La maison de Serge Gainsbourg

 

La maison de Serge Gainsbourg

 © J. Couturier Le mur de la maison de Serge Gainsbourg

© J. Couturier Le mur de la maison de Serge Gainsbourg

Deux visiteurs toutes les cinq minutes: rythme imposé pour une visite confortable, avec guidage  par casque audio: sa fille Charlotte nous fait découvrir le maison de son enfance.
Elle a essayé depuis trente-deux ans d’ouvrir au public ce lieu devenu mythique et a tout fait pour le garder intact, grâce aux bons soins de son régisseur  Jean-Pierre Prioul. Décédé en 91, Serge Gainsbourg  Comme Sacha Guitry, le rebelle et l’icône de la pop culture du XX ème siècle aimait vivre entouré de souvenirs, œuvres d’art mais aussi de nombreux objets et documents en rapport avec sa carrière d’auteur-compositeur-interprète mais aussi peintre, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste.

Dans Gainsbourg, 5 bis rue Verneuil, un livre de photos de Tony Franck et Jean-Pierre Prioul, cette phrase: «Voilà, c’est chez moi. Je ne sais pas ce que c’est : un sitting-room, une salle de musique, un bordel, un musée.» Y entrer est un voyage émouvant, voire étouffant dans le  passé de Serge Gainsbourg. «Quand c’était trop chargé d’histoires, dit Charlotte, mon père partait se réfugier quelques jours dans un hôtel chic.”
L’auteur des Dessous chics (1983), une chanson écrite pour l’album de Jane Birkin Baby Alone in Babylone, se présente comme un timide provocateur: «Les dessous chics, c’est la pudeur des sentiments. Maquillés outrageusement rouge sang. Les dessous chics. C’est se garder au fond de soi. Fragile comme un bas de soie.” Ces paroles lui collent intimement à la peau.

On entre au rez-de-chaussée avec, à droite, un grand salon aux murs noirs, comme ceux de toute la maison sous une faible hauteur de plafond. Avec une accumulation d’objets: entre autres, un écorché d’après Fragonard, un lit une place avec baldaquin en fer, une grande et belle photo de Brigitte Bardot et deux fauteuils qui portent encore l’empreinte du corps de  Serge Gainsbourg… Charlotte nous invite ensuite à prendre le couloir extérieur: on découvre le vaste salon sous une autre perspective et son Steinway demi-queue. Il avait seul le droit d’en jouer.

Dans toute la maison, il y a des articles sous verre, une table basse avec les 45 tours de jeunes chanteuses: France Gall, François Hardy… pour lesquelles il avait composé une chanson et ses Disques d’Or… Charlotte révèle que toute la famille devait écouter religieusement ses nouveaux enregistrements et ses passages à la télévision. Dans la petite cuisine où il mangeait toujours avec la même fourchette, trône un vieux téléviseur et son décodeur Canal +.
Au premier étage, un placard avec quelques vêtements (il mettait presque chaque jour les mêmes: Repetto blanches, vestes à rayures, jeans délavés). Le tout soigneusement plié, ou posé sur des cintres.
Puis l’ancienne chambre de Jane Birkin, dite « Chambre des poupées » après leur séparation, le bureau de Serge Gainsbourg avec ses livres et sa machine à écrire, la salle de bains et sa chambre. Charlotte parle du premier souvenir qui lui vient à l’esprit: la découverte- elle avait dix-neuf ans- de son père, mort sur le côté gauche du lit à épais dessus en velours noir, cigarette à la main. Elle nous livre de nombreux pans de son intimité familiale, ce qui rend la visite parfois un peu gênante…
Jane Birkin, elle, s’est envolée quelques semaines avant que cette maison s’ouvre au grand public, un signe du destin! Mais vu la demande, il n’y a pas actuellement de visites possibles avant plusieurs mois…

Jean Couturier

Maison Serge Gainsbourg, 5 bis rue de Verneuil, Paris (VII ème). De nouveaux billets d’entrée pour 2.024  seront mis en vente courant novembre.

