La disparition du Théâtre des Déchargeurs?
La disparition du Théâtre des Déchargeurs?
Au mois d’août, pas grand monde dans les rues de Paris, les magasins, cafés et restaurants sont souvent fermés mais les théâtres répètent les créations de la rentrée et il y a parfois du rififi dans cette période estivale, comme au Théâtre des Déchargeurs… Un lieu emblématique de création.
En mauvais état, il avait été rénové par Vicky Messica qui, en 79, en fit une petite salle de spectacle. Après plusieurs directions, Adrien Grassard, un jeune acteur soutenu financièrement par sa famille, a essayé, il y a deux ans, de lancer une programmation réalisée par Rémi Prin mais sans véritable ligne artistique.
Et résultat: Adrien Grassard a été contraint de demander une cessation d’activité auprès du Tribunal de commerce. Quant aux huit contrats en C.D.D. après promesse d’embauche, il compte sur un redressement judiciaire pour que les salaires soient pris en compte par l’A.G.S., le régime de garantie.
Mais il y aussi en filigrane, et ce qui est moins clair, une opération immobilière menée par la société Holfim qui se serait engagée à garder cette petite salle dans un site qui a été inscrit à l’Inventaire des monuments historiques en 1925 pour ses façades sur rue et sur cour et le remarquable escalier juste à côté de l’entrée de la salle. Mais bon, rien de vraiment concret et susceptible de rassurer le personnel de ce petit théâtre…
Quant aux créations prévues, certaines se feront peut-être… ailleurs: les employés des Déchargeurs ont essayé d’avoir le soutien du Ministère de la Culture et de la Mairie de Paris. Mais ce n’est pas le rôle de l’Etat de résoudre les problèmes financiers d’organismes privés qui ont commis des erreurs de gestion artistique… Quant à madame Hidalgo, elle a sûrement d’autres soucis et il y a déjà plusieurs théâtres dépendant de la Mairie, dont le Théâtre de la Ville, avec deux salles, et deux dans le XIII ème : Jardin et Seine et une dans le XIV ème ( voir Le Théâtre du Blog)…
Nous avons souvent rendu compte des spectacles créés ou présentés aux Déchargeurs comme récemment le bon Cahin-Caha, dialogue pour un homme seul de Serge Valletti, mise en scène de Gilbert Rouvière ou le très intéressant Petits contes de la solitude, texte et mise en scène de Julie Macqueron et Louise, elle est folle de Leslie Kaplan, mise en scène d’Esther Wahl.
Mais aussi de spectacles comme Montrer les dents. Nous nous demandions déjà pourquoi il avait été programmé. Un peu d’exigence n’aurait pas nui! Et vu les jours de représentation qui ne se suivaient pas, les prix des billets et l’inflation galopante, un manque de public jeune… alors que la salle était presque vide. Là, c’était trop, et dans ces conditions, le résultat était prévisible… Dommage! Et les repreneurs, si repreneurs il y a, devront avoir un projet nettement mieux cadré…Comme dirait Jacques Livchine, directeur avec Hervée de Lafond, du théâtre de l’Unité : seuls comptent les chiffres…
Philippe du Vignal