Arrêt immédiat de toute coopération avec les ressortissants du, Niger du Mali et du Burkina Faso! Ce qu’exige un courrier des Directions générales des Affaires Culturelles (de façon comminatoire et très maladroite) Vous avez dit scandale?

Arrêt immédiat de toute coopération avec les ressortissants du Niger, du Mali et du Burkina Faso! Exigé un courrier des Directions générales des Affaires Culturelles, de façon comminatoire et très maladroite…

Vous avez dit scandale? La Macronie décidément n’en est pas à un coup bas près et se trompe de cible! Et jamais une telle mesure d’interdiction d’artistes étrangers en France n’avait été prise par un ou une ministre de la Culture. Ici visiblement sur ordre de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, directement pilotée par l’Elysée… 
Heureusement, les syndicats du spectacle très représentatifs de la profession, comme le Syndicat des Entreprises Culturelles, l’Association des Centres Dramatiques Nationaux, L’Association des Scènes nationales et celle des Centres Chorégraphiques Nationaux n’ont pas tardé à réagir (voir ci-dessous) et leur colère est à la mesure de cette belle connerie politique… Et effectivement il y a de quoi être inquiet devant la décision de Catherine Colonna pour des raisons de sécurité, puisque les ambassades et consulats sont fermés depuis le 7 août et reconnait que c’est une décision politique. A qui accordera-t-on des visas, et à quelles conditions? Cyniquement, il a été aussi dit qu’il n’y aurait aucune déprogrammation. Et puis quoi encore?

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A quelques jours du festival des Zébrures d’automne à Limoges avec de nombreuses troupes étrangères, cela ne donne pas une bien belle image de la France! Et ce matin, au micro de France-Inter, Hassane Kassi Kouyaté, son directeur, était accablé par une telle situation: »En tant que citoyen je m’interroge : que sont devenues les valeurs de la France, ce pays des droits de l’homme qui a signé la charte de l’Unesco ? En tant qu’artiste, je suis surpris: pourquoi sanctionner les créateurs qui sont souvent les premières victimes des conflits? Et que dire de l’ingérence soudaine du politique dans les programmations culturelles?»

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Et la chanteuse et compositrice malienne Rokia Traoré, toujours au micro de France-Inter,  se dit choquée et ne voit pas comment une telle décision peut apaiser les choses…
L’Elysée va-t-il rétropédaler en levant quelques interdictions? Un vieux truc politique… Qu’importe, le mal est fait et soyons sans illusion mais l’espoir fait vivre.

Et que Rima Abdul Malak, ministre de la Culture ne s’y trompe pas: l’affaire est mal barrée et n’en restera pas là! Elle peut s’attendre à quelques sérieux retours de manivelle…

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Déjà, Christophe Marquis, le directeur de l’Echangeur à Château-Thierry qui accueille samedi prochain l’exposition  du sculpteur et designer burkinabè Kader Kaboré  (Hauts-de-France) a dit qu’il ne changerait rien…
Bien entendu, nous vous tiendrons au courant de l’évolution de cette triste histoire que Macron et son entourage auraient pu nous épargner.

Philippe du Vignal

Communiqué

Les adhérents du Syndeac, de l’Accn, de l’A-CDCN, de l’ACDN et de l’ASN ont été nombreux ce matin à recevoir un message en provenance des Directions des Affaires Culturelles, rédigé sur instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Ce message au ton comminatoire demande à nos adhérents de «suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso. (…) Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. A compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre. »

Ce message est totalement inédit par sa forme et sa tonalité, et révélateur de ce que nous dénoncions déjà dans le travail collectif en faveur d’un plan sur la danse. Nous écrivions notamment devoir « veiller à ce que la construction d’une politique culturelle française à l’internationale, qu’il s’agisse de danse ou de tout autre art, soit revisitée à l’aune des artistes et de leurs démarches. Les logiques de rayonnement culturel au service d’enjeux diplomatiques aux antipodes des questions artistiques doivent être remises en cause.

Cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire. Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine.


Archive pour 14 septembre, 2023

György Kővári: portrait

 

György Kővári: portrait

Il avait huit ans quand ses parents l’ont emmené au Grand Cirque de Budapest et il y a vu Paul Potassy (il s’en souvient encore !). Depuis, il attrapé le virus de la magie et plus tard, il a observé Rodolfo. Puis il s’est lié d’amitié avec Kálmán Latabár dont le père Árpád était une star de cinéma. Son père possédait trois tours que Kálmán pouvait utiliser : Les Bâtons chinois, Le Sac à change et Les Trois dés (trois dés sont empilés les uns sur les autres, et celui du milieu disparaît). Les jeunes Kálmán et György voulaient faire des spectacles en utilisant ce matériel et y sont arrivés !

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Quelques années plus tard, György Kővári a fabriqué son premier jeu de bâtons chinois.  Kálmán et lui ont joué occasionnellement partout où ils pouvaient, mêlant magie et sketches comiques écrits par son père. Cela jusqu’à la révolution hongroise d’octobre 56 : il est alors devenu évident pour ses parents d’émigrer légalement au Royaume-Uni où ils avaient de la famille. György Kővári a alors pris contact avec Rodolfo pour apprendre les bases de la magie. Et il a aussi travaillé pour devenir un vrai professionnel.

Il est arrivé en Angleterre en mai 1957, et dès la première semaine, on l’a emmené à Oxford Street et Tottenham Court Road où il y avait deux magasins de magie. Pour lui, c’était un miracle! Patrick Page dirigeait l’un et Ali Bongo, l’autre. Il lui a conseillé de rejoindre la London Society of Magicians, ce qu’il a fait. Et il s’est retrouvé avec des gens partageant le même intérêt. Il a appris beaucoup de tours, présentations, etc. et a ensuite monté un numéro et commencé à apparaître dans certains spectacles des Magic Societies.
Puis il a assisté à sa première convention de magie en 59, à Buxton. Il a aussi fait la première partie de cette convention et a ensuite intégré le Magic Circle, sans avoir à passer l’examen car il avait déjà participé à certains de leurs spectacles..

On lui a donné des coups de main, notamment Rodolfo et il est devenu un bon magicien ; il a monté un numéro de douze minutes avec quelques nouveaux tours et a joué dans des théâtres de variétés, puis dans des clubs à Manchester. Après son mariage, il a commencé à faire des spectacles au théâtre. Billy McComb devenu son ami, lui a donné toutes ses illusions et les lui a enseignés. Cela lui a permis de construire un spectacle théâtral familial avec sept grandes illusions. Sa femme Susan est devenue son assistante, ainsi qu’Angela, une danseuse. Plus tard, ses enfants Eve et George Jr. sont aussi devenus ses assistants. George Jr. s’est spécialisé dans l’escapologie et a joué deux numéros dans son spectacle.

“J’ai construit, dit-il, certaines de mes illusions comme Dizzy Limits, Sawing in Half, Head Turning, 60 Knives through the body, The Assistants Revenge, etc. Toutes avait un plus, par rapport à ce que l’on pouvait acheter chez un revendeur. En parallèle, je suis devenu marchand de trucs. J’ai assisté à la plupart des congrès en Europe et aux États-Unis où je vendais des tours que je fabriquais moi-même. Mais, j’ai parfois dû jouer dans des circonstances difficiles.A Noël en 77 à Toronto, Ottawa et Hamilton, j’ai dû réaliser mes illusions devant le rideau de scène. Et j’ai adapté le tabouret à lévitation de Yogano : il aurait été trop lourd à transporter sur scène et dehors, à cause de sa grande base. J’ai donc supprimé cette base et le tabouret pouvait, sans problème, être facilement transportable. Quand j’ai vu mon ami Yogano, je lui ai raconté ce que j’avais fait. Il a compris que c’était une bonne chose et l’a décrit dans son livre La Magie de Yogano (2002). »

