La Note, texte et mise en scène d’Audrey Schebat
La Note, texte et mise en scène d’Audrey Schebat
Ce théâtre historique, anciennement salle Choiseul, a pris le nom de Bouffes-Parisiens en 1856, quand Jacques Offenbach le dirigeait. Dans les escaliers et couloirs qui mènent à la salle, des photos en noir et blanc de Sophie Marceau et François Berléand en répétition, témoignent d’une belle complicité entre eux. Et cela se confirme sur le plateau.
Ici une comédienne chante à l’avant-scène, un air du célèbre Orphée aux enfers de l’ancien maître des lieux. Après les trois coups, le rideau rouge se lève! Le public n’a aucun mal à s’identifier au couple que forme Julien, un célèbre psychanalyste et Maud, une pianiste mondialement reconnue. Bien interprétés par François Berléand et Sophie Marceau, revenue à la scène après douze ans d’absence.
Bref, un mariage presque idéal selon les critères de la bourgeoisie. Mais il y a un vers dans le fruit de ce couple harmonieux qui a deux grands fils: Julien pour des raisons personnelles… (et légitimes?) veut se pendre. Il est dans le salon la corde au cou, quand elle revient de Berlin, sans doute plus tôt que prévu et va donc sauver Julien.«On n’a pas réussi, dit-il, à faire de nous autre chose, que ce que on est. (….) Pour être vainqueur, il faut être vaincu.» Il faut toujours se méfier des psychanalystes qui s’ennuient dans la vie… Un métier de société nantie.
Ils vont faire un bilan de leur vie avec une certaine mélancolie mais aussi avec humour: tous deux, la cinquantaine, ils ont conscience de l’usure de leur couple et elle, de son désir: « Tout le monde attend, dit Maud, que sa vie commence avant qu’elle se termine ». Et il lui répond: « J’ai voulu me donner la mort, mais pas me prendre la vie ».
Quelque chose perturbe aussi Maud. Pourquoi avant de vouloir commettre son geste fatal, son mari n’avait-il pas au moins laissé un mot d’adieu pour expliquer sa volonté de suicide. C’est le socle de cette comédie douce-amère, teintée de nostalgie… Maud et Julien se retrouveront-ils ou se quitteront-ils?
Unité de temps, d’action et de lieu: on retrouve ici tous les codes des pièces de boulevard, avec, entre autres, le téléphone, unique lien de Julien avec ses patients et la sonnerie de la porte d’entrée qui sont aussi des personnages.
Audrey Schebat n’a pas la volonté de changer le monde mais sa pièce (qui n’a rien d’exceptionnel, comme sa mise en scène) se laisse écouter… Cette petite musique de nuit a quelque chose de rassurant en ces temps difficiles.
Jean Couturier
Jusqu’au 31 décembre,Les Bouffes-Parisiens, 4 rue Monsigny, Paris (II ème). T. : 01 86 47 72 43.