Adieu Maria Lampadaridou-Pothou
Adieu Maria Lampadaridou-Pothou
Née en 1933 à Myrina, la ville la plus importante de Lemnos, une île près de Lesbos, fait publier Rencontres, son premier recueil de poésies. L’écrivain Odysseas Elytis (1911-1996) prix Nobel de littérature en 1979, la qualifie de « poète » et écrit que son langage « tend à capturer la virginité et l’unicité des choses ».
Nommée par concours greffière pour le district de Lemnos, elle entre ensuite à l’Université Panteion à Athènes et, en 1963, est détachée au tribunal de la capitale où elle résidera. Elle publie Etude, La Vision d’Alexis Fera et une pièce, La Petite Cage, qui, en 1965, est récompensée par le Groupe des Douze dont entre autres, Elytis, Terzakis, Theotokas, Athanasiadis, Alkis Thrylos.
L’année suivante, elle obtient une bourse du gouvernement français pour aller étudier le théâtre pendant un an à la Sorbonne. Elle s’y familiarise avec des auteurs Albert Camus, Franz Kafka, Bertolt Brecht, et avec le théâtre dit de l’absurde. Samuel Beckett l’a profondément influencée et quand elle voit Oh ! Les beaux jours en 1967, à l’Odéon à Paris, elle lui demande aussitôt de traduire cette pièce et entame avec lui une correspondance qui durera longtemps.
Elle devient la traductrice en grec de son œuvre et écrit aussi un essai, Samuel Beckett-L’expérience de la douleur existentielle publié en 1983 et préfacé par Jacques Lacarrière.
En 1987, elle est récompensée par l’Académie d’Athènes pour son roman historique Maroula de Lemnos. Deux ans plus tard, elle publie Passage mystique un poème qui a été traduit en français, et présenté par l’écrivain Jacques Lacarrière (1925-2005).
Quand la dictature arrive en Grèce en 67, Maria Lampadaridou-Pothou est encore à Paris où elle suit des cours à la Sorbonne mais écrit aussi des pièces, comme cette poétique et surréaliste Boîte en verre traduite en français par Anne Creuchet et La petite cage. Mais elles ne furent pas représentées à cause des événements de mai 68 à Paris. La Boîte en verre avait impressionné Samuel Beckett qui l’avait envoyée au metteur en scène Jean-Louis Barrault qui vait monté Oh! Les beaux jours avec son épouse Madeleine Renaud. Puis elle écrit une pièce Antigone-La nostalgie de la tragédie, qu’aima beaucoup Bernard Dort, un de ses enseignants à la Sorbonne. En 1996, cette pièce, traduite en anglais par Minoas Pothos et Rhonda Kaufman, a été jouée à l’Université Hayward (Californie) où une Semaine de la Culture grecque avait été organisée parallèlement aux représentations.
En 1967, quand elle revient en Grèce mais à cause de la dictature des colonels, elle a une vie difficile : à Paris, elle avait participé aux manifestations organisées en faveur de la Grèce par Jacques Lacarrière! Mais elle réussit à faire jouer au Théâtre National d’Athènes Le Bal d’Electre qui dépeignait les activité de cette junte, bien que le projet ait été d’abord censuré. Les représentations eurent lieu sous surveillance policière mais cette pièce eut une grande influence.
Les autres comme The Rafts ont été aussi jouées au Théâtre National et à Toronto. La Boîte en verre a été mise en scène à la Sorbonne par Charles Antonetti (1911-1999) acteur et metteur en scène, puis instructeur national d’art dramatique. Antigone Or the nostalgia of tragedy, a été publiée dans la revue Education et Théâtre à Hayward University,
En 1982, sa Lettre à mon fils et à une étoile été éditée et appréciée par un large public. Cinq thèses de doctorat ont été faites sur son œuvre aux Universités de Bari (Italie), Athènes et Patras et dans de nombreux pays, où son œuvre est aussi toujours étudiée. Maria Lampadaridou-Pothou a longtemps collaboré à des magazines comme Kathimerini et Kathimerini, Vima tis Kyriaki, Eleftherotypia, Ethnos, Diavazo magazine, Literary Themes.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Ses obsèques auront lieu demain 20 juin à Myrina (Lemnos).