L’utopie du théâtre populaire définitivement enterrée
L’utopie du théâtre populaire définitivement enterrée
Ce 12 juillet, j’ai pris conscience que l’utopie du théâtre populaire était définitivement enterrée. L’Opéra de Quat ’sous s’appelait ainsi: destiné au peuple, il ne devait coûter que… quat’ sous. Bertolt Brecht arrachait l’opéra à son statut bourgeois. Et voilà, il est présenté cette année au festival d’Aix-en-Provence comme un vestige archéologique, une résurgence d’un passé enterré.
Bien ridicule, ce parterre de gens friqués regardant avec une certaine compassion le jeune Brecht qui voulait ébranler l’opéra culinaire bourgeois et le capitalisme. Ce fut aussi ma grande illusion: je dois mettre à jour mes logiciels. L’engagement marxiste n’est plus à la mode. Être engagé au théâtre, c’est parler des L.G.B.T., du climat, des féminicides, de la place des femmes dans la société, c’est une tournée théâtrale à pied ou à vélo: la sobriété.
Dans un livre qui vient de sortir, Quand l’Art chasse le populaire, Socio-histoire du théâtre public en France depuis 1945 de Marjorie Glas, on parle de “la posture démagogique et populiste de Jacques Livchine. »
Cela dit, le dernier spectacle du Théâtre de l’Unité, Une Saison en Enfer (voir Le Théâtre du Blog) est une sorte de testament: « J’ai voulu créer toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames, j’ai essayé d’inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues, eh! bien je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée! »Arthur Rimbaud va alors ranger ses carnets et ses crayons…
Il est temps que je suive son exemple.
Jacques Livchine, co-directeur avec Hervée de Lafond, du Théâtre de l’Unité à Audincourt.