Static Shot, chorégraphie de Maud Le Pladec par le Centre National Chorégraphique National-Ballet de Lorraine
Static Shot, chorégraphie de Maud Le Pladec par le Centre National Chorégraphique National-Ballet de Lorraine
Cette œuvre a été créée dans un théâtre (voir Le Théâtre du Blog) mais dans les festivals d’été, on peut les voir autrement. Quel souvenir aurions-nous du Soulier de satin de Paul Claudel, mise en scène d’Antoine Vitez, sans l’écrin de la Cour d’honneur du Palais des Papes en Avignon, avec le vol des martinets où il a été créé?
Le festival, à l’époque nommé Paris-Quartiers d’été, avait été créé par Patrice Martinet en 1990 qui avait plusieurs missions. Enter autres, la revalorisation du patrimoine architectural parisien avec des créations artistiques quand la plupart des théâtres font relâche. On se souvient avec émotion de Bartabas, seul, sur son cheval au soleil levant dans le jardin des Tuileries, de Roméo et Juliette en nocturne dans les jardins du Palais Royal par le Footsbarn Travelling Theater…
Avant de voir Static Shot, en ouverture du festival Paris l’été, nous sommes invités à nous promener dans la Galerie des sculptures italiennes. La danse a toujours inspiré les sculpteurs et ici, vient naturellement magnifier les œuvres de pierre ou de marbre que l’on découvre à la nuit tombante.
La cour intérieure Lefuel, dans la dernière aile du Palis, date du XIX ème siècle et permettait l’accès des chevaux aux écuries et à la salle du Manège impérial, par un escalier en pente douce rappelant celui du château de Fontainebleau. Pendant cette pièce de trente minutes, les statues semblent vouloir sortir de leurs niches et rejoindre les danseurs, tant la musique de Peter Harden et Chloé Thévenin est entraînante. En bas de cet escalier, deux sculptures de loups, les mâchoires grandes ouvertes… Comme pour répondre aux subites ruptures de rythme de cette danse alternant mouvements lents et très rapides.
»La pièce, dit Maud Le Pladec, pensée comme un bloc de corps, images et sons, ne comprend ni début, ni milieu, ni fin. Tel un climax permanent, les interprètent tiennent ensemble ce point culminant, l’énergie devant toujours se trouver à son zénith. » Comme à un défilé de mode, les artistes descendent ces escaliers lentement et esquissent des mouvements effrénés.
Les costumes de Christelle Kocher, fondatrice de la marque de mode Koché, sont des œuvres d’art et rappellent ceux conçus par John Galliano ou Pierre Balmain. Et le peintre Jean-Michel Basquiat aurait pu aisément les peindre. Avec cette chorégraphie qui a soulevé l’enthousiasme du public, cette saison estivale parisienne commence bien.
Jean Couturier
Les 10 et 11 juillet, Cour Lefuel, Musée du Louvre, rue de Rivoli, Paris (1er).
Les 17 et 18 octobre Nantes-le lieu Unique.
Le 15 décembre, Opéra du Grand Avignon.