Parfois je tombe en désespérance

Parfois, je tombe en désespérance…

Parfois, je tombe en désespérance et pense que le théâtre agonise. Où sont passés nos maîtres d’antan? Jean Vilar, Jean-Louis Barrault, Roger Planchon, Pierre Debauche, Iouri Lioubimov, Tadeusz Kantor, le Living Theatre, Jerzy Grotowski, Giorgio Stherler, Luca Ronconi, Bertolt Brecht… Que d’admirations enterrées… Ce n’est pas Olivier Py ni Thomas Jolly qui  me redonneront force et moral!

Artigues. Festival des grands chemins d'Ax les thermes, les gens se précipitent pour prendre leur tabouret. 29 juillet 2023

© Jacques Livchine Artigue, Festival des grands chemins d’Ax-les Thermes, les gens se précipitent pour prendre leur tabouret,avant la ballade d’Une Saison en enfer.

 

Parfois, le public des Scènes Nationales et des Centres Dramatiques Nationaux m’exaspère… Moutonnier, il ne connaît rien et j’ai une répulsion pour le protocole social du théâtre. Et puis, j’y crois de nouveau quand on voit qu’au off d’Avignon,  deux millions de places ont été vendues et que 200.000 personnes ont afflué au festival Chalon-dans la rue, que les gens ont pris d’assaut notre Saison en enfer et nous ont suivi avec passion sur des chemins escarpés, sous un soleil “dieu de feu »…

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Un soir en Avignon dans un silence magnifique et une concentration sans égal, nous voyons  A Noiva e o Boa Noite Cinderela de Carolina Bianchi, une artiste brésilienne qui vit et travaille à Amsterdam (voir Le Théâtre du Blog), ma confiance dans la force diabolique du théâtre se renouvelle. J’y crois de nouveau. Roche (Ardennes), Chalon-sur-Saône, Ax-les-Thermes (Ariège) : six représentations de notre Saison en enfer.
Hervée de Lafond et moi, nous buvons un Martini avec de la glace dans un beau verre, sur une belle terrasse et devant un beau paysage…  Nous nous regardons et nous nous disons: oui, nous  l’avons fait, oui, nous avons flirté avec le divin.  Comment aller plus loin ? Il n’y a pas plus fort que ce texte ravageur.
Arthur Rimbaud va s’arrêter là. J’ai envie de suivre son chemin… J’irai juste finir ma vie sur le marché d’Harar (Ethiopie) le 2 décembre prochain, et nous déclamerons cette Saison en enfer parmi les odeurs incroyables d’Abyssinie. Le poète y est allé et « y a ébloui sa vie.” Nous aussi, nous entrerons aux splendides villes…

Jacques Livchine, codirecteur avec Hervée de Lafond, du Théâtre de l’Unité

 

 

 

 


Archive pour 1 août, 2023

Alice par la compagnie B.Dance, chorégraphie de Po-Cheng Tsai

Alice par la compagnie B. Dance, chorégraphie de Po-Cheng Tsai

Nous avions découvert avec bonheur cette compagnie en 2016 au festival d’Avignon avec Floating Flowers (voir Le Théâtre du Blog). Ses talentueux interprètes ont continué à se faire connaître dans le monde entier avec Rage. Et Po-Cheng Tsai voit ses créations invitées dans les festivals de danse importants, comme cette année, celui de Vaison-La-Romaine (Vaucluse) où cette compagnie taïwanaise a créé Alice en première européenne. Le chorégraphe a aussi dirigé une master-class la veille de la représentation d’Alice et les danseurs le jour du spectacle ont proposé au public un atelier de tai-chi.
Vaison-Danses attire dans le théâtre antique (quelque 2.500 places) , un public populaire à qui le directeur artistique Pierre-François Heuclin a donné, grâce à ses programmations, un goût réel pour la danse…

Au festival d’Avignon, une partie des spectateurs va dans le in, comme à la messe, au siècle dernier -une obligation de classe sociale- et applaudit à ce qu’on lui propose. A Vaison-Danses, le public, lui, a une curiosité presque enfantine, prêt à découvrir avec les yeux de Chimène toute nouvelle œuvre. Il attend sagement en file devant les grilles du théâtre antique avec des coussins ( la pierre est dure !) pour voir les spectacles!
Dans l’allée menant au théâtre, il y a des centaines de livres mis à sa disposition… Cela fait penser à une affiche publicitaire de 1950, avec ce slogan: «Mieux qu’un cadeau, un livre.» et la photo de Gérard Philipe dévorant un livre par Lucien Lorelle, pour le publicitaire Henri Sjöberg.

©x

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Po-Cheng Tsai a adapté chorégraphie et scénographie, à l’immense plateau du Théâtre antique… où ses excellents danseurs avaient parfois du mal à trouver leurs marques. Grâce à eux et à leurs beaux costumes, les tableaux se succèdent avec fluidité, évoquant l’histoire d’Alice aux pays des merveilles. Il faut voir leur performance, sans trop suivre le fil narratif de cette adaptation en rouge, noir et blanc…
Le chorégraphe aime marier danse traditionnelle et mouvements d’arts martiaux: sa signature… Le danseur, torse nu, incarnant le Lapin dans Alice est en pantalon blanc, la tête dans une cagoule parsemée de diamants avec deux longues et belles plumes de paon.
Une remarquable soirée estivale…

Jean Couturier

Spectacle vu le 19 juillet au Théâtre antique, rue Bernard Noël, Vaison-la-Romaine (Vaucluse).

Les 17 et 18 novembre, Opéra de Massy (Essonne).

Les 19, 20 et 21 décembre, Les Gémeaux, Sceaux ( Hauts-de-Seine).

Les 11 et 12 janvier, Théâtre de Sénart (Seine-et Marne et Essonne). Le 14 janvier, Espace Michel Simon, Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Le 18 janvier, Théâtre Luxembourg, Meaux (Seine-et-Marne).

Les 6 et 7 février, Maison des arts de Créteil (Val-de-Marne).

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