naturellement le mouvement. Les jeunes danseurs du Conservatoire, exceptionnels par leur engagement intègrent aisément l’unique décor, l’image d’une fresque au sol avec fragments de mosaïque et de marbre couleur terre battue.
Laurence Louppe disait à une conférence qu’elle avait faite en 1995 sur Dominique Bagouet: «Même à quarante ans, il avait l’air d’en avoir dix-huit. Il a toujours gardé, y compris dans son corps, une part d’enfance. On dit toujours que l’artiste garde quelque chose de l’enfant en lui. Dominique a gardé cette part d’enfance dans son corps, et cela fait une des beautés de son œuvre. » Et nous la retrouvons totalement dans cette pièce légère et gaie -un moment de grâce charmant- mais ce fut la dernière ! Pour cette re-création, il y a dans la feuille de salle, le texte du programme du festival d’Avignon.
Jean Couturier
Spectacle vu le 24 mai, à Chaillot-Théâtre National de la Danse, 1 place du Trocadéro, Paris (XVI ème). T.: 01 53 65 30 00.