Chapter 3: The Brutal Journey of the Heart chorégraphie de Sharon Eyal et Gai Behar

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© Stefan Dotter for Dior

 

Créée en 2019, cette pièce est la dernière d’une trilogie : OCD Love (2016) et Love Chapter 2 (2017) consacrée à l’exploration du sentiment amoureux. Ici, les battements de cœur rythment le corps collectif de la L-E-V Dance Company. Nous retrouvons avec plaisir le vocabulaire si particulier de Sharon Eyel et Gai Behar qu’ils ont décliné ensuite dans Into the Hairy et dernièrement Jakie avec le Nederlands Dans Theater (voir le Théâtre du Blog)

 Les sublimes costumes en tissu imprimé avec un grand cœur rouge, conçus par la styliste Maria Grazia Chiuri (Christian Dior Couture), sculptent les anatomies des interprètes, tous exceptionnels. Parés de cette seconde peau, Keren Lurie Pardes, Darren Devaney, Alice Godfrey, Guido Dutilh, Johnny McMillan, Juan Gil, Nitzan Ressler et Frida Dam Seidel dansent avec ardeur, épousant de manière quasi organique la musique électronique de DJ Ori Lichtik avec parfois des élans latino ou disco : autant de respirations dans cette plongée brutale au vif des émois amoureux…

La chorégraphe exige un engagement extrême et une tension intense pour traduire physiquement des états émotionnels. La tribu se défait et se recompose en un mouvement perpétuel: échappées en duos sensuels, petits pas de côté vers la liberté..  Puis les danseurs s’agglutinent en un tout organique. Leurs bras et jambes semblent être des tentacules se déployant et se rétractant. Les lumières d’Alon Cohen traduisent toutes les couleurs de l’amour: rouge de la passion, vert spectral du dépit, clairs-obscurs de la mélancolie…

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© Stefan Dotter for Dior

 Sharon Eyal cite volontiers Little Life de l’autrice américaine Hanya Yanagihara : «Les choses se cassent et parfois se réparent. Et vous réalisez que la vie se réorganise pour compenser votre perte, parfois à merveille.» Ici, les corps érigés comme des flèches et oscillant sur la pointe des pieds, les torses cambrés à l’extrême et les petits gestes allusifs des mains constituent sa signature : «Je travaille à l’instinct, dit-elle, je mets la peau de mon âme à nu.» Et les artistes suivent ses indications: « silence, sécheresse, peur, intégrité, secret, nostalgie, noir, lune, eau, odeur, démon, froideur, couleur… »

Issue de la Batsheva Dance Company où elle a été danseuse, puis chorégraphe et directrice artistique associée, Sharon Eyal a développé un style minimaliste avec techniques gaga d’Ohad Naharin et bases classiques, avec aussi un penchant pour le «groove» et l’«underground clubbing culture». Un monde d’où vient Gai Behar qui a créé avec elle, en 2015, leur compagnie L-E-V, maintenant installée en France. Il faut aller la découvrir. Sharon Eyal et Gai Behar sont  aussi artistes-invités de grands ballets.
La chorégraphe, née à Jérusalem, se dit aujourd’hui le cœur brisé par la guerre que mène son pays: on peut l’entendre dans cette pièce exigeant du public et des artistes, une grande concentration.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 5 décembre dans le cadre de Fréquence Danse, au Cent-Quatre, 5 rue Curial, Paris (XIX ème). T. : 01 53 35 50 00.

Les 2 et 3 février, Comédie de Genève (Suisse); le 8 février, L’Onde, Vélizy-Villacoublay (Yvelines); le 20 février, Théâtre de l’Arsenal, Val-de-Reuil (Eure).

Love Chapter 2 , du 21 au 23 mars, Théâtre du Rond-Point, Paris ( VIII ème) 

Into the Hairy, les 9 et 10 avril, Comédie de Clermont-Ferrand. Du 12 au 14 avril, avec Chaillot-Théâtre national de la Danse, à la Grande Halle de la Villette, Paris (XIX ème).

 

 

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