Au cœur de la Maison du Geste et de l’Image

Au cœur de la Maison du Geste et de l’Image 

« Une maison pour l’éducation par l’art », dit Marie Stutz, sa directrice. Derrière une grande baie vitrée, rue Saint-Denis, face à la Fontaine des Innocents donc au centre historique de Paris, s’ouvrent, sur trois étages, de vastes espaces dédiés au tournage et montage de films, des studios de photographie, un petit théâtre et des salles de répétition…. En 2024, cette Maison créée par la Ville de Paris, fêtera ses quarante ans. loin d’avoir vieilli, elle dispose  d’un parc de matériel très récent que lui envieraient bien des professionnels. Elle a multiplié ses partenariats avec des théâtres, des musées et surtout de nombreux établissements scolaires parisiens ou de Seine-Saint-Denis, de la maternelle à la terminale.

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tournage stage de Toussaint © Sagradini_

Visite guidée dans les 1.600 m2 de cette ruche qui reçoit 4.000 enfants par an: plusieurs salles de montage numérique avec ordinateurs aux logiciels performants, deux grands plateaux de tournage pour le cinéma et aussi des bancs-titres. Une chambre noire pour le tirage de photos argentiques, une régie pour la salle de théâtre et un studio d’enregistrement sonore, tout aussi bien équipés.

De quoi créer avec les jeunes, images, sons et spectacles encadrés par des vidéastes, photographes, metteurs en scène, chorégraphes, scénaristes et auteurs de théâtre (127 intervenants cette année pour plus de 5.000 heures d’atelier). Avec une grande qualité de travail.
Ces pratiques artistiques dans le temps scolaire, périscolaire ou hors cadre visent à fédérer l’énergie des enfants et à croiser les disciplines. Quand les artistes interviennent en lien avec l’école, les parcours sont faits sur mesure avec les enseignants et impliquent des médiateurs en théâtre, image et son… Ils participent  à un objectif commun et à une pratique collective. «J’ai rarement vu des endroits où des élèves d’une classe pouvaient ensemble être aussi eux-mêmes, dit un collégien. Nous apprenons de nouvelles choses, en nous soutenant les uns les autres. »

  »C’est une aventure permanente, dit l’auteur Sylvain Levey. Pas de recette: tout le monde s’autorise à créer. Je ne suis pas un pédagogue, je viens parce que j’ai un projet où je les fais entrer. » Il cite l’exemple d’un texte en gestation qu’il leur a proposé C’est moi qu’ai cramé le poubelle et qui est devenu un spectacle dont il a tiré un roman La Fête à venir. «J’ai autant appris des ados, que les ados ont appris de moi », dit aussi Stéphane Schoukroun, metteur en scène et acteur.
Puis rendez-vous sur la scène de la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs voisine, dans la Canopée du forum des Halles (voir
Le Théâtre du Blog) pour la clôture du stage Printemps d’automne avec un spectacle à partir d’un texte écrit pour les adolescents.

Tout ça tout ça de Gwendoline Soublin, atelier dirigé par Chantal Pétillot, metteuse en scène,Mario Sagradini, réalisateur et Ania Winkler, photographe

Après vingt heures d’atelier, trois groupes de douze à seize ans sont en scène pour montrer leur réalisation devant un public de parents et amis. L’atelier-théâtre a travaillé choralement sur cette fable d’inspiration écologique. Ehsan, douze ans, a disparu. Un petit mot sur son lit où il explique son angoisse devant le récits des catastrophes à la radio et à la télévision. Le jeune garçon refuse un monde où la banquise fond, où les ours blancs vivent dans les hypermarchés et où les terroristes mitraillent. Quatre enfants s’inquiètent de sa disparition et persuadés qu’ils se cache dans le bunker du jardin, cherchent à le convaincre d’en sortir.

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Tout ça pour ça -© Winkler

Les jeunes se partagent le texte à tour de rôle ou ensemble et s’adressent à celui qu’on verra seulement en images. Photos et films prennent le relais de la mise en scène. Des cyanotypes évoquent avec leur tonalité bleutée les abysses où se cacherait le fugueur. Un montage vidéo à deux écrans superposés le montre enfoui sous le terrain de football où ses camarades jouent au ballon. Dans une belle scène, chaque enfant s’adresse à un Ehsan invisible et lui offre un peu d’humanité: musique, confidences, cri d’amour, jusqu’à un enterrement cocasse de poissons surgelés.

L’écriture de Gwendoline Soublin avec ses dialogues serrés est bien adaptée à ce traitement. La diction est parfois inégale mais la gestion de l’espace et la chorégraphie des corps sont très maîtrisées. La recherche musicale et visuelle infusent une esthétique de l’étrange. Pari gagné : ce spectacle est soigné avec une mise en commun des potentiels artistiques de chacun mais c’est aussi une réponse poétique et amusante au monde anxiogène où baignent les enfants.

Mireille Davidovici

Maison du Geste et de l’Image, 42, rue Saint-Denis, Paris (Ier). T. : 01 42 36 33 52 . contact@mgi-paris.org

M.P.A.A. La Canopée, Forum des halles, Paris (Ier) T.:  01 85 53 02 10 .

Tout ça tout ça est publié aux éditions Espace 34-Théâtre jeunesse.

Prochains rendez-vous: Hauts-parleurs donne la parole à la jeunesse. Deux restitutions/performances à la M.G.I. et dans un autre lieu à définir : Sorbonne, Théâtre 14 ou Quartier Jeunes, les 13 et 16 mars.
Et si mon corps était un arbre, un projet-danse relié à l’écologie pour se reconnecter au vivant.  Pour quatre classes de quatre établissements, de la primaire au collège. Restitutions publiques en avril.
La Fête des écritures théâtrales pour la jeunesse : lectures, écritures et mises en scène avec des auteurs, le 1er juin
Et Objectif photos avec la Maison européenne de la photographie dans le cadre du label L’Art pour grandir.  Des enfants de soixante centres de loisirs parisiens rencontreront un photographe et mèneront réflexion et une pratique artistique avec lui . Exposition en juin à la M. G.I.

 Cartes blanches aux artistes : inpour invités pour une soirée à occuper la Maison. le 21 décembre, Anne-Frédérique Bourget de la compagnie Maskantête ; le 24 janvier,  Karin Palmieri de la compagnie Terre à chemins; le 29 février, Harry Bracho  et le 27 juin,Théo Harfoush.

 

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