Euphrate, texte et interprétation: Nil Bosca, collaboration à la mise en scène: Stanislas Roquette et Olivier Constant

Euphrate, texte et interprétation: Nil Bosca, collaboration à la mise en scène de Stanislas Roquette et Olivier Constant

© Victor-Hadrien

© Victor-Hadrien

Un spectacle créé l’an derniers que nous n’avions pu voir est un solomais en fait, une suite de dialogue très bien enlevées.Cette jeune actrice, fille d’un père turc et d’une mère française, a  une double culture et après le bac, elle doit affronter comme tout le monde, le trop fameux Parcours Sup, cible de nombreuses critiques. Avec à la clé, un choix obligatoire d’orientation professionnelle. Peut-être pas définitif mais qui jouera sur son avenir immédiat.
Et les dialogues comme ceux avec un prof ou une conseillère d’orientation  sont bien vus
. Koyuncu, pardon. C’est un nom de quelle origine ?- Turque.  Vous êtes turque ? J’adore la Turquie. Merhaba nasil sin ? Ouais mais en fait je parle pas turc.

Elle s’en va en Turquie à la rencontre de sa famille qu’elle ne connait pas. Petit à petit, les femmes commencent à préparer une fête en mon honneur. Les langues se délient, on me raconte des anecdotes sur mon père. On me dit qu’au lieu de garder les moutons, il voulait aller à l’école. Mais comme on l’en empêchait, un jour il a décidé de libérer tous les moutons dans la nature.On est assis, on mange du riz, du poulet, des yaourts à l’ail avec du concombre, et on partage tout : la même grande assiette, le même verre, la même fourchette. Et moi, je commence à me sentir un peu des leurs. « 

Comme dans une sorte de roman d’apprentissage, elle est constamment à la recherche de son identité et sur le plateau, elle joue tous les rôles avec un savoir-faire redoutable. Mais elle chante et danse aussi parfois.Ce solo, au texte parfois inégal et parfois un peu facile, ne manque pourtant  pas d’humour piquant et Nil Bosca sait mettre en lumière le racisme souvent inconscient de Français au quotidien. Elle sait être drôle mais aussi virulente, quand elle a affaire à la bêtise.
En fait, comme beaucoup de jeunes gens à peine sortis du lycée, elle cherche sa place et pense aborder plusieurs métiers dont médecin mais finalement, comme elle le sait bien au fond d’elle-même, elle veut être actrice… C’est là, qu’elle pense pouvoir s’accomplir au mieux.
Sur le plateau, juste une table en bois et un portant avec robes, chemises, grand manteau trop grand pour elle… Nil Bosca adore en enfiler plusieurs malgré la chaleur étouffante et faire le clown avec. En une heure, avec une sacrée énergie, elle a vite fait d’emballer un public… acquis d’avance. Et il lui a fait une longue ovation debout absolument méritée, une chose plutôt rare dans le off. Cet Euphrate  est sans aucun doute le meilleur dans le genre solo . Si vous pouvez, ne le ratez pas.
Oralement comme gestuellement toujours très juste et précise, Nil Bosca a déjà tout d’une grande actrice.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 26 juillet, Le Train Bleu, 40 rue Paul Saïn,  Avignon. (réservations par internet)

 

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