György Kővári: portrait

 

György Kővári: portrait

Il avait huit ans quand ses parents l’ont emmené au Grand Cirque de Budapest et il y a vu Paul Potassy (il s’en souvient encore !). Depuis, il attrapé le virus de la magie et plus tard, il a observé Rodolfo. Puis il s’est lié d’amitié avec Kálmán Latabár dont le père Árpád était une star de cinéma. Son père possédait trois tours que Kálmán pouvait utiliser : Les Bâtons chinois, Le Sac à change et Les Trois dés (trois dés sont empilés les uns sur les autres, et celui du milieu disparaît). Les jeunes Kálmán et György voulaient faire des spectacles en utilisant ce matériel et y sont arrivés !

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Quelques années plus tard, György Kővári a fabriqué son premier jeu de bâtons chinois.  Kálmán et lui ont joué occasionnellement partout où ils pouvaient, mêlant magie et sketches comiques écrits par son père. Cela jusqu’à la révolution hongroise d’octobre 56 : il est alors devenu évident pour ses parents d’émigrer légalement au Royaume-Uni où ils avaient de la famille. György Kővári a alors pris contact avec Rodolfo pour apprendre les bases de la magie. Et il a aussi travaillé pour devenir un vrai professionnel.

Il est arrivé en Angleterre en mai 1957, et dès la première semaine, on l’a emmené à Oxford Street et Tottenham Court Road où il y avait deux magasins de magie. Pour lui, c’était un miracle! Patrick Page dirigeait l’un et Ali Bongo, l’autre. Il lui a conseillé de rejoindre la London Society of Magicians, ce qu’il a fait. Et il s’est retrouvé avec des gens partageant le même intérêt. Il a appris beaucoup de tours, présentations, etc. et a ensuite monté un numéro et commencé à apparaître dans certains spectacles des Magic Societies.
Puis il a assisté à sa première convention de magie en 59, à Buxton. Il a aussi fait la première partie de cette convention et a ensuite intégré le Magic Circle, sans avoir à passer l’examen car il avait déjà participé à certains de leurs spectacles..

On lui a donné des coups de main, notamment Rodolfo et il est devenu un bon magicien ; il a monté un numéro de douze minutes avec quelques nouveaux tours et a joué dans des théâtres de variétés, puis dans des clubs à Manchester. Après son mariage, il a commencé à faire des spectacles au théâtre. Billy McComb devenu son ami, lui a donné toutes ses illusions et les lui a enseignés. Cela lui a permis de construire un spectacle théâtral familial avec sept grandes illusions. Sa femme Susan est devenue son assistante, ainsi qu’Angela, une danseuse. Plus tard, ses enfants Eve et George Jr. sont aussi devenus ses assistants. George Jr. s’est spécialisé dans l’escapologie et a joué deux numéros dans son spectacle.

“J’ai construit, dit-il, certaines de mes illusions comme Dizzy Limits, Sawing in Half, Head Turning, 60 Knives through the body, The Assistants Revenge, etc. Toutes avait un plus, par rapport à ce que l’on pouvait acheter chez un revendeur. En parallèle, je suis devenu marchand de trucs. J’ai assisté à la plupart des congrès en Europe et aux États-Unis où je vendais des tours que je fabriquais moi-même. Mais, j’ai parfois dû jouer dans des circonstances difficiles.A Noël en 77 à Toronto, Ottawa et Hamilton, j’ai dû réaliser mes illusions devant le rideau de scène. Et j’ai adapté le tabouret à lévitation de Yogano : il aurait été trop lourd à transporter sur scène et dehors, à cause de sa grande base. J’ai donc supprimé cette base et le tabouret pouvait, sans problème, être facilement transportable. Quand j’ai vu mon ami Yogano, je lui ai raconté ce que j’avais fait. Il a compris que c’était une bonne chose et l’a décrit dans son livre La Magie de Yogano (2002). »

Mais György Kővári a eu un A.V.C. et a failli mourir ! «On a dit à ma femme que si je restais stable pendant les trois prochains jours, je pourrais survivre et heureusement, dit-il, j’ai récupéré 98% de mes capacités en trois ans mais j’ai perdu mon endurance et ai dû arrêter de jouer sur scène. Depuis, j’ai continué à fabriquer et à vendre quatre-vingts tours et certaines des derniers sont si aboutis, que j’aurais aimé les utiliser moi-même. »

Ses idoles sont Paul Potassy, Rodolfo, Ram Das, Maskar et John Calvert. Pour lui, ils ont accompli des miracles et ont agi comme le public en attend d’un magicien et tout est dans le style qui retient l’attention du public. György Kővári aime la magie divertissante où il n’y a pas de temps mort et aucune démonstration de matériels.
« Pour devenir magicien professionnel, dit-il, il faut absolument sentir que c’est la seule chose que vous voulez faire ! Et si vous apprenez à devenir acteur et si vous suivez des cours de danse, gestuelle et formation au mime, cela peut grandement aider. Dans votre numéro, chacun de vos tours doit être le meilleur dans son genre ; sinon, vous lésez votre public. N’ayez pas de plan B juste pour être différent des autres artistes.
Il y a des années, à une soirée au théâtre à Southport, près de Liverpool) un groupe de magiciens est venu me voir et, après le spectacle, nous avons discuté un moment. Un jeune m’a demandé ce qui est le plus important pour un professionnel? J’ai aussitôt répondu : des contrats. »

Dans la magie actuelle, beaucoup de choses ont changé pou lui au cours des vingt dernières années, depuis qu’il a arrêté de jouer sur scène :« Récemment, de plus en plus de magiciens font des lectures de pensée et du mentalisme. Il y a aussi une magie « numérique » avec de nouveaux gadgets électroniques, comme le portable et ses applications. Et ils sont si légers à transporter ! Cela semble être la tendance actuelle mais je crois que le bon divertissement visuel survivra toujours ! »

 György Kővári aime regarder les matchs de boxe professionnels. Son père, quand il était jeune à Budapest, était un bon boxeur et l’emmenait voir des tournois. Depuis, il a gardé un intérêt pour ce sport et a vu en direct László Papp et Mohamed Ali ! Mais il a des regrets : les spectacles et conventions de magie lui manquent (il ne va plus qu’à Blackpool).
Il a d’excellentes conférences mais ne les vends pas et, depuis la mort de son fils, il aimerait transmettre ses connaissances à un autre artiste qui ait la même philosophie et la même vision de la magie que lui.

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 12 septembre. http://kovarimagic.com/

 

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