Woman of the year livret de Peter Stone, chansons de Fred Ebb, musique de John Kander, direction musicale et arrangements de Gérard Lecointe, mise en scène de Jean Lacornerie

Woman of the year,  livret de Peter Stone et chansons de Fred Ebb, musique de John Kander, direction musicale de Gérard Lecointe, mise en scène de Jean Lacornerie

WomanOfTheYear_JeanLacornerie

© Blandine Soulage

Ce chef d’orchestre et ce metteur en scène bien connus à Lyon font revivre cette comédie musicale new-yorkaise qui obtint en 1981 quatre Tony Awards: une adaptation du film éponyme par John Kander et Fred Ebb, auteurs à succès de Broadway à qui on doit entre autres, la musique et les paroles de Cabaret, la célèbre comédie musicale dont  Joe Masteroff a écrit le livret qu’il a adapté d’I Am a Camera, une pièce de John Van Druten, elle-même inspirée par Berlin Stories de Christopher Isherwood.

Dans le long métrage réalisé par George Stevens en 1942, Katharine Hepburn incarnait Tess Harding, une journaliste vedette du petit écran séduisant un simple chroniqueur sportif (Spencer Tracy)… A Broadway, Lauren Bacall tenait le rôle-titre dans une version remise par leurs auteurs dans le contexte des années 80. Tess Harding déterminée, riche et célèbre, va recevoir le prix de La Femme de l’année décerné par une ligue féministe. Mais, à son grand désespoir, Sam, son mari, un dessinateur de presse talentueux mais qui vivote, l’a quittée. Bref, un couple d’amoureux  mal assorti dont cette comédie retrace le coup de foudre, le mariage, puis les désaccords…

Bruno de Lavenère a conçu une petite scène de cabaret qui devient, pour les différents tableaux, un écran où se déroule la matinale de Tess Harding, Early Birds,  un bar, The Inkpot Saloon où se réunissent Sam et ses collègues dessinateurs, l’appartement de Tess… Et en parallèle des aventures du couple, sont aussi projetées des planches de B.D. de l’époque… Et les péripéties de Kat‘z et Tessie Cat dans une publication satirique de Sam. Ici, les images animées réalisées par Etienne Guiol deviennent les doubles des acteurs.

 Ludmilla Dabo que l’on avait vu remarquable dans Portrait de Ludmilla en Nina Simone et Une femme se déplace de David Lescot fait ici une entrée éblouissante. Elle s’empare du personnage de Tess avec grâce et vigueur et tient la scène pendant deux heures, face à Jacques Verzier jouant un Sam fragile mais pince-sans-rire, comme le chat de son cartoon.
Leur premier duo amoureux I love you montre déjà que l’entente entre eux sera difficile. Quentin Gibelin incarne et chante plusieurs personnages masculins avec une drôlerie irrésistible. Dalia Constantin adapte son jeu et sa voix aux autres rôles de femme, avec une remarquable performance vocale en épouse au foyer, opposée à Tess dans That’s Wonderfull. Une merveilleuse chanson comme la plupart des quatorze airs de cette comédie musicale.

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© Blandine soulage

Et dans It Isn’t Working, un numéro virtuose chanté en chœur ou I’m Right/She’s wrong interprété par Ludmilla Dabo et Quentin Gibelin, on apprécie la diversité des lignes instrumentales. 

Gérard Lecointe a réduit la partition de John Kander pour un quatuor, en partant de l’orchestration initiale conçue pour un ensemble symphonique. Sébastien Jaudon ( piano) Arthur Verdet ( piano et glockenspiel) Jérémy Daillet (percussions) Luce Perret (trompette-bugle) font sonner cette musique colorée et virevoltante. Les musiciens, également acteurs, quittent leurs instruments pour jouer la confrérie des dessinateurs au Inkpot Saloon. Ils commentent parfois l’action par de petites notes affutée.

Jean Lacornerie dit avoir été séduit par cette pièce, jamais montée depuis sa création, sans doute à cause de l’image imprimée par Lauren Bacall. Sa mise en scène, stylée et dynamique, appuyée par la chorégraphie millimétrée de Raphaël Cottin pose un regard un peu ironique sur cette histoire d’amour grâce à l’intervention de la BD. Woman of the year remet gentiment en cause les rapport homme/femme en inversant habilement les rôles. Mais il ne faut pas attendre des auteurs américains des années quatre-vingt à un féminisme radical. Le livret pose la question des rapports de pouvoir dans le couple mais apporte une réponse ambigüe en montrant que c’est à la femme de faire des concessions… Et pou Tess Harding, cela ne sera pas facile.

Ce spectacle déjà bien huilé en ce soir de première devrait séduire les amateurs de comédie musicale et de théâtre de divertissement. Gérard Lecointe, directeur du théâtre de la Renaissance laissera sa place en janvier à Hugo Frison. Après West Side Story (2011), Bells are ringing (2013), The Pajama Game (2019), cette nouvelle collaboration avec Jean Lacornerie, ancien patron du théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, a été longuement applaudie par le public.

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 2 décembre au Théâtre de la Renaissance, 7 rue Orsel, Oullins, Lyon-Métropole. T. : 04 72 39 74 91.
Les 13 et 14 décembre, Château Rouge, Annemasse (Haute-Savoie); les 20 et 21 décembre, Le Grand R-Scène Nationale de La Roche-sur-Yon (Vendée)

Les 10 et 11 janvier, Maison de la Culture de Bourges (Cher) ; le 30 janvier. Le Rive Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine Maritime) .

Le 3 février ACB-Scène Nationale de Bar-le-Duc (Meuse) ; les 7 et 8 février L’Azimut Antony Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

Les 19 et 20 mars, Théâtre de Saint Nazaire-Scène Nationale (Loire-Atlantique).

 

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