Festival Paris l’été Asylum, chorégraphie de Rami Be’er par la Kibbutz Contemporary Dance Company

Festival Paris l’été

Asylum, chorégraphie de Rami Be’er, par la Kibbutz Contemporary Dance Company

Asylum by Rami Be_er - Photo Credit - DSC_9987

© Udi Hilman

Fondée en 1970, cette compagnie israélienne dirigée depuis 1996 par Rami Be’er, un de ses anciens danseurs, revient à Paris avec ce ballet présenté au festival de la Danse, il y a quatre ans, et qui avait enthousiasmé le public.
Dix-huit interprètes se déploient avec une exceptionnelle énergie, guidés par un danseur au mégaphone qui pourrait être leur garde-chiourme. Et si l’on en croit son titre, cette pièce traite du sort des migrants. Un propos risqué aujourd’hui en Israël, quand le gouvernement veut expulser les milliers de demandeurs d’asile africains…

La narration, peu explicite, est relayée par une gestuelle nerveuse traduisant les violences subies, en les plaçant dans un contexte plus large. Comme le suggèrent les numéros de matricule égrenés sur la bande-son et les chants d’enfants en hébreu: «  On tourne, on tourne en rond toute la journée, debout assis, on marche en rond jusqu’à ce que nous trouvions notre place. » On pense à d’autres exils et déportations…

Apeurée, harassée, la troupe défile à l’unisson avec des mouvements mécaniques et répétitifs. Certains danseurs essayent parfois des échappées en solo ou duo, avant de se fondre de nouveau dans le cortège. Il y a des luttes au corps à corps qui mettent en valeur leurs qualités athlétiques. Sur les visages se lit la terreur, et les bouches ouvertes laissent échapper des cris muets.

Cette danse, très expressionniste, ne se veut pas mouvement esthétique mais répond à un engagement politique: «Mes chorégraphies, dit Rami Be’er, sont influencées par le fait que nous vivons au Nord d’Israël, à seulement huit kilomètres de la frontière libanaise. Cela fait partie de notre identité. »

Après Horse in the sky  (2018) dénonçant la souffrance des soldats à la guerre, Asylum renvoie à celle des exilés. Malgré un fil dramaturgique peu clair fait de déchaînements de violence, la puissance et la beauté plastique des corps, la parfaite cohésion et la précision des mouvements de ces excellents danseurs nous emportent plus loin que cette dénonciation. Et ici, nous est révélée une compagnie d’Israel, moins connue en France que d’autres….

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 15 juillet, au lycée Jacques Decour, 12 avenue Trudaine Paris (IX ème).


Festival Paris l’été, jusqu’au 30 juillet. T. 01 44 94 98 00.

 

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