Livres et revues

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Histoires d’une seconde 2014-2023, Neuf saisons de photographies au Théâtre National de Strasbourg © Jean-Louis Fernandez

 Un étrange objet chemisé de plastique arrivé par la poste. Souple et cartonné à la fois, pas tout à fait au format in 8° il se défend bec et ongles d’être un livre de photos.
Pas un album-souvenir, qu’on feuillette avec le plaisir de la nostalgie. Pas un « beau livre» qu’on irait jusqu’à exposer sur un lutrin ouvert chaque jour à une page différente, pour l’admirer avec joie.
Et pourtant il y avait bien matière dans les neuf dernières années de ce théâtre, si l’on en juge par les splendides photos publiées par Jean- Louis Fernandez dans Parages la revue du T.N.S. ( voir Le Théâtre du Blog.)

© J.L. Fernandez

© J.L. Fernandez

C’est le livre d’un photographe, fait pour ceux qui ont vécu avec lui, ces histoires d’une seconde. Quant à nous, les autres, il faut essayer de trouver par quel bout l‘attraper. Couverture: une mosaïque de photos, posées à la va comme je te pousse, mais avec une désinvolture très pensée et un titre, si petit au milieu de ce foisonnement, qu’on le lit avec peine. En noir et blanc, cela va de soi, c’est-à-dire dans toute la gamme des plus beaux gris possibles. Pas toujours de numéros de pages, de rares courtes légendes en bas de page et pour ceux qui ne peuvent s’empêcher d’attacher leur mémoire à des repères, un  index caché à la fin du livre, avant une dernière salve de photos. Le livre ne viendra pas à vous, il faut aller le chercher.

Des photos de visages, groupes, fêtes mais peu de spectacles mais des moments de travail. Ou de « rien » et c’est parfois la même chose, tant l’acteur doit laisser travailler ce qui se trame en lui, quand le rôle commence à venir. Beaucoup de photos prises à la table de maquillage : là encore, dans une entre-deux, et un disponibilité totale à la métamorphose, dans une concentration technique qui laisse de la place. À quoi? Imagination, rêverie, créativité, pensée, liste des courses à faire… tout est bon à prendre en ce moment où le corps est immobile et l’esprit vagabond.

Alors on regarde plus attentivement. Ecoute, regards : certaines photos, ces « secondes » attrapés au vol  -plutôt offertes comme le dit Emmanuelle Béart qui a fait partie des artistes associés au T.N.S. -donnent l’idée d’un temps suspendu et d’autres, d’une vraie collectivité, mais jamais de solitude: le sujet photographié seul est tourné vers un autre, vers un travail que nous ne voyons pas.
Le montage de ces « secondes » est parfois carrément agaçant : ce n’est pas le récit d’une histoire mais les « histoires d’une seconde » et si celle-là ne vous dit rien, tant pis pour vous… Pas de chronologie, ces neuf années ne représentent pas un moment d’une grande histoire du théâtre mais neuf années de frémissement, électricité créative, joie, dépense physique collective.
C« théâtre avec une école» (c‘est son contrat dès l’origine), forme une communauté théâtrale particulière et qui a beaucoup intéressé notre photographe, voyez vous-même.

Vous reconnaîtrez certaines actrices et acteurs, autrices et auteurs, metteurs en scène au travail, vous consulterez un index malcommode (accordé du bout des doigts à notre besoin de  savoir ) et vous tomberez enfin sur la photo qui justifie tout, l’avant dernière du volume. C’est, vue du balcon, la salle Bernard-Marie Koltès au T.N.S. Les spectateurs ont ouvert leur programme, le papier capte la lumière et toute la photo et se met alors à vibrer, à frémir, sortie « une seconde » de ses deux dimensions.

Christine Friedel

Histoires d’une seconde 2014-3-2023, neuf saisons de photographies au Théâtre National de Strasbourg ©Jean-Louis Fernandez.


