Festival d’Avignon Vox populi, instantanés de vie en phonomaton, conception, création et écriture, d’après des enregistrements de Sophie Dufouleur
Festival d’Avignon
Vox populi, instantanés de vie en Phonomaton, conception, création et écriture, d’après des enregistrements, de Sophie Dufouleur
A partir de témoignages, c’est d’abord une pure création sonore. Une dizaine de transats et chaises de toile sont installés dans la cour du lycée Pasteur. Chaque spectateur est prié de s’asseoir sous un casque de salon de coiffure aux couleurs acidulées des années cinquante. Et il peut entendre quelques confidences, grâce à une autre casque, audio, celui-ci. Le tout pendant une dizaine de minutes.
Puis une actrice emmène le public dans une petite caravane (climatisée) où, en tassant bien, il y a des places assises pour dix personnes. Mais ce matin-là, nous étions seul et devant nous, une sorte de miroir gris comme ceux des cabines photomaton des années soixante.
Cela rappelle aussi es éphémères peep-show des années soixante-dix avec une cabine où on regardait une hôtesse faisant un strip-tease sans aucun contact physique avec le client.
Silence absolu, puis apparaît en très gros plan, le visage d’une actrice qui va nous parler pendant quinze minutes environ. Dans un curieux face à face. Et il y a ici un rapport de proximité que nous n’avons jamais au théâtre.
D’autant plus que nous savons bien que nous voyons une comédienne qui nous regarde. Mais existe-t-elle et nous voit-elle? Ou est-ce simplement une vidéo… Nous ne vous en dirons rien mais Sophie Dufouleur avec ce gros plan en permanence, réussit habilement à créer un sentiment d’étrangeté- le très fameux « verfremdungseffet » cher à Bertolt Brecht- en français (mais mal traduit) : distanciation…
« L’écriture, dit elle, s’appuie sur une vaste récolte de témoignages autour d’expressions imagées, populaires, cocasses et poétiques. Avoir le trouillomètre à zéro, faire le joli cœur, être vent debout, perdre le nord, s’en pourlécher les babines… (…) Ces enregistrements constituent la matière première du spectacle, à l’intérieur et à l’extérieur de la caravane. »
C’est un spectacle qui se joue à la fois dehors et dedans mais dans un espace public.
Réalisation précise et jeu d’actrice très solide, comme on aimerait en voir plus souvent dans le in comme dans le off d’Avignon. Sophie Dufouleur a trouvé une idée théâtrale en trente minutes qui mérite d’être creusée. A suivre…
Philippe du Vignal
Jusqu’au 28 juillet, Présence Pasteur, rue du Pont Trouca, Avignon. (Entrée toutes les quinze minutes, à partir de 11 h (dernière entrée à 18 h 30).
Les 9 et 10 septembre, Festival Perché sur la Colline, Sombernon (Côte-d’Or).