Le musée Serge Gainsbourg, 14 rue de Verneuil, lui est ouvert avec un parcours chronologique de quatre-cent cinquante œuvres et une expérience multimédias de cinquante minutes.
Réservation:  www.maisongainsbourg.fr


Archive pour 11 octobre, 2023

Les Nécessaires, texte et mise en scène de Garance Rivoal

Les Nécessaires, texte et mise en scène de Garance Rivoal

par Josic Jégu

par Josic Jégu

Un solo en forme de fable contemporaine. Dans le bureau d’une association qui travaille pour une Préfecture, Diane, une travailleuse sociale est chargée de l’évaluation de l’âge réel des étrangers qui se disent mineurs pour échapper à un refoulement et avoir accès à une aide financière et à un hébergement. Donc à la protection de l’Etat français.
«J’aime mon métier, dit-elle, j’aime mon métier, je crois en son utilité et je crois que chaque jour, je fais du mieux que je peux pour aider. »
Diane est précise et pleine de bonne volonté, mais a du mal à trouver une cohérence entre l’obligation qui lui est faite par ses supérieurs de préparer un dossier social exact et son intention de faire le maximum pour faciliter la vie de ces laissés pour compte en état de grande précarité.
Même si comme elle essaye en vain de le faire comprendre à un de des interlocuteurs, elle n’a aucun pouvoir décisionnaire pour l’aider efficacement. Même en cas d’urgence quand il faut trouver un lit pour la nuit. Donc elle est coincée et aurait tendance à ne pas indiquer l’âge réel, puisqu’on lui demande un quota de plus en plus serré. Une situation ingérable…
Elle va même à frôler le mélange des genres, quand elle accueille chez elle une jeune migrant. Ce que lui reprochera vertement sa directrice. Retournement de situation : c’est elle maintenant qui se retrouvera évaluée voire jugée. Comment tout faire alors pour que son travail ne participe pas au système d’une société qui refuse ou du moins d’accueillir dignement les migrants de pays pauvres et qui demandent l’aide de la France. Et dur retour de manivelle, Diane sera elle encore  jugée par des conseillers administratifs quand elle voudra adopter un enfant…

Sur cette petite scène, un bureau avec une lampe et une chaise où est assise Diane (Alice May) face à ses interlocuteurs bien présents mais en voix off que nous nous ne verrons donc  jamais. Cela fonctionne plutôt bien: l’actrice a une présence indéniable et une belle gestuelle pendant ces soixante-dix minutes. Mais on se demande bien pourquoi elle a un micro H.F.  ( sans raison dans cette si petite salle!) C’était la première, donc soyons indulgent mais il faudrait que Garance Rivoal lui fasse travailler de toute urgence une diction plus qu’approximative ! Et qu’elle-même revoit aussi sa mise en scène. Il n’y aucune raison pour que la jeune accessoiriste déménage le bureau de place toutes les cinq minutes : cela cause un brouillage visuel qui nuit au texte…

A ces réserves près, la pièce est proche d’un bon théâtre documentaire avec un texte inspiré d’un article d’Arnaud Aubry et Karine le Loët. Garance Rivoal a travaillé bénévolement un mois au Centre d’accueil et d’Evaluation des situations à Nanterre, une structure qui dépend de la Préfecture, donc de l’Etat. Elle sait donc de quoi elle parle et cela se sent aussitôt dans la vérité des dialogues. Les Nécessaires sans aucune esbrouffe et loin du prétentieux Welfare de Julie Deliquet sur le même thème: le traitement de l’exclusion sociale (voir Le Théâtre du Blog), mérite d’être vu.

Philippe du Vignal

Théâtre de Belleville, 11 passage Piver, Paris (XI ème). T. : 01 48 06 72 34.

Les 9 et 10 novembre, Théâtre Claude Chabrol, Angers (Maine-et Loire).

 

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