Mais György Kővári a eu un A.V.C. et a failli mourir ! «On a dit à ma femme que si je restais stable pendant les trois prochains jours, je pourrais survivre et heureusement, dit-il, j’ai récupéré 98% de mes capacités en trois ans mais j’ai perdu mon endurance et ai dû arrêter de jouer sur scène. Depuis, j’ai continué à fabriquer et à vendre quatre-vingts tours et certaines des derniers sont si aboutis, que j’aurais aimé les utiliser moi-même. »

Ses idoles sont Paul Potassy, Rodolfo, Ram Das, Maskar et John Calvert. Pour lui, ils ont accompli des miracles et ont agi comme le public en attend d’un magicien et tout est dans le style qui retient l’attention du public. György Kővári aime la magie divertissante où il n’y a pas de temps mort et aucune démonstration de matériels.
« Pour devenir magicien professionnel, dit-il, il faut absolument sentir que c’est la seule chose que vous voulez faire ! Et si vous apprenez à devenir acteur et si vous suivez des cours de danse, gestuelle et formation au mime, cela peut grandement aider. Dans votre numéro, chacun de vos tours doit être le meilleur dans son genre ; sinon, vous lésez votre public. N’ayez pas de plan B juste pour être différent des autres artistes.
Il y a des années, à une soirée au théâtre à Southport, près de Liverpool) un groupe de magiciens est venu me voir et, après le spectacle, nous avons discuté un moment. Un jeune m’a demandé ce qui est le plus important pour un professionnel? J’ai aussitôt répondu : des contrats. »

Dans la magie actuelle, beaucoup de choses ont changé pou lui au cours des vingt dernières années, depuis qu’il a arrêté de jouer sur scène :« Récemment, de plus en plus de magiciens font des lectures de pensée et du mentalisme. Il y a aussi une magie « numérique » avec de nouveaux gadgets électroniques, comme le portable et ses applications. Et ils sont si légers à transporter ! Cela semble être la tendance actuelle mais je crois que le bon divertissement visuel survivra toujours ! »

 György Kővári aime regarder les matchs de boxe professionnels. Son père, quand il était jeune à Budapest, était un bon boxeur et l’emmenait voir des tournois. Depuis, il a gardé un intérêt pour ce sport et a vu en direct László Papp et Mohamed Ali ! Mais il a des regrets : les spectacles et conventions de magie lui manquent (il ne va plus qu’à Blackpool).
Il a d’excellentes conférences mais ne les vends pas et, depuis la mort de son fils, il aimerait transmettre ses connaissances à un autre artiste qui ait la même philosophie et la même vision de la magie que lui.

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 12 septembre. http://kovarimagic.com/

S’abandonner à vivre, Judith Magre lit des nouvelles de Sylvain Tesson, sous le regard de Thierry Harcourt

S’abandonner à vivre, Judith Magre lit des nouvelles de Sylvain Tesson, sous le regard de Thierry Harcourt

Judith Magre revient chaque lundi soir au théâtre de Poche- Montparnasse où elle a déjà joué plusieurs fois. Assise à une table, impeccablement coiffée, elle lit avec à la fois la sensibilité, l’énergie qu’on lui connait, et une diction impeccable, des extraits de ces nouvelles publiées il y a neuf ans.
Bien dirigée par Thierry d’Harcourt avec d’abord La Gouttière où un amateur d’escalade est dans la chambre de son amoureuse, quand arrive son mari, un médecin… Mais l’appartement est situé au sixième étage. Donc seule possibilité envisageable : s’enfuir par la fenêtre et descendre le long d’un tuyau qui court sur la façade. Malgré son expérience, il va tomber sur le trottoir…

