Relative Calm, chorégraphie de Lucinda Childs, mise en scène et scénographie de Robert Wilson

Relative Calm, chorégraphie de Lucinda Childs, mise en scène et scénographie de Robert Wilson

 En 1981, cinq ans après leur mémorable opéra Einstein on the Beach, musique de Philip Glass, Robert Wilson et Lucinda Childs se retrouvaient pour créer Relative Calm. Ils en présentent aujourd’hui une nouvelle version en trois actes mais avec juste la première partie: Rise. Entre  post-moderne danse et hommage aux Ballets russes, Lucinda Childs vient meubler les interludes avec des extraits des Cahiers de Nijinski.

Rise porte la marque si particulière de la chorégraphe: douze danseurs s’élancent dans l’espace, en formation géométrique qui se divise en groupes et sous-groupes, selon de savantes combinatoires. Leur gestuelle mécanique sculpte les corps: bras en balancier, hanches souples, ils se plient, se cambrent souvent sur demi-pointe. La partition rhapsodique de Jon Gibson, compositeur américain de musique minimaliste disparu il y a trois ans, est implacable, comme leurs pas comptés et les entraîne dans un mouvement perpétuel.

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Sur Pulcinella (Suite) d’Igor Stravinski, la deuxième partie, Knee play 2, tranche avec la fougue initiale. La chorégraphie prend alors un caractère hiératique avec les costumes rouge ou blanc ou noir de Tiziana Barbaranellin qui font penser à ceux des fameux Ballets Russes. Une danseuse et deux danseurs interprètent une sorte de rituel de cour, suspendent leurs mouvements, figés sous les lumières rasantes et les contre-jours. Ces personnages étranges et solennels seront bousculés par un chœur joyeux virevoltant sur des pas de danse populaire.

Nous retrouvons avec bonheur la grammaire de Lucinda Childs dans le dernier tableau Lumière sur l’eau, reprise de l’emblématique Available Light (1983), où la troupe se rassemble sur la musique répétitive de John Adams.
Agnese Trippa, Giovanni Marino, Irene Venuta, Sara Mignani, Nicolò Troiano, Asia Fabbri, Mariagrazia Avvenire, Mariantonietta Mango, Giulia Maria De Marzi, Xhoaki Hoxha, Cristian Cianciulli et Gerardo Pastore tournoient de plus en plus vite en un mouvement fluide et fascinant, à la mesure de cette partition hypnotique.

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Robert Wilson, magicien de la lumière, travaille sur l’espace-temps du plateau. «Mon travail porte sur le structure, dit-il, et a donc une dimension architecturale.»  Des tubes fluo rouge ou blanc encadrent le sol et sur un écran en fond de scène, apparaissent, au rythme de la musique, des figures géométriques.
Pour Rise, des traits, noir sur blanc ou blanc sur noir,verticaux, horizontaux et en diagonale, créent des effets d’optique avec des cercles rouges,concentriques ou des spirales infinies accompagnant les mouvements circulaires de Lumière sur l’eau. Et des yeux, allusion aux dessins obsessionnels de Vaslav Nijinski qui, sombrant dans la folie, n’a pu danser Pulcinella, créé par Leonid Massine en 1920.

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Les interprètes de la MP3 Dance project, dirigés par Michele Pogliani, ancien danseur de la compagnie new yorkaise de Lucinda Childs, se donnent à fond. Les figures empruntées au vocabulaire classique mais avec des trajectoires changeantes, happent le regard. Mais dommage, cette magie cinétique est interrompue par des intermèdes statiques et un peu hors-sol -même quand ils sont joués par une Lucinda Childs au mieux de sa forme- devant les images d’un léopard qui bondit au ralenti, puis d’un troupeau de buffles qui charge.
Relative Calm nous fait revivre les années mythiques mais pas si calmes que ça… de la danse contemporaine outre-Atlantique.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 3 décembre, Chaillot-Théâtre national de la Danse à La Villette, 211 avenue Jean-Jaurès, Paris (XlX ème). T. : 01 40 03 75 75.

 

 

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