Pauline et Carton, d’après les textes de Pauline Carton, adaptation de Virginie Berling, Christine Murillo et Charles Tordjman, mise en scène de Charles Tordjman

lr19094309to108957-scaled-tt-width-600-height-340-crop-0-bgcolor-000000 Pauline & Carton, d’après les textes de Pauline Carton, adaptation de Virginie Berling, Christine Murillo et Charles Tordjman, mise en scène de Charles Tordjman

Christine Murillo traverse la salle pour gagner la scène où une petite table  et une chaise l’attendent. Elle va commencer à se raconter, en feignant des trous de mémoire et devient Pauline Carton au soir de sa vie…  Cette actrice, chanteuse et autrice (1884-1974) joua surtout les rôles de concierges, soubrettes ou mégères, au cinéma comme au théâtre. A la ville, il en allait tout autrement.

«Une voix de canard, un nez en pomme de terre et le goût des rôles ancillaires.» se définit-elle dans Les Théâtres de Carton (1938). D’après ses écrits*, Christine Murillo est Pauline Carton et nous balade avec malice entre les mots de celle qui fut le témoin d’un demi-siècle de vie culturelle parisienne,  et ses commentaires à elle…

«Quand j’étais jeune, disait Pauline Carton, j’avais le visage lisse et des robes plissées, maintenant, c’est le contraire.»  Christine Murillo a le don de restituer sa verve caustique quand elle évoque et imite des acteurs comme Michel Simon et Bourvil ou l’écrivain Jean Cocteau. Elle raconte le passage du cinéma muet, au parlant, les tournées théâtrales et la précarité des acteurs de second rôle… Un bel hommage à tous ces disparus connus ou ceux restés anonymes.

Il y a une pointe d’émotion quand elle nous parle de son grand ami Sacha Guitry ou du poète suisse Jean Violette, l’unique amour de sa vie. Toujours avec lui en août à Genève Pauline Carton refusait de jouer à ce moment-là: «En août, je ne tourne pas. Je fais l’amour. »

Sait-on aujourd’hui qu’elle a écrit Sous les Palétuviers, un tube repris depuis par nombre d’artistes, dont Julien Clerc? Christine Murillo interprète plusieurs de ses chansons, entre autres, J’ai un faible pour les forts, avec toute la gouaille de Pauline Carton qui l’enregistra en 1972… Irrésistible! Elle nous fait aussi partager l’autodérision de celle qui donna son corps à la faculté de médecine, en précisant : «Je ne peux pas dire que je ferai un beau cadeau aux étudiants. J’ai même pensé à me faire tatouer autour du cou: « Tant pis pour vous ! »

 Une table, une chaise, un carton d’où elle tire quelques accessoires : il faut trois fois rien à Christine Murillo pour redonner vie à cette femme à l’esprit frondeur et libertaire. Visage expressif, regard malicieux, elle nous communique son plaisir de jouer, entre rire et émotion. Pauline & Carton est un petit bijou et fait… un carton ! Une bouffée d’air frais.

Christine Murillo partage avec son personnage le sens du comique. Elle a écrit Gazettes de coulisses. Elle a coécrit et joué pour notre plus grand plaisir avec Jean-Claude Legay et Grégoire Oestermann, Le Baleinié ou Dictionnaire des tracas et la suite** décliné en trois spectacles : Xu: objet bien rangé mais où ,Oxu: objet qu’on vient de retrouver et qu’on reperd aussitôt , Ogzu: urne dont on ne sait pas quoi faire, une fois les cendres dispersées… (voir Le Théâtre du Blog). On la retrouvera dans La Mouche de Christian Hecq et Valérie Lesort en février prochain.

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 17 décembre, le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h 30. La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T.: 01 40 03 44 30.

 * Les Théâtres de Carton, Librairie académique Perrin, réédition J’ai lu (1947). Histoires de cinéma, de Pauline Carton éditions du Scorpion (1958).

** Le Baleinié ou Dictionnaire des tracas, éditions du Seuil (2003).

 

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