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© S. Toubon

Son amoureuse descend terrifiée mais, bien entendu, ne dit rien. Une vieille dame de l’immeuble affolée veut qu’on prévienne son médecin de mari, ce que l’amant refuse évidemment. Cela dit, on comprend mal comment il peut être encore en vie et conscient après une chute de plusieurs étages. Il partira seul dans l’ambulance. Judith Magre heureusement, arrive donner vie à cette fable…

Second volet de cette lecture: L’Exil. Un jeune Nigérien a réussi à économiser sur plusieurs années avec l’aide de toute sa famille l’argent exigé par un passeur pour arriver en France d’abord en camion puis dans dans un bateau insalubre qui a le roulis. Mais le passeur l’a arnaqué, lui comme ses camarades et ils se retrouveront en Italie à quelque 2.000 kms de Paris… qu’il arrive quand même à rejoindre après un voyage très éprouvant.
Il logera dans une chambre de treize m2 avec quatre autres Africains et travaillera très dur pour envoyer le maximum d’argent à sa famille… Ecrite dans une langue claire et précise, c’est sans doute la meilleure de ces trois nouvelles. Judith Magre, là aussi, sait embarquer le public avec un savoir-faire inimitable.
Dernier texte : La Bataille. Une association en Russie reconstitue chaque année la bataille puis la victoire de Napoléon à Borodino. Cette fois-ci, la reconstitution est interdite par la police locale. Mais celui qui incarne le capitaine des Grognards et le chef de la milice ont une amoureuse en commun…
Cette nouvelle n’a sans doute pas la même force que la précédente.. Mais les trois ont en commun: le «pofigisme», un concept russe que Sylvain Tesson définit comme « une résignation joyeuse, désespérée, face à ce qui advient. »Et cela donne une unité à cette lecture dont Judith Magre se sort avec virtuosité. A la fin, elle dit simplement : «Voilà, c’est fini. »
Et elle salue assise, puis un régisseur l’aide à sortir de scène. Le public debout applaudit chaleureusement cette performance plus qu’émouvante ! Un regret? Oui, vu le prix des places, il  y a, comme ailleurs, très peu de jeunes gens dans la salle, alors qu’il y avait encore huit sièges vides. Stéphanie Tesson la directrice pourrait les céder au dernier moment?  C’est une belle leçon de théâtre, même s’il s’agit d’une lecture de nouvelles, dont pourraient profiter les apprentis-comédiens.
Judith Magre a toujours cette incroyable présence qu’on lui connait. Elle aura joué tous les types de théâtre et des centaines de personnages dans les tragédies et comédies classiques : Eschyle, Molière, Tchekhov, mais aussi Brecht, Giraudoux, Dürrenmatt, Camus, Anouilh, Sartre. Et plus près de nous, des auteurs aussi différents que Bernhard, Bond, Koltès, Stoppard, Barillet et Grédy, Vauthier, Duras …
Des rôles assumés, quelle que soit la qualité de la pièce, avec la même passion, le même sens du métier, la même rigueur. Au cinéma, où elle a débuté, elle a joué pour entre autres, Chenal, Malle, Lelouch… Mais la scène est restée, et reste encore sa passion, alors qu’elle n’a plus rien à prouver…
Elle aura très bientôt quatre-vingt-dix sept ans ! Et cela va faire presque soixante-dix ans (de quoi donner le vertige!) que nous l’avions vue, très impressionnante, jouer Huis-Clos de Jean-Paul Sartre au Théâtre en rond, une scène très innovante à l’époque!) place Saint-Georges à Paris et aujourd’hui disparue. Où jouèrent aussi entre autres,
Michel Bouquet,  Madeleine Robinson, Pierre Brasseur… et où François Truffaut tourna en partie Le Dernier métro.
Judith Magre est un trésor national vivant du théâtre français…Et ce spectacle le confirmerait au besoin.

Philippe du Vignal

Théâtre de Poche-Montparnasse, 75 boulevard du Montparnasse, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 50 21 seulement tous les lundis à 19 h.

Les nouvelles de Sylvain Tesson sont publiées chez Gallimard.

 

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