Arrêt immédiat de toute coopération avec les ressortissants du Niger, du Mali et du Burkina Faso! (suite)

Arrêt immédiat de toute coopération avec les ressortissants du Niger, du Mali et du Burkina Faso!  (suite)

Comme annoncé, nous vous tenons au courant…
L’affaire embarrasse visiblement la Ministre de la Culture et des voix s’élèvent de plus en plus nombreuses pour que cette mesure idiote ( sans aucun doute initiée par l’Elysée) prise par Catherine Colonna, Ministre des Affaires étrangères, soit abrogée au plus vite, compte-tenu des dégâts collatéraux provoqués.
Dans la lettre ouverte de l’écrivain et dramaturge togolais bien connu en France Gustave Akakpo (voir ci-dessous), exprime toute sa déception  mais aussi sa colère devant cette grosse boulette. Cela ne ressemble en rien à la volonté d’ouverture affichée par Emmanuel Macron. Même si un rétropédalage semble être à l’ordre du jour, pour le moment, il n’y a rien de concret… A suivre

Ph. du V.

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Lettre ouverte en solidarité aux artistes du Sahel, adressée à Monsieur le Président de la République française et à Madame la Première Ministre

 Monsieur le Président,

Madame la Première Ministre

C’est avec une profonde stupeur que les artistes et professionnels de la culture ont pris connaissance de l’injonction envoyée, mercredi 13 septembre 2023, aux structures subventionnées leur ordonnant de suspendre, «sans délai et sans aucune exception», « tous les projets de coopération» menés «avec des institutions ou des ressortissants » du Mali, Niger et du Burkina Faso.

La décision a suscité une vague d’incompréhension et de refus. Cet appel à la fermeture se heurtant non seulement à la tradition d’hospitalité de la France, mais aussi à son engagement reconnu et apprécié en faveur de la Culture : vous ne dites rien d’autre, Monsieur le Président quand vous déclarez que «la vocation de la France, c’est d’accueillir les artistes, les intellectuels et de pouvoir justement les faire rayonner en toute liberté ».

Et pourtant, en dépit du courriel de clarification du directeur de cabinet de la ministre de la Culture, la double peine que cette décision fait peser sur les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, n’est, à cette heure, toujours pas écartée. Double peine, parce que ces artistes subissent, d’une part, les injonctions des régimes que vous qualifiez vous-même de putschistes et d’autre part, la décision française ôte le droit fondamental accordé à tout être humain de circuler librement.

 Vous évoquez des problèmes «techniques» à l’origine de la non-délivrance de visas pour ces trois pays. Les entreprises culturelles françaises connaissent pourtant déjà depuis des années les difficultés nombreuses et importantes qui existent pour les ressortissants des pays du Sud, lors de l’obtention de ces visas auprès des services consulaires français.
Et nous n’ignorons pas que la situation sécuritaire au Niger, au Mali et au Burkina Faso impacte le bon fonctionnement de ces services. Nous tenons à saluer le travail de ces fonctionnaires qui, au-delà de l’image convenue de l’expatrié, ont su développer de véritables attaches dans leur pays provisoire d’accueil. Ils représentent pour leur part aussi, un fil d’humanité entre Nations et les accompagnateurs de possibles rencontres. Ce fil d’humanité qui devrait, au fond, tous nous unir et qui, aujourd’hui, devrait être notre seul guide.
Nous ne vous apprenons rien, en disant qu’il existe d’autres moyens «techniques et matériels» d’avoir le visa que de se rendre au consulat de France dans son pays : aller dans un pays limitrophe, solliciter le consulat d’un autre pays Schengen, obtenir le visa à l’arrivée en France.Hier comme aujourd’hui, des artistes d’autres parties du monde obtiennent ainsi leur droit d’entrée en France.

 Monsieur le Président, vous affirmez qu’il « n’est pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes », pourtant en refusant toute nouvelle délivrance de visa, c’est exactement ce qui va se produire pour de nombreux artistes du Mali, du Niger et du Burkina. Pire, cela va contribuer à créer des situations absurdes et dramatiques.
Pour un même spectacle, les artistes ayant déjà obtenu leurs visas seront là, et les autres se tourneront les pouces de « l’autre côté ». C’est déjà le cas pour certains festivals obligés d’annuler des spectacles, des concerts… Outre le gâchis d’argent public, ce sont d’abord et avant tout des mois de travail, de recherche, de curiosité de part et d’autre des continents qui sont réduits en larmes, colère et poussière. Cela n’est pas de nature à atténuer le sentiment anti-français ou anti-représentations françaises que vous souhaitez, à juste titre, combattre.

 Monsieur le Président, madame la Première Ministre, si l’Histoire nous apprend quelque chose, c’est la puissance, la richesse, la force, la nécessité de la circulation des idées, des savoirs, des arts et des collaborations entre artistes. Précisément au moment où les régimes politiques se retournent, précisément quand la diplomatie échoue, précisément quand la politique internationale semble faillir.

 À l’heure où l’on fête les 50 ans du coup d’État chilien, souvenons-nous du rôle qu’ont joué les artistes chiliens et français dans le déploiement d’autres possibles, d’autres langues, d’autres perceptions. Le lien entre artistes est précieux ; il est le lieu fragile et puissant de la rencontre toujours possible par delà les frontières. En maintenant les visas, ce ne sont pas des visas qui seront maintenus, mais des passerelles. En maintenant les visas, ce sont des ponts que vous bâtissez au lieu de murs. En maintenant les visas, vous luttez contre l’aveuglement, l’obscurantisme et bien plus que cela vous empêchez la rupture.

 Nous artistes, professionnels de la culture, spectateurs, citoyens, nous ne pouvons accepter de suivre une politique discriminatoire entre les artistes déjà présents sur le sol français et celles et ceux déclarés, on ne sait pour combien de temps, absents. L’élan de solidarité que la lettre comminatoire du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a eu le mérite de créer, nous voulons le porter haut et fort.
Au nom de l’exception culturelle française qui inspire largement la politique d’autres pays appartenant à cette Francophonie dont la France se veut l’un des moteurs, et dont les artistes constituent l’un des piliers majeurs, nous demandons la mise en place de mesures exceptionnelles assurant la continuité immédiate et sans délai de la libre circulation des artistes.
En solidarité avec nos collègues impactés par les mesures discriminatoires et injustes, nous affirmons que nous sommes maliens, nigériens, burkinabè, et plus largement citoyens d’un monde culturel et artistique sans frontières.

Monsieur le Président, madame la Première Ministre, nous vous demandons de revenir sur une décision contraire au bon sens, à la morale, aux valeurs d’hospitalité, solidarité et engagement de la France en faveurs des échanges culturels.

 

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