Jnoun (es) , mise en scène de Sébastien Davis, avec la très très aimable collaboration artistique de Ludivine Sagnier, un spectacle de l’Ecole Kourtrajmé
Jnoun (es), mise en scène de Sébastien Davis, avec la très très aimable collaboration artistique (sic) de Ludivine Sagnier, un spectacle de l’Ecole Kourtrajmé
« Selon les croyances populaires, dit la note d’intention, les jnoun.e.s sont des créatures invisibles, anges ou démons, qui peuvent causer des troubles chez les êtres humains. Chez Kourtrajmé, on appelle cela des personnages.« Nos jeunes acteurs, à l’issue d’une formation d’un an, sont possédés par le jeu. Qu’ont-ils à nous dire de ce qu’ils sont, du monde qui leur est offert, de la société que nous leur laissons? Ils cherchent à en découdre avec tout ce qui est attendu d’eux. En même temps, ils n’ont rien à prouver à personne. Rien à perdre. Tout à gagner. Alors comment, dans notre monde surmédiatisé, redonner du sens à cette réunion théâtrale à laquelle nous vous convions ?Les jnoun.e.s sont là. En nous et autour de nous. Jnoun.e.s, est un exorcisme collectif de la compagnie Kourtrajmé. »
Une note d’intention vraiment peu convaincante. Comment en effet s’y retrouver : on nous parle maladroitement de mise en scène, puis d »exorcisme collectif » et par ailleurs, d’Ecole, puis de compagnie? Cela ne commence déjà pas très bien avec plus d’un quart d’heure de retard, ce qui est inadmissible !
Rappellons à Sébastien Davis et à Ludivine Sagnier que, dans une école, une des choses essentielles du futur métier qu’on y apprend, c’est le respect des autres.
Etre en retard, ou pire absent, c’est faire perdre du temps aux camarades comme à l’enseignant et cela engendre le stress dans le travail comme ensuite dans une compagnie (sic) quand on joue. Sauf, bien entendu, en cas de force majeure mais la moindre des choses est alors de faire une annonce.
Nous ne l’apprendrons pas aux professionnels que sont Sébastien Davis et Ludivine Sagnier, actrice de cinéma mais qui a aussi joué quelquefois au théâtre. Actrice engagée, entre autres contre la réforme des retraites, elle s’occupe visiblement de cette école située à Montfermeil, une ville de 28.000 h. (Seine-Saint-Denis). Où, si on a bien compris, on veut donner une formation à des jeunes, surtout issus de la diversité en un an seulement! Ici, quatre filles et deux garçons: soit une promotion forcément déséquilibrée, et emmenées sur le plateau par une actrice plus âgée qu’eux…
Ce qui a sans doute amené le metteur en scène à privilégier une série de solos, ou faux solos avec deux rôles, entrecoupés de chœurs bien chantés et de danse, eux réalisés avec une grande discipline.Mais les «textes» (non crédités, issus d’une écriture de plateau?) sont indigents, sauf un, à la fois mimé puis ensuite parlé sur l’inceste commis par son père sur sa fille. Oui, mais voilà, cela dure quelques minutes et c’est un des rares bons moments de cette mise en scène approximative: louchette de fumigène au début, la dixième fois pour nous ce mois-ci !), vidéo fixe de nuages blancs en fond de plateau, éclairages à dominante rouge et violet, micro H.F. pour un des garçons, adresses au public racoleuses… Bref, ce qu’on voit dans tous les mauvais spectacles actuels et qui n’a rien à faire là, surtout dans une école où il faut une grande exigence et où il doit manquer un cours de dramaturgie et d’histoire du théâtre. Inutile de dire que nous sommes restés sur notre faim.
Quant aux interprètes de ce qui n’est un spectacle professionnel ni une présentation de travaux d’école… les jeunes actrices (mention spéciale à Siham Falhoume) sont aussi sur les plans oral et gestuel, d’un niveau nettement au-dessus que les garçons. Ils ne semblaient, eux, pas très à l’aise.
Nous aimerions les revoir tous ces jeunes sur un plateau où, bien dirigés, ils auraient cette fois de véritables personnages à défendre: il y a des dizaines de milliers de dialogues théâtraux en français ou en langue étrangère, anciens, classiques ou contemporains (voir Harold Pinter) y compris entre filles! Certains de ces ex-élèves -et nous le leur souhaitons- auront peut-être le bonheur d’intégrer une école supérieure. A suivre…
Philippe du Vignal
Les 19 et 20 juin, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin-Roosevelt, Paris ( VIII ème)