GrandreporTERRE #8 Mémoire pour l’égalité contre le racisme, conception de Lucie Berelowitsch et Rokhaya Diallo
Nous allons partir avec elle et la metteuse en scène sur les traces de ces mouvements en France: « Qui se souvient, dit-elle, de la marche pour l’égalité et contre le racisme »? Thème du premier documentaire de la journaliste sur un événement né il y quarante ans après de rudes affrontements au quartier des Minguettes à Vénissieux (Rhône), puis sur le meurtre raciste d’un enfant de treize ans à Marseille.
De Marseille, ils partirent à dix-sept, dont neuf issus des Minguettes. A Paris, le 3 décembre, la marche qui a été accueillie partout avec bienveillance, s’achève par un défilé réunissant plus de 100.000 personnes.
Une délégation rencontre le président de la République François Mitterrand qui promet alors une carte de séjour et de travail valable dix ans une loi contre les crimes racistes, et un projet sur le vote des étrangers aux élections locales…. Une époque où le groupe de raï lyonnais Carte de Séjour chantait ironiquement Douce France/ Cher pays de mon enfance…
Le mal profond de la société française s’exprime autrement. Pourquoi ?
Lucie Berelowitsch et Rokhaya Diallo nous parleront aussi de la fameuse intersectionnalité, un concept popularisé par l’activiste afro-américaine Kimberlé Crenshaw, et désignant les formes croisées de domination, oppression et discrimination selon le genre, la race, la couleur, la religion, la sexualité …..
Un montage ironique d’extraits d’émissions télévisées montre le « manruppting », une pratique masculine: couper la parole aux femmes, en raison de leur genre. Nous voyons clairement des hommes interrompre Rokhaya Diallo, avec mépris et balayer ses arguments sans même l’écouter… On assiste aussi à l’enregistrement d’un podcast intitulé SDDR, clin d’œil à l’article premier de la Constitution française: «sans distinction d’origine de race ou de religion ».
Enfin, une arrivée-surprise: Toumi Djaidja va recadrer le spectacle. « Bonjour, la France de toutes les couleurs » avait lancé à dix-neuf ans, ce fils de harki en tête de la marche des beurs pour l’égalité et contre le racisme. Il avait initié cette action après avoir survécu à des blessures infligées par la police: « Il ne faut pas confondre la justice avec le vengeance. « Et à propos des récentes émeutes: «La haine déconstruit, la non-violence déconcerte, désactive la violence. »
Quarante ans après, son message n’a pas changé: «Il faut continuer à marcher, une marche pour l’égalité pour tous, celle de la France que je chéris.» Pour conclure, un entretien filmé avec Angela Davis mené par Rokhya Diallo, il y a trois ans: «La négritude, dit la militante américaine, c’est se battre pour la liberté de tous. »
Avec ce Grand ReporTERRE, Lucie Berelowitsch, Rokhaya Diallo et Cindy Pooch réinterrogent avec humour et sensibilité les dominations et discriminations à la veille des nouvelles lois sur l’immigration. Ces artistes engagées nous rapellent ces mots du grand auteur nigérian Chinua Achebe, : «Tant que les lions n’auront pas leur propre histoire,cl’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur. »
Mireille Davidovici
Spectacle vu le 8 novembre, Théâtre du Point du Jour, 7 rue des Aqueducs, Lyon (Vème). T. : 04 78 25 27 59.
Prochain Grand ReporTERRE : les 15 et 16 février.