Soudain, l’été dernier de Tennessee Williams, traduction d’Adonis Galéos, mise en scène de Lilly Melemé

Soudain, l’été dernier de Tennessee Williams, traduction d’Adonis Galéos, mise en scène de Lilly Melemé 

Le monde du grand écrivain américain (1914-1983), ce sont avant tout ces hommes et ces femmes qui, au-delà ou en deçà de la psychologie traditionnelle, se désirent et se haïssent parfois sans le savoir et toujours sans le vouloir. Ils s’entre-déchirent dans une atmosphère élégante et tragique où, sous le raffinement, rôde la sauvagerie.
En costumes d’un blanc immaculé, les corps transpirent, les glaçons tintent dans les verres d’alcool qui fait des ravages. Des personnages simples comme des héros des westerns ou de grandes tragédies vivent dans un climat lourd d’avant l’orage, comme un signe de leur destin.  Les odeurs entêtantes s’entremêlent avec les cris stridents des oiseaux de proie ou ceux des enfants, rappelant que le monde est une jungle. Il y a aussi la musiques nostalgique d’airs de jazz jouée sur de vieux pianos qu’on entend dans le lointain.

 

© Patroklos Skafidas

© Patroklos Skafidas

Tennessee Williams ici convoque les thèmes qui lui sont chers comme la vieillesse,  la beauté des femmes, la folie et son cortège diabolique sous un soleil blanc  incandescent… Cela donne un charme salé mais insupportable à ce Suddenly, Last Summer (1958).
Dans un jardin tropical vénéneux et inquiétant, la richissime Mrs Venable essaye d’en convaincre le jeune et beau docteur Coukrowicz (sucre en polonais): sa nièce Catherine est  responsable de la mort de Sébastien, son fils unique et adoré qui est mort dans des circonstances étranges l’été dernier. La sentence exigée par la vieille dame est terrible: faire subir une lobotomie à Catherine pour qu’elle cesse ses insupportables ragots!
Mais où est la vérité ? Sébastien, dont l’appétit n’était jamais satisfait, sera littéralement dévoré par des enfants maigres, affamés et acharnés comme des oiseaux. Les hommes, comme les femmes, sont victimes de cette solitude fondamentale qui est notre lot à tous, « condamnés à la réclusion solitaire à l’intérieur de notre propre peau. » Le «lyrisme personnel » est le cri d’un prisonnier dans la cellule où il est comme nous enfermé pour la durée de ses jours.
D’abord m
ise en scène par Karolos Koun en 1959, cette pièce riche de possibles interprétations fait souvent l’objet de réalisations en Grèce. Celle-ci  est simple mais pauvre en idées et Lilly Melemé n’arrive pas à avoir une nouvelle approche de ce texte fabuleux. Et même si on l’entend clairement, tout reste à la surface…
La metteuse en scène souligne la dépendance de chacun des personnages à Madame Venable qui les manipule pour cacher la vérité… Son fauteuil au centre de la scène, indique bien que cette femme est très autoritaire mais les grandes idées, le conflit, les paradoxes et les contrastes, les refoulés et sous-entendus, bref toute la poétique magique et obscure de la partition de Tennessee Williams passent inaperçus. Et même s’il y a de bons moments, le compte n’y est pas. Dommage…

Nektarios-Georgios Konstantinidis 

 Théâtre Akadimos, 17 rue Ippokratous, Athènes, T. : 0030 2103625119.

 

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