Quartiers de femmes, texte de Zazon Castro, mise en scène de Mohamed Bourouissa
Quartiers de femmes, texte de Zazon Castro, mise en scène de Mohamed Bourouissa
Mohamed Bourouissa (quarante-cinq ans) vit et travaille à Gennevilliers. Son beau travail de photographe a été exposé dans de nombreuses expositions personnelles, entre autres, au musée d’art moderne de la ville de Paris, au Centre Georges Pompidou de Paris, à la fondation Barnes à Philadelphie, au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au Basis à Francfort-sur-le-Main…
« Mohamed Bourouissa est notre voisin, dit Daniel Jeanneteau, le directeur du T2 G. Un hasard et une chance. Il connaît mieux la ville que nous et depuis que nous l’avons rencontré, nous rêvons avec lui de tout ce que nous pourrions faire ensemble à Gennevilliers, dans notre quartier et dans la ville autour. Nous avons décidé de travailler ensemble, au gré des rencontres que nous avons faites avec lui durant trois années. »
Quartiers de femmes est sa première création scénique et la prison est un des thèmes de son travail d’artiste. Comme souvent au théâtre en ce moment . Les quelque 3.000 femmes -70.000 hommes- sont enfermées dans onze établissements situés surtout dans le Nord de la France. Cela limite les visites et les proches des familles habitant le Sud! Dans des conditions de vie correctes mais comme l’ont bien montré un documentaire d’Arte et Dominique Simmonot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, il y a un manque des travailleurs sociaux dans l’administration pénitentiaire, ces femmes de tout âge sont les oubliées du système carcéral français et il y a un risque réel de perte d’identité. Même quand le médecin pour les aider, distribue le Lexomil et devient en fait le « dealer officiel » comme le souligne ironiquement Zazon Castro. Et quand ces femmes travaillent (en général à de l’emballage de produits ), le salaire mensuel est de 4 € de l’heure ! Et les chances de véritable réinsertion sont minimes…
Ici, Zazon Castro raconte le parcours d’une jeune femme qui traverse l’expérience de la prison, avec de graves difficultés psychologiques et financières mais aussi de petites joies, des amours cachées. Elle va rencontrer d’autres jeunes prisonnières: elles aussi ne sont pas des anges et ont été condamnées à de longues peines mais, coupées de l’extérieur, elle sont fragiles.
À partir d’ateliers menés dans un centre pénitentiaire, Mohamed Bourouissa met en scène ce solo interprété par Lou-Adriana Bouziouane.
Sur le grand plateau, une caisse dans le fond, un fauteuil en plastique gris où elle s’assied rarement et un micro sur pied. Ce genre de monologue sans décor ni accessoire, plus ou moins comique sur des moments de vie personnelle (stand-up en anglais) ne date pas d’hier et Georges Feydeau avait écrit Les Réformes il y a plus d’un siècle…
Dès qu’elle entre sur le plateau, Lou-Adriana Bouziouane s’impose vite : elle a une remarquable présence et une gestuelle précise efficace. Malheureusement, la direction de Mohamed Bourouissa manque beaucoup trop de la rigueur indispensable et la jeune actrice a souvent une diction des plus approximatives, boule son texte, marche en parlant, s’adresse aux spectateurs du côté cour, tant pis pour ceux du côté jardin. Donc on entend trop mal le texte.
Et le metteur en scène aurait pu nous épargner ce nuage de fumigène, le maudit stéréotype actuel… C’était la première représentation -et la première réalisation scénique de Mohamed Bourouissa- mais bref, il y a encore du travail en perspective et ce spectacle en une heure nous a laissé sur notre faim.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 23 octobre, T2 G, 41 avenue des Grésillons, Gennevilliers (Seine-Saint-Denis). T. : 01 41 32 26 26.