Festival d’Avignon Portrait de l’artiste en ermite ornemental, de Patrick Corillon (suite)
Festival d’Avignon
Portrait de l’artiste en ermite ornemental de Patrick Corillon (suite) : Les Images flottantes
Dans la chapelle des Pénitents blancs*, cet artiste nous propose un chemin intérieur et féérique. Un paysage subtil entre le vivant, la matérialité, l’image et la langue… Mêlant douleur et joie, absurde et raison, rêve et réalité notre esprit et notre âme ont accès ici à la beauté, si souvent asphyxiée, du monde visible et des êtres.
Patrick Corillon aux talents multiples de conteur et d’artiste nous invite à un voyage où l’imagination est à l’honneur. De celles qui rendent notre quotidien merveilleux. Mais il reste lucide sur la réalité complexe et intraitable. À travers les mots, les objets usuels, une souris etc., la banalité de tous les jours et ses astreintes sont ici transfigurées.
Entre imaginaire et réalité, fiction et biographie, le public entre aussitôt dans cette jubilatoire traversée poétique existentielle. Attentifs à un jeu théâtral avec de simples ustensiles, nous passons du rire à la mélancolie, fascinés par une gestuelle tout en finesse,et à l’écoute d’une langue bigarrée et dite à merveille par Patrick Corillon.
Ce conteur exceptionnel a aussi mis en scène ici un spectacle enchanteur et d’une étonnante profondeur esthétique. Soudain, l’univers inventif, créatif de l’enfance, lointain ou devenu absent pour certains, ressurgit à notre conscience…. Un instant épiphanique !
Il y a aussi à voir avant une exposition de ses œuvres dans cette même chapelle et dans la deuxième partie du spectacle, ludique et participative, Patrick Corillon tel un magicien, réussit avec fantaisie et sensibilité, à mener sans faux pas une danse dionysiaque.
Ce spectacle a marqué tous les amoureux des arts de la scène ou les simples curieux qui ont découvert une performance hors du commun. Avec cet objet théâtral hors normes, avec une parole originale et pleine de d’émotion… « Les images flottantes, c’est le nom qu’on donne à ce que l’on voit quand on ferme les ici yeux » : ces mots de Patrick Corillon prennent ici tout leur sens et toute leur vérité !
Elisabeth Naud
Spectacle présenté les 10, 11 et 12 juillet à la Chapelle des Pénitents blancs, Avignon.
*Un hommage et une lecture seront orchestrés par Théâtre Ouvert demain mardi 18 juillet à 11 h, à la Chapelle des Pénitents Blancs que Lucien et Micheline Attoun ont inaugurée en 1971. Un acte fondateur pour Théâtre Ouvert. Lucien est mort il y a deux mois.
Sera lu, l’un des premiers textes présentés à l’époque: La Demande d’emploi de Michel Vinaver. La lecture faite par Hinda Abdelaoui, Emmanuelle Lafon, Stanislas Nordey et Laurent Poitrenaux. Cette lecture sera précédée d’un témoignage de Joëlle Gayot, ancienne collaboratrice de Lucien Attoun à Théâtre Ouvert et à France Culture.