The Romeo, mise en scène et chorégraphie de Trajal Harrell
The Romeo, mise en scène et chorégraphie de Trajal Harrell
«Il nous faut bien, après quatre ans d’existence, écrivait Jean Vilar en 51 dans la revue Le théâtre dans le monde, faire cette joyeuse constatation: «Avignon reste le seul festival de création dans le monde.»Ce spectacle est aussi une création du Schauspielhaus de Zurich dont le chorégraphe est artiste associé. Il s’adapte ici à l’immense espace de jeu de la Cour d’honneur : soit une nouvelle forme de création…
Trajal Harrel, il y a sept ans déjà, avait présenté au cloître des Célestins, Caen Amour, (voir Le Théâtre du blog). Un beau souvenir.
Le voguing, danse identitaire, a été créée par la communauté noire LGBT, en réaction au racisme et à la discrimination, vers 1970 à New York et apparait en France vers 2000. Et Trajal Harel en est un bon représentant. Il est artiste associé du festival d’automne à Paris avec neuf spectacles. « Imaginez une danse. Appelons-la : Le Roméo comme le jeune amant de Shakespeare qui, dans un enthousiasme enflammé, croyait pouvoir vaincre la mort.Imaginez cette danse qui serait connue dans le monde entier, bien que personne ne sache quand et où elle aurait été créée. Certains diraient qu’elle a été dansée pour la première fois il y a des siècles. Alors qu’il, (Roméo) gardait ses moutons dans un alpage ; d’autres pourraient prétendre l’avoir vu pour la première fois lors d’un enterrement rural. Peu importe d’où serait originaire ce Roméo : imaginez cette danse que des personnes de toute origine, sexe et génération, de tout tempérament et humeur, dansent face à leurs drames et ne font que danser. »
C’est donc à une œuvre-catharsis, en réaction à un événement marquant, que nous invite le chorégraphe. Il y fait référence à ces danses qu’il nomme archaïques, comme celle d’Isadora Duncan que l’on reconnaît aux ondulations du corps et aux battements de bras vers le ciel…
Il semble vouloir seulement montrer une gestuelle avec changements de costumes comme dans un défilé de mode… Mais cette chorégraphie ne fait pas sens, et même si elle ne dure que soixante-quinze minutes, l’ennui gagne vite le public. La bande-son est agréable à écouter mais on croit entendre la musique diffusée sur France Inter quand il y a grève!
Trajal Harrell est clair: « Dans cette création, on ne veut pas représenter quelque chose de précis. Le danseur est une forme poétique qui ne cherche pas à créer du sens mais des liens différents avec le public. »
Il accompagne lui-même ses artistes et se laisse aussi aller à quelques mouvements ondulatoires. The Romeo est donc fondée sur l’imaginaire du chorégraphe.
Ses interprètes distribuent au public une feuille de questions surréalistes. Comme d’abord: d’où vient Roméo? Réponse : probablement de la Rome antique. Mais il y a aussi des indices qui montrent qu’il existait déjà avant, peut-être même depuis plusieurs millénaires. Cela n’a toutefois pas encore été prouvé. »A la fin de cette dernière représentation, de nombreux spectateurs ont salué le chorégraphe et ses danseurs…
Jean Couturier
Spectacle vu le 23 juillet à la Cour d’honneur du Palais des Papes, Avignon.
Les 7, 8 et 9 décembre, Théâtre de la Ville, Festival d’Automne, à Paris.