Le Songe, Démonter les remparts pour finir le pont, d’après William Shakespeare, mise en scène de Gwenaël Morin
Le Songe, Démonter les remparts pour finir le pont, d’après William Shakespeare, mise en scène de Gwenaël Morin
La mode est aux relectures et adaptations! « Est-il possible, dit le metteur en scène, de transformer le monde avec le théâtre ? Ce spectacle a vocation à faire partie d’ un répertoire de «grands classiques » que je monterai avec des acteurs et actrices fidèles, et d’autres rencontrés à Avignon. Ce premier spectacle est une adaptation pour quatre interprètes du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, que j’intitule de manière très fonctionnelle: Le Songe. »
Ils jouent Héléna, Démétrius, Hermia et Lysandre et, avec deux autres comédiens, se partagent les autres rôles. Ce spectacle a lieu en une heure quarante-cinq, dans le jardin de la Maison Jean Vilar, au pied de la fameuse Cour d’honneur où le directeur du festival et du T.N.P. créa en 59 Le Songe d’une nuit d’été avec Maria Casarès.
Ce vaste jardin planté d’arbres convient à cette pièce qui se passe surtout dans une forêt. Mais Gwenaël Morin fait jouer tous les personnages par le même groupe d’acteurs Pourquoi pas? Mais sur une même tonalité, quels que soient les rôles! Et cela rend la pièce totalement incompréhensible, même pour ceux qui la connaissent. Le public, désemparé, a applaudi, à un moment de calme où les acteurs étaient allongés au sol… en croyant que la pièce était finie!
Consigne pour ce Songe : sans doute hurler! Et ses interprètes hurlent en effet presque toujours leur texte. Le metteur en scène a-t-il voulu développer le comique de la pièce? Mais, en tout cas, il a réussi à faire disparaître toute sa dimension poétique et onirique.
Le jeu caricatural, que l’on retrouve souvent dans les interprétations de Pyrame et Thisbé, une pochade jouée par les artisans à l’acte V, est ici permanent. Les comédiens sont bons et, très impliqués, s’engagent avec énergie mais suivent les indications du metteur en scène!
Le répertoire classique est-il devenu si peu fréquentable pour qu’on veuille «fragmenter» ainsi un texte écrit pour le théâtre? C’est l’une des rares créations de ce festival dirigé pour la première fois par Tiago Rodrigues, qui est fondée sur un texte de pièce.
Mais quel naufrage! Cette adaptation du Songe d’une nuit d’été qui va faire une tournée en France, rendra triste tout amoureux d’un beau texte théâtral. Un conseil: si vous passez à la Maison Jean Vilar, achetez à la librairie la pièce publiée par le T.N.P. en 1959 avec de belles photos d’Agnès Varda et qui a été rééditée. Et faites-vous votre spectacle intérieur…
Jean Couturier
Jusqu’au 24 juillet, Maison Jean Vilar, 8 rue de Mons, Avignon.
Du 27 septembre au 20 octobre, Grande Halle de la Villette, Pavillon Villette, Paris (XIX ème).
Le 21 novembre, Les Salins, Scène Nationale de Martigues (Bouches-du Rhône); du 28 novembre au 6 décembre, Théâtre Public de Montreuil-Centre Dramatique National (Seine-Saint-Denis).
Et du 12 au 14 décembre, La Coursive, Scène Nationale de La Rochelle (Charente-Maritime).