Midi-Minuit de Stéphanie Vicat, d’après une idée originale de Julie Roux, interprétation et mise en scène de Julie Roux

Midi-Minuit de Stéphanie Vicat, idée originale, interprétation et mise en scène de Julie Roux

Rien à voir avec Midi-minuit, un film des années soixante-dix de Pierre Philippe, avec Daniel Emilfork. Ici un petit buffet, un porte-manteaux et surtout un grand lit en cuivre, avec, à côté, un couffin où est censé dormir un bébé.
Cela s’appelle l’alcoolisme, une jeune femme Johanna, après une rupture, raconte sa vie malgré un épuisement permanent. Elle boit chez elle, comme chez ses parents ou chez les copains. Tout le temps et tous les jours.

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« Est-ce que je bois trop ? » Ce serait la bonne question à se poser mais Johanna a le plus grand mal à le faire. Elle n’est plus lucide et n’a pas une exacte perception de l’enfer qui la guette. Elle lutte pourtant mais a bien du mal à respecter les horaires de la crèche, à s’astreindre à une vie «normale» comme tous ceux et celles soumis à cette drogue implacable. En milieu urbain comme dans les campagnes: nous avons connu deux pauvres êtres qui vivaient seuls et qui tournaient, l’un bûcheron et vendeur de bois à quatorze pastis par jour! Et l’autre, incapable de travailler vraiment à huit litres de médiocre vin rouge…

Le texte a été écrit d’après des témoignages d’alcooliques, anciens alcooliques et spécialistes de cette pathologie pas facile à guérir et dont on sort rarement indemne, même si cela arrive. «Fiction ? Réalité ? Temps présent ? Comment savoir ? dit l’autrice. Peut-être faudra-t-il à Johanna avoir bu tout ce qu’elle était, tout ce qu’elle avait pour qu’émergent peu à peu la conscience et le goût de la vie. » Oui, mais ce n’est pas avec de bonnes intentions qu’on fait du bon théâtre, et il faudrait une véritable écriture qui manque cruellement à ce monologue finalement assez peu crédible !

Ici, avec des voix off, Julie Roux interprète ce solo de personnage d’alcoolique paumée. Elle a une belle présence mais elle a choisi de se mettre en scène et là, on reste sur sa faim. Malgré la scénographie précise d’Aurélie Lemaignen, la création lumière de Thomas Rizzotti et la création sonore de Romain Su, ce Midi-Minuit peine à décoller.
Pas sûr comme disent (un peu naïvement?) disent Julie Roux et Stéphanie Vicat, que ce seule en scène féminin, un modèle économique qui fleurit partout (le troisième pour nous dans la semaine!) soit le bon. « Un choix nous est apparu comme une évidence au fil de nos recherches. Parce que de tous les témoignages que nous avons entendus, l’idée de solitude s’est imposée de manière flagrante: solitude de celle qui boit dans le désert d’une vie affective, mais aussi solitude de celle qui boit au sein d’une famille, parmi les collègues et amis. Cette femme-là ne subit pas seulement le poids de l’addiction, mais celui de le cacher. La honte, le secret deviennent alors des facteurs de solitude plus pesants encore que la dépendance elle-même. »

Solitude et solo: même étymologie… mais il y a ici un syllogisme théâtral dans ce premier texte de Stéphanie Vicat et «les éléments de la vie de Johanna qui s’écroulent comme des dominos» ne font pas d’emblée même un monologue.  Et la note d’intention est un brin prétentieuse : «Dans notre écriture, ces moments sans paroles ne seront pas simple illustration mais moteur dramaturgique, au même titre que les scènes parlées. » Ce qui ne se voit pas sur le plateau et ce  Midi-Minuit avec des dialogues souvent en stichomythie et proche d’un théâtre documentaire mais sans l’être, reste peu convaincant… Et Julie Roux, pourtant sortie du Conservatoire National, a souvent une diction approximative et boule son texte… Enfin, au moins pour un soir, nous avons échappé aux micros H.F., aux fumigènes et au son électronique de batterie! Mais rien à faire, le compte n’y est pas, et vous pourrez vous épargner ce solo.

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 19 novembre, Théâtre des Quartiers d’Ivry-Centre Dramatique National du Val-de-Marne, La Manufacture des Oeillets, 1 rue Raspail, Ivry-sur-Seine. T. :  01 43 90 49 49.

Saison culturelle de la ville de Gueugnon (Saône-et-Loire), le 26 avril.

Les 14 et 15 mai, Espace des Arts-Scène Nationale de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

 

 

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