Festival Cadences d’Arcachon (suite) La Mort joyeuse, musique de Mozart, chorégraphie de Béatrice Massin

Festival Cadences d’Arcachon (suite)

Requiem La Mort joyeuse, musique de Mozart, chorégraphie de Béatrice Massin

Quoi de neuf? Mozart , disait-on naguère en paraphrasant le «Quoi de neuf?  Molière de Sacha Guitry. Béatrice Massin avec sa compagnie des Fêtes galantes, a choisi parmi les nombreuses versions disponibles du Requiem de Mozart, celle du chef Teodor Currentzis dirigeant l’Orchestre et le Chœur de chambre des Pays-Bas. Ce Requiem inachevé-le compositeur prodige était mort entre temps- n’a pas pris une ride.

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Entre l’énergique Kyrie, le vibrant Agnus Dei, le fougueux Dies Irae, le chœur solennel avec Rex tremendae enrichissant la mélodie classique, le vaporeux Recordare, le chaotique Confutatis, le saccadé Offertorium, le majestueux Sanctus et le bucolique Benedictus, il y avait matière à prêter l’oreille mais aussi à danser.
Ce qu’ont fait Béatrice Massin avec ses danseurs: Mathieu Calmelet, Rémi Gérard, Marion Jousseaume, Mylène Lamugnière, Léa Lansade, Philippe Lebhar, Clément Lecigne, Claire Malchrowicz, Enzo Pauchet, Lucas Réal, Lou Cantor, Antonin Chédiny. Et Olivier Blériot a conçu les costumes de cette pièce, Emmanuelle Stäuble, la lumière, et enfin Yann Philippe et Claire Willemann, les vidéos.

La pièce commence avant l’extinction des lumières dans la salle. Les danseurs courent en tous sens et apparaissent un à un sur un plateau vidé de tout meuble. Aucune musique: seuls leurs pas résonnent plusieurs minutes sur le parquet.
Puis de façon un peu anecdotique, ils se refilent un ballot de linge comme une patate chaude. Ou une poupée. Serai-ce un bébé mort ou une métaphore de l’enfant Jésus? Ou bien, une allusion à la Pavane pour une Infante défunte, une célèbre chanson de Maurice Ravel* ? Ou encore, plus prosaïquement, la figure d’un ballon de foot ou de rugby?

Comme tout adepte de « danse libre » qui se respecte, chacun marche, court et danse pieds nus. La musique entre en jeu discrètement puis crescendo. Les danseurs forment des lignes, se répartissent en deux, puis en trois, voire quatre grappes.
La chorégraphie, souvent en synchronie avec les notes, temps et pauses de la musique, s’en détache, de par sa nature même. Mais aussi parce que Béatrice Massin a un certain goût du contrepoint. Elle introduit même des silences qu’on ne saurait attribuer à Mozart…Sacha Guitry (encore lui!) prétendait que «le silence qui suit Mozart, est encore du Mozart».

De la langueur ou d’un ralenti musical et gestuel, on passe à des mouvements plus résolus : diagonales, légers sautillements, allers et retours…Ensuite, les danseurs entrent en contact, forment des couples mixtes ou non, sautent de plus en plus haut, soutenus ou lancés par leur partenaire.
Ici, aucune virtuosité chorégraphique : la fluidité, la légèreté, la clarté, la délicatesse et, entre autres, les pivotements et fléchissements, sont de règle.

Quant à la musique, savante et complexe, c’est autre chose. La danse baroque est née de danses pratiques populaires et, sans surprise, Béatrice Massin nous offre un bonus inattendu avec Danzón n° 2 pour orchestre (1994) d’Arturo Márquez … Une musique aux arrangements néo-classiques, quasiment hollywoodiens, a été écrite par ce compositeur mexicain pour des danses afro-cubaines. Comme celles qui réveillent les morts les lendemains de Toussaint dans toute l’Amérique latine. Ou celles qu’Eisenstein nous avait montrés dans Que Viva Mexico ! (1933), ou récemment celles imaginées par Bartabas pour Calacas (2012).Du baluchon, les interprètes tirent, puis enfilent des robes de bal qui froufroutent, serpentent… Ils emballent magnifiquement le public.

Nicolas Villodre

Spectacle vu à l’Olympia le 18 septembre, Arcachon ( Gironde).

 

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