Archive pour 21 août, 2023

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Histoires d’une seconde 2014-2023, Neuf saisons de photographies au Théâtre National de Strasbourg © Jean-Louis Fernandez

 Un étrange objet chemisé de plastique arrivé par la poste. Souple et cartonné à la fois, pas tout à fait au format in 8° il se défend bec et ongles d’être un livre de photos.
Pas un album-souvenir, qu’on feuillette avec le plaisir de la nostalgie. Pas un « beau livre» qu’on irait jusqu’à exposer sur un lutrin ouvert chaque jour à une page différente, pour l’admirer avec joie.
Et pourtant il y avait bien matière dans les neuf dernières années de ce théâtre, si l’on en juge par les splendides photos publiées par Jean- Louis Fernandez dans Parages la revue du T.N.S. ( voir Le Théâtre du Blog.)

© J.L. Fernandez

© J.L. Fernandez

C’est le livre d’un photographe, fait pour ceux qui ont vécu avec lui, ces histoires d’une seconde. Quant à nous, les autres, il faut essayer de trouver par quel bout l‘attraper. Couverture: une mosaïque de photos, posées à la va comme je te pousse, mais avec une désinvolture très pensée et un titre, si petit au milieu de ce foisonnement, qu’on le lit avec peine. En noir et blanc, cela va de soi, c’est-à-dire dans toute la gamme des plus beaux gris possibles. Pas toujours de numéros de pages, de rares courtes légendes en bas de page et pour ceux qui ne peuvent s’empêcher d’attacher leur mémoire à des repères, un  index caché à la fin du livre, avant une dernière salve de photos. Le livre ne viendra pas à vous, il faut aller le chercher.

Des photos de visages, groupes, fêtes mais peu de spectacles mais des moments de travail. Ou de « rien » et c’est parfois la même chose, tant l’acteur doit laisser travailler ce qui se trame en lui, quand le rôle commence à venir. Beaucoup de photos prises à la table de maquillage : là encore, dans une entre-deux, et un disponibilité totale à la métamorphose, dans une concentration technique qui laisse de la place. À quoi? Imagination, rêverie, créativité, pensée, liste des courses à faire… tout est bon à prendre en ce moment où le corps est immobile et l’esprit vagabond.

Alors on regarde plus attentivement. Ecoute, regards : certaines photos, ces « secondes » attrapés au vol  -plutôt offertes comme le dit Emmanuelle Béart qui a fait partie des artistes associés au T.N.S. -donnent l’idée d’un temps suspendu et d’autres, d’une vraie collectivité, mais jamais de solitude: le sujet photographié seul est tourné vers un autre, vers un travail que nous ne voyons pas.
Le montage de ces « secondes » est parfois carrément agaçant : ce n’est pas le récit d’une histoire mais les « histoires d’une seconde » et si celle-là ne vous dit rien, tant pis pour vous… Pas de chronologie, ces neuf années ne représentent pas un moment d’une grande histoire du théâtre mais neuf années de frémissement, électricité créative, joie, dépense physique collective.
C« théâtre avec une école» (c‘est son contrat dès l’origine), forme une communauté théâtrale particulière et qui a beaucoup intéressé notre photographe, voyez vous-même.

Vous reconnaîtrez certaines actrices et acteurs, autrices et auteurs, metteurs en scène au travail, vous consulterez un index malcommode (accordé du bout des doigts à notre besoin de  savoir ) et vous tomberez enfin sur la photo qui justifie tout, l’avant dernière du volume. C’est, vue du balcon, la salle Bernard-Marie Koltès au T.N.S. Les spectateurs ont ouvert leur programme, le papier capte la lumière et toute la photo et se met alors à vibrer, à frémir, sortie « une seconde » de ses deux dimensions.

Christine Friedel

Histoires d’une seconde 2014-3-2023, neuf saisons de photographies au Théâtre National de Strasbourg ©Jean-Louis Fernandez.

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